Adélaïde, Greg Hocfell (Elixyria, 06/2022)
Un opus lu quasiment d’une traite, tant j’ai été happée par l’histoire
étrange vécue par le narrateur et la plume délirante de Greg Hocfell ! J’ai
aimé le caractère ambivalent de son héros, déménageur qui s’exprime de manière
familière mais qui pense avec un vocabulaire de littéraire, et qui sait, par
ailleurs, rester pragmatique quand tout autour de lui bascule dans le cauchemar.
« Elle a marché dans l'entrée, elle s'est
pris le pied dans un carton, elle nous a regardés tour à tour en souriant de
plus belle. C'est là qu'il y a eu un déclic pour moi. Un déclic qui arrive
parfois. Un moment de temps où je sais que je ne vais plus regarder une femme
de la même façon. » Notre déménageur se sent subrepticement attiré par la cliente à qui il
installe les meubles, Mathilde, une avocate quadragénaire. Mais il ne se fait guère
d’illusion : que pourrait bien trouver une magistrate, aux goûts de luxe,
d’attirant chez un jeune déménageur roulant en Twingo ?
« Accroupie comme s'accroupissent les démons,
dans les chambres d'enfant, ces éthérés qu'on ne remarque pas tout de suite. Et
qui bondissent sur celui qui les aperçoit. Mathilde va me bondir dessus. C'est
elle. L'éthérée. Avec ce sourire. Qui ne rassure pas. » Et pourtant, l’avocate va bel et bien proposer à
notre personnage principal de revenir le soir même, pour un rendez- vous galant,
et diablement torride…
« Une petite fille me parle avec une voix de
vieille dame qui aurait passé sa vie entière à fumer et à boire. Et je dois
rester zen. Me dire que je ne rêve pas. » Et c’est dans cette grande maison, dans une ambiance
propice à l’apparition de phénomènes surnaturels, que tout bascule dans le
paranormal.
Au final, une novella très plaisante à lire pour
les lecteurs aimant le paranormal, mais sans être farouche par rapport à des
passages estampillés « érotiques ». L’auteur pousse l’onirisme à son
paroxysme ; la confusion entre ce qui appartient au rêve et ce qui s’inscrit
dans la réalité se propage de l’esprit du personnage à celui du lecteur. J’ai
souri grâce aux petites touches d’humour qui allègent la noirceur du récit ;
on reconnaît bien là la patte de Greg Hocfell !
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