jeudi 30 octobre 2025

Les Hommes de Shetland, Malachy Tallack (Buchet- Chastel, 08/2025)


 

Les Hommes de Shetland, Malachy Tallack (Buchet- Chastel, 08/2025)

💙💙💙💙

Cap sur les îles Shetland pour cheminer aux côtés de Jack Paton, sexagénaire solitaire fan de country. Le récit se déroule entre deux temporalités, les années 50 – 60 avec Sonny et Kathleen, les parents de Jack, puis l’époque actuelle où ce dernier mène une vie routinière, jusqu’au jour où un chaton sera déposé sur son perron…

« Il y en eut parmi ces hommes qui sentirent dans ce moment lumineux, et dans les heures qui vinrent ensuite, comme une renaissance, comme si la vague les avait décrassés et rejetés de nouveau dans ce monde. » Le roman s’ouvre sur une terrible tempête que doivent affronter Sonny et ses collègues pêcheurs sur un baleinier. Un événement traumatisant qui le fera changer de métier, mais guidera de près ou de loin sa destinée.

« "Bon sang, c'est quoi c'bazar ?" dit Jack, avant de pousser la porte du pied pour la refermer. Il glissa deux doigts sous l'un des rabats et tira, délicatement, pour jeter un œil à l'intérieur, mais c'était trop sombre pour distinguer quoi que ce soit. Il tira plus fort, la boîte s'ouvrit brusquement, et au moment même où son contenu était révélé, l'élément vivant de ce contenu - un chaton noir, avec une unique patte blanche - bondit à toute allure, fila autour de la terrasse à la recherche d'une échappatoire, puis se tapit sous la table. » Un jour, Jack découvre un chaton sur le pas de sa porte. Il pense d’abord à une blague, puis se rend à l’évidence : il ne peut se séparer de cette petite chatte à laquelle il s’est immédiatement attaché. Un animal qui va changer sa vie à un point inimaginable !

« La maison de Jack était pleine à craquer de chansons. » Notre héros a toujours eu l’âme d’un solitaire, d’un être asocial. Pas d’amis, pas d’amoureuse, pas de famille, mais un amour inconditionnel de la musique country. L’auteur offre d’ailleurs tout un catalogue de références à ceux de ses lecteurs qui seraient intéressés.

Au final, un roman touchant (d’autant plus que j’ai eu l’impression de visualiser mon propre père avec son chat !). La double temporalité du récit permet de comprendre la situation de Jack, un personnage auquel on ne peut que s’attacher. Un baume au cœur.

mercredi 29 octobre 2025

Invisible, Jacques Saussey (Fleuve noir, 09/2025)

 


Invisible, Jacques Saussey (Fleuve noir, 09/2025)

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Coup de cœur pour ce thriller captivant et surprenant ! Ce que j’ai parlé à mon livre à défaut de l’auteur ! Entre Loulou, conducteur routier en longues distances et Alice, jeune gendarme qui veut entrer dans la brigade motorisée, il y en a des prises de décision inconsidérées qui vont entraîner bien des retournements de situation !

« Loulou est invisible.
Un camion parmi tant d'autres.
Une ombre sur la route.
Rien de plus. »
Le lecteur le sait d’entrée : le tueur est surnommé Loulou et il profite de son statut de routier à l’étranger pour assouvir ses plus vils instincts. C’est bien connu, les services de police ont du mal à coordonner leurs services d’un pays à un autre : Loulou, lui, en profite à fond !

« Les meurtriers de femmes sont le plus souvent animés par le même vecteur : la haine. La sexualité est utilisée comme une arme par destination afin d'assouvir cette pulsion primaire. Celle qui est le véritable moteur de ce genre de crimes. Celle qui tue. » Alice Pernelle vient prendre son affectation à la gendarmerie d’Albertville. Pour cette motarde aguerrie, c’est l’occasion de profiter des routes sinueuses de montagne pour se spécialiser dans son métier tout en permettant à son esprit de s’évader. Mais quand un féminicide atroce a lieu à une trentaine de kilomètres de son nouveau lieu de résidence, la voilà prête à collaborer avec une étudiante en criminologie afin d’affiner son enquête. Une amitié risquée.

« Tandis que l'inconnue se hâte vers l'établissement en jetant des regards fiévreux derrière elle, il remonte dans sa cabine, le corps rassasié.
Il n'a plus qu'à attendre la prochaine opportunité.
Celle de s'accoupler à ses rêves en rouge. »
Au fil des pages, le lecteur découvre les étapes sanglantes du « plan » suivi par Loulou. Jusqu’où ira-t-il ?

