115, Benoît Séverac (La Manufacture de livres, 2017)
★★★★★
Le « 115 », c’est le numéro du Samu social ; celui que l’on
compose lorsqu’on perçoit une personne en difficulté dans la rue, que ce soit
pour un toit, un repas, des soins… Les bénévoles qui y travaillent, vous vous
en doutez, en voient de toutes les couleurs. Benoît Séverac a choisi d’y
implanter l’intrigue de ce roman policier.
Lors d’une descente de police dans un camp de Gitans, à Toulouse, Nathalie
Decrest, chef de groupe dans un commissariat de quartier, découvre deux Albanaises,
et le petit garçon de l’une d’elle, cachés dans un container. Ces femmes
tentaient d’échapper à leur proxénète.
Ce jour-là, comme la perquisition concernait les combats de coqs, une
vétérinaire rencontrée dans une précédente affaire, Sergine Hollard, assiste à
l’étrange découverte. Profondément empathique, celle-ci va vouloir suivre l’affaire
de près, touchée par le petit garçon, malade, complètement perdu dans cette
foule de « grands » qui crient dans une langue inconnue : « Ce gamin, dont le prénom lui échappe encore, comme si son inconscient
refusait de le retenir, il l'a regardée droit dans les yeux ; et ses yeux lui
ont dit qu'il ne la croyait pas. »
Par ailleurs, Sergine est en train de mettre en place un
projet sanitaire : ouvrir un dispensaire vétérinaire gratuit pour soigner
les animaux des sans-abris. De fil en aiguille, les deux histoires vont s’entremêler,
découvrant la violence qui ponctue le quotidien des laissés-pour-compte, qu’ils
soient exploités dans des réseaux de prostitution ou mis au ban de la société.
Au final, il s’agit d’un roman policier captivant tout en
étant très sensible. On sent l’empathie de l’auteur pour ces personnes au grand
cœur qui œuvrent nuit et jour pour apporter un peu de douceur dans l’univers
cruel de la grande précarité. Les deux femmes qui mènent l’enquête, chacune à
sa manière, sont des personnages très aboutis psychologiquement parlant, et on ne
doute pas un seul moment qu’elles puissent exister dans la réalité ! J’en
espérais pouvoir les rencontrer… peut-être dans un autre opus de papier ?
Aucun
doute : auteur à suivre !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.