lundi 22 septembre 2025

La maison vide, Laurent Mauvignier (Editions de Minuit, 08/2025)


 

La maison vide, Laurent Mauvignier (Editions de Minuit, 08/2025)

💙💙💙

Cap sur la rentrée littéraire, et même, sur la liste du Goncourt, avec Laurent Mauvignier, que je n’avais jusque là jamais lu. Un récit d’auto- fiction surprenant, où j’ai appris que ses ancêtres portaient le nom de Proust alors que le style syntaxique de l’auteur ressemble tellement à celui de notre Marcel éponyme !

« Quelqu'un, dans la famille, avec obstination et résolument, a choisi de tuer Marguerite symboliquement, comme si supprimer les gens des photos c'était les tuer mais surtout affirmer qu'on les tue, signer le geste de tuer en l'exhibant plutôt qu'en essayant de cacher les traces de son crime. » Le postulat de départ réside dans un mystère qui entoure les photos de la famille : pourquoi la tête de Marguerite y est- elle systématiquement coupée ?

« Les mots coulent de sa bouche mais assènent que sans un homme, c'est comme si aucune vie de femme ne valait rien ni ne pouvait rien. Sans les hommes, les femmes sont des ombres errantes et leurs voix se perdent dans la brume. Sans un homme pour lui montrer son chemin, la femme n'est qu'un spectre qui erre à la recherche de son foyer. » Les femmes de la famille sont des piliers, même si leur rôle est minoré. Jeanne- Marie, Marie- Ernestine et Marguerite ont toutes subi une voie qu’elles n’ont jamais pu choisir. Une fatalité à l’origine de bien des malheurs…

« Ce qui m'occupe l'esprit, ici, c'est comment ces histoires qui ont été obstinément tues ont pu traverser l'opacité du silence qu'on a voulu dresser entre elles et moi, pour arriver à se déposer dans ces lignes qui me donnent l'impression de les avoir menées à bon port et de pouvoir m'en libérer. » Le narrateur s’efforce de prendre de la distance, même si ses recherches ont vraisemblablement eu pour objectif de le rassurer sur les raisons qui ont poussé son père à se suicider. Mais cela s’avère difficile quand on est en bas de la lignée.

Au final, un roman de « grande littérature », dans lequel la langue et la syntaxe sont exemplaires. On y trouve des épithètes homériques (« le jeune homme trop gros », « la préposée aux confitures et aux chaussettes reprisées ») pour mimer la recherche des preuves tangibles qui permettront à l’auteur de comprendre ses ancêtres les plus proches. J’ai beaucoup aimé cette qualité d’écriture. Mais les digressions m’ont lassée, les paragraphes interminables et sans dialogue m’ont désintéressée de l’intrigue à plusieurs reprises. Un livre intéressant mais qui aurait dû être plus court pour me conquérir.

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