Il était une fois la guerre, Estelle Tharreau (Taurnada, 11/2022)
💓💓💓💓
C’est la
première fois que je lis un roman qui m’ouvre autant les yeux sur le stress
post- traumatique, mais surtout sur le quotidien de nos militaires envoyés en
zone de conflit. Estelle Tharreau réussit ici à faire côtoyer son lecteur et
son héros, Sébastien Braqui, aussi bien sur le champ de bataille en Afrique
que dans ses tentatives de réinsertion civile en France, auprès d’une famille
dépassée par les conditions de travail du militaire.
« Le privilège des vaincus : chassés par les vainqueurs
et honnis par leurs propres compatriotes. » Cette phrase m’a marquée. Comment peut- on détester ceux qui
ont osé défendre nos valeurs ? Et puis, à la lecture du roman, j’ai
compris cet engrenage malaisant.
« Le soldat Braqui a 40 ans. Il en a déjà tellement vu
qu'il n'a pas peur. Il est simplement amer et usé d'être jeté en pâture, d'être
montré du doigt, d'être honni par tous ceux qui ne savent rien des sacrifices
et des cauchemars qu'il a endurés pour eux. » Quatre fois. On a envoyé Sébastien Braqui quatre fois en
territoire Shonga. Pour qu’il y conduise des camions, mais aussi pour qu’il
élimine toute personne (armée ou pas) s’opposant à l’avancement de son convoi.
« A cet instant jaillit une image qu'il avait cru
oubliée depuis toutes ces années : celle du petit Momar. Comme une répétition
de l'histoire. Celle de ce visage scarifié par une larme. Comme une
malédiction. » Sébastien a eu une
faiblesse : il a craqué devant les yeux suppliants d’un gamin abandonné et
affamé, qui avait cru voir en lui l’opportunité de survivre. Une faiblesse qui
va le suivre durant toute sa vie et affecter Sébastien au plus profond de son
âme.
« Sous les yeux de Sébastien se déroulaient des scènes
de vie étranges : des supermarchés d'où sortaient des chariots pleins
d'abondance, des rues où des gens ne fuyaient pas, des enfants armés de
cartables. Il se sentait étranger à ce monde qu'il avait pourtant connu toute
sa vie. » Sébastien ne parvient plus à
reprendre une vie normale lors de ses permissions. Le psy ? L’institution
militaire se révèle incapable de lui en trouver un. Un emploi de
réinsertion ? On lui donne une liste d’employeurs « partenaires » ;
mais ceux- ci sont méfiants envers ces militaires critiqués depuis leur retour
en métropole. Les amis ? Aussi brisés que lui. La famille ? Elle a
fui.
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