lundi 18 juillet 2022

Un long, si long après- midi, Inga Vesper (La Martinière, 03/2022)



 Un long, si long après- midi, Inga Vesper (La Martinière, 03/2022)

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Ce roman captivant commence par ces trois phrases : « Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore ». Ces paroles sont celles de Joyce, une femme au foyer blanche, riche, vivant à Sunnylakes, dans un quartier résidentiel qui fait énormément penser à celui de Wisteria lane (« Desperate Housewives »).  Les femmes au foyer s’ennuient derrière leurs rideaux vichy, et elles lorgnent toutes sur les possessions de leurs voisines, prêtes à leur planter un couteau dans le dos à la moindre occasion. Alors quand Joyce disparaît, la police se retrouve avec un véritable sac de nœuds à dénouer.

 

« Pourquoi ?
Il jette un œil à son identité. Ruby Wright, vingt- deux ans, domiciliée au 1467 Trebeck Row, South Central. Noire.
Ah. C'est pour ça. »
C’est Ruby, la domestique, noire et pauvre, qui fait le constat de la disparition de sa patronne. Une mare de sang marque le sol de la cuisine. La jeune femme est immédiatement soupçonnée de meurtre, et brutalement arrêtée par la police.

 

« Juste après leur installation à Santa Monica, Fran a découvert le Comité des Femmes pour le Progrès local. Elle s'y est rendue religieusement et sa vie s'est beaucoup améliorée.
Celle de Mick, par contre... »
Mick, qui vient d’être muté dans le commissariat du coin suite à une bavure, se retrouve chargé de l’affaire. Personne ne lui fait confiance, et pourtant, il apporte un œil neuf, tolérant dans ce coin de Californie ou la misogynie et le racisme se serrent la main. C’est d’autant plus difficile pour lui qu’il est en train de recoller les morceaux avec son épouse, Fran, une féministe en puissance ! Sa confiance en Ruby va être mal vue…

 

« Il y a de l'espoir dans les heures du matin, exactement comme il y a du désespoir dans l'après- midi qui s'étire comme du chewing- gum et pourtant ne mène à rien, une fois occupé par les lessives, le ménage, le dîner et les enfants qui courent partout et risquent toujours de tomber dans la piscine. » Joyce, tout comme Ruby et Mick est un personnage contemplatif, qui observe les couleurs de la journée qui passe et en ressent des émotions ambivalentes. Un esprit ouvert, et humain.

 

Au final, un roman que j’ai vraiment aimé dévorer. Entre « La couleur des femmes » et « Alabama 1963 », un récit féministe, qui s’ancre dans les années 50 pour montrer que quelques avancées ont eu lieu mais que sur certains points, il y a encore des progrès à réaliser ; notamment au niveau de l’avortement, récemment, et honteusement, abrogé aux USA. L’enquête policière est habilement menée, enrichie par un terreau fait de langues de bois, d’idéologies rétrogrades et de jalousie féminine. A lire cet été, pour bronzer intelligemment !

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