Emilyn Carlisle – Le masque de lune, Eva de Kerlan (Inceptio, 09/2022)
Halloween ;
et si on lisait du fantastique, histoire de frissonner avec des légendes issues
de lieux passéistes et reculés dans lesquels auraient évolué sorcières et
démons ? C’est chose faite, en temps et en heure, avec le dernier roman
d’Eva de Kerlan : cap sur la Russie, à la recherche de la mystérieuse
propriétaire d’un pendentif au charme inexpliqué.
« Je
frémis. Quelque part, je crois, j'ai peur de découvrir ce qui est réellement
arrivé à la personne qui possédait ce bijou. Peut- être serait- il plus simple
- plus facile - de rester sur la croyance d'un incendie ?
Peut- être... peut- être pas... »
1998. France.
Emilyn est une jeune fille qui se destine à des études d’archéologie. Elle a la
chance de trouver un stage qui va l’amèner en Russie, terre sur laquelle ses
parents, globe-trotters ayant fait le tour du monde avec elle, ne l’avaient
étrangement jamais emmenée. Alors que sa tutrice la fait travailler sur des
restes humains calcinés retrouvés sur un chantier ; Emilyn tombe sur un
bijou retrouvé dans le même site de fouille et se sent irrémédiablement attirée
par ce pendentif. Elle va trouver les arguments qu’il faut pour que l’équipe
dans laquelle elle intervient programme rapidement un voyage en Russie, et plus
précisément, une fouille en république des Komis, afin de pouvoir y participer.
« Le
hurlement me fait sursauter. J'ouvre la bouche pour me justifier. Ils ne m'en
laissent pas le temps. Un déferlement de haine explose le silence en un
milliard de grains de poussière. Les cris se superposent, les accusations
s'enchaînent, les pleurs se multiplient. Les injures m'atteignent, me blessent.
J'en retiens l'essentiel : quoi que je dise, quoi que je fasse, je suis
coupable à leurs yeux.
Coupable d'être différente. Coupable de ne pas avoir grandi ici. Coupable de
tous leurs malheurs et espoirs déçus. »
1921. Russie,
terre reculée des Komis dont Roman, le mari de Nastya, est le propriétaire. La
colère monte chez les paysans car un mystérieux champignon dévaste les cultures,
entraînant la mort du bétail mais aussi des habitants les plus faibles, touchés
par la famine. Il leur faut un coupable et Nastya, l’étrangère, est rapidement
désignée.
Au final, un
récit très bien écrit, avec du vocabulaire et des tournures de phrase élaborés.
On sent que l’auteure maîtrise le sujet et se passionne pour l’Histoire des lieux.
La double temporalité est habilement utilisée pour maintenir un suspens
tangible. Par contre, personnellement, j’ai trouvé quelques longueurs dans les
passages où nos deux héroïnes parcourent la forêt bordant le manoir de Zelenyy,
et je suis restée sur ma faim quant à l’explication de quelques phénomènes surnaturels.
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