Au final, un thriller terriblement addictif, et qui va vous faire craindre de tomber en panne sur l’autoroute !

dimanche 26 octobre 2025

Fiascorama, Thomas VDB (Buchet Castel, 09/2025)

 



Fiascorama, Thomas VDB (Buchet Castel, 09/2025)

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C’est son passage dans « La Grande Librairie » qui m’a donné envie de lire ce récit hautement autobiographique et hilarant, signé Thomas VDB. Je connais cet humoriste depuis des années, grâce à ses prestations radiographiques (notamment sur France Inter).

« "Etre sympa", ma croix. Je ne le sais pas encore mais je vais porter toute ma vie, comme une sorte de poids, la réputation d'être sympa. Parce que quand les gens disent que t'es sympa, tu te sens obligé de l'être, histoire de valider ta réputation. » La vie de Thomas est ponctuée de nombreux faux pas, liés à son incapacité à dire « non ». Les amis des amis ont souvent tendance à en profiter, et notre humoriste, soucieux de ne pas vexer les autres, accepte souvent tout et n’importe quoi en guise de projet artistique !

« Dans ma tête, je suis Victor Hugo. Mais si on regarde bien, 5h, c'est quand même très tôt, et comme je sais qu'il va falloir que je commence à préparer les enfants à 7h30, j'ai peur qu'en cas d'inspiration, ça me coupe dans mon élan, de devoir faire le petit- déjeuner et de les habiller. » Si Thomas avoue souffrir du syndrome Tsundoku (terme japonais désignant la manie d’accumuler des livres chez soi), il est aussi victime de la page blanche. Soucieux de faire plaisir à son éditrice, mais aussi à son entourage, la rédaction de ce deuxième livre n’aura pas été un voyage tranquille. Et pourtant, ce que l’on rit !

« On me dit souvent : "t'es super humble", mais c'est que je suis trop paresseux pour ambitionner d'être le meilleur, et trop couard pour ne pas avoir peur d'échouer, alors ça me donne des excuses pour ne pas donner le meilleur de moi- même. » La sincérité de cet artiste m’a beaucoup plu. Ses déboires sont touchants car vraiment humaines. Thomas VDB veut paraître naïf alors qu’on découvre qu’il est avant tout empathique, et ne supporte pas de décevoir ou vexer autrui.

Au final, un récit qui m’a fait rire autant qu’il m’a émue. Si jamais Thomas VDB traînait par là et lisait ma chronique, je voudrais le rassurer sur un point : j’ai lu son livre dans le train traversant les Hauts de France, j’ai ri de nombreuses fois, et tous les passagers ont pu voir le titre qui m’amusait autant ! 

vendredi 24 octobre 2025

….. Et avec votre esprit, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2021)


 

….. Et avec votre esprit, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2021)

💔💔


J’ai découvert Alexis Laipsker il y a quelques mois et je me suis donné pour mission de lire tous ses romans avant de me jeter sur son dernier thriller. Voici donc son premier roman policier, qui a la particularité de mener deux enquêtes en parallèles avec un point commun : on s’en prend aux scientifiques français !!!

« Curieusement, ce fut moins la douleur que l'étonnement qui frappa le professeur Toussant lorsqu'il reçut le premier coup. Terrassé par cet objet métallique qui lui avait ouvert ses chairs et fracassé son crâne, il s'effondra sur le carrelage froid du laboratoire de la faculté de chimie. Comme un dernier sarcasme du destin, alors qu'il ne lui restait que quelques instants à vivre, sa chute lui sembla durer une éternité. » D’entrée le lecteur se retrouve confronté à un assassinat « en direct ». Le professeur Toussant est sauvagement assassiné dans son laboratoire Strasbourgeois ; son cerveau est même dérobé ! L’horreur !

« Par conséquent, cela implique qu'il y a eu quelque chose avant et qu'il y aura quelque chose d'après. Quelque chose de si capital que cela justifie e meurtre. Tout cela fait partie d'un plan et s'inscrit dans un ensemble plus grand. Beaucoup plus grand. » Au même moment, à Lyon, Simon, policier de la DGSI, mène l’enquête sur la disparition de plusieurs scientifiques. Qui en veut à nos génies ? Que leur arrive-t-il ? Marion, sa nouvelle collègue, va se charger de le mettre sur des pistes intéressantes.

