mardi 24 août 2021

Une soupe à la grenade, Marsha Mehran (Picquier, 08/2021)


 

Une soupe à la grenade, Marsha Mehran (Picquier, 08/2021)

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Ce roman est une véritable friandise que j’ai pris grand plaisir à savourer ! Les couleurs vives de la couverture et la grenade du titre sont déjà une invitation à la gourmandise, mais c’est la plume de l’auteure qui s’est révélée être un pur régal. Pourtant, le destin de nos trois héroïnes, des sœurs ayant fui l’Iran au moment de la révolution islamiste, n’a rien eu de joyeux au départ, et les trois jeunes femmes comptent sur leur exil dans le petit village irlandais de Ballinocroagh pour enfin trouver le bonheur et la sérénité.

 

« C'était drôle qu'elle se souvienne de les avoir entendus avant même de les voir, les teintes funèbres de cette tente pour femme qui allait par la suite devenir si courante, même dans les banlieues plus aisées du nord de la capitale. Tchador, tchador. » Ces phrases résonnent terriblement avec l’actualité. Une part de ce récit est éminemment autobiographique et on retrouve un peu de Marsha Mehran dans chacune de ces trois sœurs. Bouleversant.

 

« Bahar et Layla mirent de côté leurs pensées pour examiner le fantastique butin de goûts et de couleurs autour d'elles. La nourriture délicieuse et les pièces douillettes témoignaient vraiment de leurs efforts, un grand exploit réalisé en quelques jours à peine.
Oui, elles avaient fait du chemin. Un long chemin, vraiment. »
Si Marjan est aux fourneaux avec talent, Bahar et Layla sont une aide indispensable au bon fonctionnement du Babylon Café. Les effluves épicés se dégageant de l’établissement vont d’abord dérouter les habitants très conservateurs de Ballinocroagh. Mais ceux qui vont oser en franchir la porte vont rapidement louer les arômes dégagés en bouche par la cuisine iranienne. Le succès naissant du café ne va pas plaire à tous…

« Le maussade baron de la bière grogna et cracha sur le trottoir craquelé au pied de la porte rouge de la boutique. C'était de la sorcellerie pure et simple, point barre. Aucun doute là- dessus. » Thomas McGuire est le patron de plusieurs restaurants et hôtels dans les environs. Il ne va pas supporter que des étrangères viennent piétiner ses plate- bandes… Sa colère va hanter le village.

 

« Le Babylon Café. Les jardins suspendus de Babylone. Cette rangée de devantures, songea-t-elle, ce Main Mall, était désormais leur jardin suspendu, leur petit coin de paradis. » Le parcours de ces trois filles, tellement éprouvant, est délivré au compte- gouttes ; une façon de procéder très pertinente puisqu’il est distillé en parallèle de l’installation de ces Iraniennes, et conduit le lecteur à se sentir solidaire avec leurs déboires, mais également heureux lorsqu’elles réussissent. Bref, des vagues d’émotions diverses m’ont animée durant cette lecture, amplifiée par une plume habile, qui adapte son registre à chaque chapitre, selon le personnage qui y sera abordé. Les recettes qui ponctuent le livre donneront envie à ceux qui aiment cuisiner de les tester. Quel dommage que cette auteure talentueuse ait mystérieusement disparu… A lire absolument !

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