Un long, si long après- midi, Inga Vesper (La Martinière, 03/2022)
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Ce roman captivant
commence par ces trois phrases : « Hier, j’ai embrassé mon mari
pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore ». Ces
paroles sont celles de Joyce, une femme au
foyer blanche, riche, vivant à Sunnylakes, dans un quartier résidentiel qui
fait énormément penser à celui de Wisteria lane (« Desperate Housewives »).
Les femmes au foyer s’ennuient derrière
leurs rideaux vichy, et elles lorgnent toutes sur les possessions de leurs
voisines, prêtes à leur planter un couteau dans le dos à la moindre occasion. Alors
quand Joyce disparaît, la police se retrouve avec un véritable sac de nœuds à
dénouer.
« Pourquoi ?
Il jette un œil à son identité. Ruby Wright, vingt- deux ans,
domiciliée au 1467 Trebeck Row, South Central. Noire.
Ah. C'est pour ça. » C’est Ruby, la domestique, noire et pauvre, qui fait le
constat de la disparition de sa patronne. Une mare de sang marque le sol de la
cuisine. La jeune femme est immédiatement soupçonnée de meurtre, et brutalement
arrêtée par la police.
« Juste après leur installation à Santa Monica, Fran a
découvert le Comité des Femmes pour le Progrès local. Elle s'y est rendue
religieusement et sa vie s'est beaucoup améliorée.
Celle de Mick, par contre... » Mick, qui vient d’être muté dans le commissariat du coin
suite à une bavure, se retrouve chargé de l’affaire. Personne ne lui fait
confiance, et pourtant, il apporte un œil neuf, tolérant dans ce coin de Californie
ou la misogynie et le racisme se serrent la main. C’est d’autant plus difficile
pour lui qu’il est en train de recoller les morceaux avec son épouse, Fran, une
féministe en puissance ! Sa confiance en Ruby va être mal vue…
« Il y a de l'espoir dans les heures du matin,
exactement comme il y a du désespoir dans l'après- midi qui s'étire comme du
chewing- gum et pourtant ne mène à rien, une fois occupé par les lessives, le
ménage, le dîner et les enfants qui courent partout et risquent toujours de
tomber dans la piscine. » Joyce, tout
comme Ruby et Mick est un personnage contemplatif, qui observe les couleurs de
la journée qui passe et en ressent des émotions ambivalentes. Un esprit ouvert,
et humain.
Au final, un roman que j’ai vraiment aimé dévorer. Entre « La couleur des femmes » et « Alabama 1963 », un récit féministe, qui s’ancre dans les années 50 pour montrer que quelques avancées ont eu lieu mais que sur certains points, il y a encore des progrès à réaliser ; notamment au niveau de l’avortement, récemment, et honteusement, abrogé aux USA. L’enquête policière est habilement menée, enrichie par un terreau fait de langues de bois, d’idéologies rétrogrades et de jalousie féminine. A lire cet été, pour bronzer intelligemment !
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