Au final, un récit qui m’a intéressée pour une bonne moitié du livre, puis j’ai compris très vite – trop vite – le dénouement des enquêtes parallèles. Par ailleurs, les personnages de Simon et de Marion m’ont agacée ; leurs répliques dans les moments de drague m’ont semblé trop stéréotypés, trop attendus. C’est dommage car le début, vraiment, était très bien !

samedi 18 octobre 2025

Quand ils viendront, René Manzor (Calmann Lévy noir, 09/2025)

 


Quand ils viendront, René Manzor (Calmann Lévy noir, 09/2025)

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Cap sur les Etats- Unis pour une époustouflante course poursuite entre un garçon courageux de onze ans et de mystérieux ennemis dont il ignore tout ; si ce n’est qu’ils vont s’en prendre à sa vie et à celle de sa mère.

« Peter s'agrippa à des racines et se hissa tant bien que mal sur la terre ferme.
- "L'important... c'est pas de tomber", bredouilla le garçon essoufflé, "mais... de savoir se relever."
- C'est vrai, Pete. Mais la théorie ne te sauvera pas quand ils viendront. »
Morgan, jadis agent spécial à la C.I.A. entraîne son fils, Peter, depuis deux ans, au tir, à l’endurance, et au combat à mains nues. La raison ? Il est persuadé qu’un jour, « ils viendront » et toute la famille sera en danger. Par qui et pourquoi ? Peter l’ignore.

« La mémoire à court terme est un espace dans lequel le cerveau stocke momentanément des informations. Mais cet espace est limité. D'après la science, on ne peut y stocker que sept items, plus ou moins deux, mais pas plus. Un maître des échecs, lui, n'a besoin que de cinq secondes pour mémoriser la position de trente- deux pièces. » En plus d’un entraînement physique, Peter a bénéficié d’une initiation aux échecs lui permettant de développer des compétences de stratégie et de mémorisation surprenantes.

« Ce sont tes jambes et pas ta bouche qui te rapprochent des gens que tu aimes. Si tu veux vraiment échanger avec eux, lève ton derrière et va voir ton grand- père, tes frères, tes amis. Parle avec eux, touche- les et imprègne- toi de leur odeur et de ce qu’ils ressentent, en lisant leur silence. » Alors que Peter et sa mère trouvent refuge dans une communauté amish, le garçon découvre aux côtés de Lovina une façon de vivre loin de toutes les dernières technologies, mais avec des valeurs qui le touchent profondément.

Au final, une histoire menée tambour battant servie par une écriture cinématographique qui n’exclut pas les émotions. Je me suis attachée à Peter, ce garçon courageux et intelligent qui, sous ses airs déterminés, cache un cœur tendre et généreux. Les rebondissements sont incroyables et l’ancrage dans les réalités géopolitiques actuelles m’a beaucoup plu.  

mardi 14 octobre 2025

La femme du Serial killer, Alice Hunter (L'Archipel, 08/2025)

 


La femme du Serial killer, Alice Hunter (L'Archipel, 08/2025)

💓💓💓💓

La saga « Femme de ménage » a entraîné dans le sillon de son succès tout un tas de textes construits sur le même scenario : un récit qui sert tous les ingrédients pour que le lecteur s’identifie aux personnages quant à la routine de leur quotidien, puis l’arrivée inopinée d’un drame qui va engendrer des retournements de situation à chaque fin de chapitre !

« Notre vie est quasiment parfaite.
Mais la nature est ainsi faite : on en veut toujours plus. Le petit plus auquel on aspire. Il faut croire que la perfection a toujours une légère longueur d'avance. On n'y parvient jamais tout à fait. On atteint rarement son idéal. »
Beth et Tom Hardcastle ont quitté Londres depuis deux ans pour vivre en pleine campagne afin de faire profiter leur petite Poppy de la nature environnante. Tom fait néanmoins chaque jour l’aller- retour jusqu’à la capitale pour son travail, pendant que Beth donne un second souffle au coffee- shop du patelin. Le bonheur ?

« Ils prétendent que j'ai tué Katie Williams.
Dans ce cas, il serait logique que le spectre qui me hante soit le sien. Qu'il veille à ce que je sois puni. A obtenir réparation.
Mais ce fantôme n'est pas le sien. »
Un soir, ce n’est pas Tom qui frappe à la porte, mais un duo de policiers. Beth apprend avec désarroi que son mari adoré est recherché…

« Il faudra bien que je lui fournisse quelques explications. En veillant à lui en dire le moins possible. A moins de lui servir une fable pour éviter de lui avouer que je lui mens depuis des mois. Tout allait si bien. Sans une anicroche. Nous avions l'un et l'autre ce que nous voulions. Ce dont nous avions besoin. » Les pages se tournent et le lecteur découvre que nos deux protagonistes ont bien des secrets à se cacher l’un à l’autre !

Au final, un thriller domestique qui tient toutes ses promesses. Le récit est fluide et facile à lire. Et le lecteur est le seul témoin de la « vérité » de chacun des personnages et ne peut s’empêcher de s’exclamer : « Non !!! Il / Elle ne va pas faire ça !!!! » à chaque fin de chapitre ! Un très bon divertissement !

dimanche 12 octobre 2025

Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel (Harper Collins, 10/2025)

 



Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel (Harper Collins, 10/2025)

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Le bandeau rouge « Ce nouveau roman est un piège » m’a attirée dans ses filets. Oui, je me suis fait piégée : aussitôt acheté, aussitôt lu. Et comme avec « La chambre des merveilles », Julien Sandrel a su bouleverser mon petit cœur…

« Souvent, avant de m'endormir, à l'heure où l'épaisseur du vide se fait palpable, je prie pour que la nuit arrive avec son lot de réminiscences. Mais il n'y a rien d'autre que cette détresse blanche qui s'infiltre sous ma peau. » Rose s’est réveillée dans un hôpital de Bruxelles après un accident de voiture. La jeune femme s’est réveillée amnésique. Tout ce qu’elle sait d’elle réside dans les inscriptions de sa carte d’identité et un mystérieux numéro de téléphone inscrit au stylo bille sur sa hanche…

« J'ai si peur d'être blessée que je préfère partir avant que ma vulnérabilité fissure l'image que je renvoie : celle d'une femme forte, sûre d'elle, de sa liberté et de sa puissance. » Aïda est de son côté stressée par son nouveau job : puéricultrice dans la Maison des femmes de Toulon. Travailler dans ce lieu est tout un symbole pour elle, qui a été profondément blessée dans sa féminité, et qui peine à trouver son équilibre dans ses relations aux autres.

« Ses mots pèsent lourd, mais je suis bien placée pour savoir que certains récits ont besoin d'être entendus pour alléger celui qui les porte. » Et puis il y a Romain, un jeune homme sombre, qui anime un atelier jardinage bénévolement à la Maison des femmes de Toulon, qu’on devine torturé par un passé lourd de drames…

Au final, un récit captivant, construit à la manière d’un thriller, à coups de révélations et de retournements de situations. La lettre écrite en italiques qui s’incère entre certains chapitres, sans qu’on en connaisse l’expéditeur ni le destinataire ajoute une certaine tension à l’intrigue, et il faudra attendre les dernières pages pour en comprendre la portée sur l’ensemble de l’intrigue. Coup de cœur pour ce très beau roman qui narre le parcours de femmes et d’hommes en détresse qui auront la chance de rencontrer de bonnes personnes. Une onde positive qui fait du bien.

samedi 11 octobre 2025

Frappe- toi le cœur, Albin Michel, (08/2017)

 


Frappe- toi le cœur, Albin Michel, (08/2017)

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Je poursuis mon rattrapage des romans d’Amélie Nothomb non lus ; je l’ai boudée, j’avoue, durant plusieurs années. Cet opus met la lumière sur les sentiments éprouvés dans le cadre des relations mères- filles. Comme toujours avec cette auteure, la demi- mesure n’existe pas et ce que ressentent ses personnages n’a aucune nuance : l’amour côtoie la haine et l’admiration se confronte au mépris.

« La destinée ne s'intéressait qu'à Marie et c'était cette exclusion des tiers qui la faisait suprêmement jubiler. Si l'on avait tenté de lui expliquer que l'envers de la jalousie équivalait à de la jalousie et qu'il n'y avait pas de sentiment plus laid, elle eût haussé les épaules. » Marie est née jolie et joue de sa beauté avec délice… jusqu’à ce qu’elle accouche d’une petite fille, que son entourage va louer : la petite Diane est magnifique en plus d’être un bébé adorable. Marie va alors développer une jalousie maladive à l’égard de son nourrisson.

« Son être entier était perclus du plaisir le plus immense. L'odeur de la déesse se propagea à tous ses sens, Diane baigna dans ce parfum d'une suavité ineffable et elle connut l'ivresse la plus intense de l'univers : l'amour. » La petite Diane est une enfant surdouée (comme souvent chez Amélie Nothomb) et elle perçoit très vite, et de façon accrue, le sentiment de rejet qu’elle déclenche chez sa mère. Les câlins sont en effet rarissimes, exceptionnels.

« L'enfer est pavé de bonnes intentions ; semblablement, les intentions les plus mesquines peuvent être à l'origine de joies sincères. » Diane va grandir éloignée de sa mère, et grandir en développant des relations complexes avec les autres femmes qu’elle va rencontrer ; Elisabeth, devenue meilleure amie, Olivia, son enseignante, et Célia, sa petite sœur.

Au final, un roman qui m’a bien plu. Les personnages sont complexes et l’intrigue est construite de manière élaborée, sans trop partir dans des digressions oniriques. Un très bon moment de lecture avec ce cru 2017 qui fait partie de mes préférés de l’auteure.

jeudi 9 octobre 2025

C’était notre maison, Marcus Kliewer (Charleston, 10/2025)


 


C’était notre maison, Marcus Kliewer (Charleston, 10/2025)

💙💙💙💙

Cap sur une nuit d’angoisse ! Alors qu’Eve et Charlie viennent d’acheter une maison à retaper, voilà qu’une famille sonne à la porte et demande à la visiter. En effet, le père de famille, Thomas, y a passé son enfance et alors qu’ils passent devant la demeure, il lui prend l’envie de la faire découvrir à ses enfants.

« Espérait- il qu'elle leur proposerait d'entrer ? C'était bien la dernière chose dont elle avait envie. Sa compagne, Charlie, serait de retour d'une minute à l'autre - l'emploi du temps de leur soirée était déjà fixé : manger les restes de poulet et jouer au "Scrabble bourré". Une famille d'inconnus parcourant la maison cadrait mal avec ce programme. » En voyant la famille sur le palier de sa maison, Eve est prise d’un malaise ; que va penser Charlie, sa compagne au caractère bien trempé ?

« Alison croyait être le jouet de quelque chose dans la maison, ou de la maison elle- même. D'un phénomène qui modifiait peu à peu sa réalité. » Thomas, en visitant la maison dans laquelle il s’est finalement incrusté, raconte l’histoire de sa mystérieuse sœur, qui semble avoir vécu un passé dramatique…

« Essaye juste de...
Qu'elle essaye de faire quoi ? De s'échapper ? De rester calme ? D'empêcher la résurrection de Cthulhu ?
 » Depuis la visite de la famille Faust, Eve se retrouve confrontée à d’étranges phénomènes tous plus terrifiants les uns que les autres. Que se passe-t-il vraiment ?

Au final, un roman qui m’a très vite captivée. Je ressentais l’angoisse grandissante d’Eve au fur et à mesure des pages – et des heures. Les documents insérés entre les chapitres ont semé le doute dans mon esprit, mais aussi quelque peu décrochée du récit au fur et à mesure. Malgré une fin que j’ai trouvée alambiquée, j’ai beaucoup aimé cette lecture qui m’a fait frissonner puis m’a interrogée. 

samedi 4 octobre 2025

Silence, Tome 5, Yoann Vornière (Kana, 07/2025)

 



Silence, Tome 5, Yoann Vornière (Kana, 07/2025)

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Un tome que j’attendais avec impatience ! J’avais hâte de retrouver Lame et de voir ce qui allait arriver à Lune, tout en suivant l’évolution d’Ocelle !

« Comment vaincre un monstre... qu'on ne peut pas toucher ? Il suffit de l'enterrer. » La violence est de mise dans ce tome où les règlements de compte sont légion. Cime est de nouveau impressionnant ; mais détient-il la vérité ?

Au final, j’ai beaucoup aimé ce tome qui nous apporte deux révélations qui laisse présager de nombreux rebondissements par la suite ! Les dessins sont toujours aussi extraordinaires ! Et que dire de cette jaquette brillante exclusive réservée au premier tirage ! Le tome 6, vite !!!


Terres promises, Bénédicte Dupré Latour (Pocket, 08/2025)

 



Terres promises, Bénédicte Dupré Latour (Pocket, 08/2025)

🐎🐎🐎🐎

Cap sur l’Amérique du XIXème siècle, la ruée vers l’or et la Conquête de l’Ouest. Nous y rencontrons une poignée de personnages dont l’histoire, à un moment donné, croisera le parcours de l’un ou de l’autre…

« Eleanor Dwight remontait ses bas reprisés, des bas qui ne connaissaient que la grande salle et le lit, le lit et la grande salle. Elle s'observa dans le petit miroir qu'elle tenait de Wendy Sparrow, sa chère sœur de silence. Elle l'aimait plus encore que son propre sang. Sœur de misère, sœur des mauvais temps. » Le roman s’ouvre avec le personnage d’Eleanor. On découvre sa misérable condition de prostituée au milieu des chercheurs d’or qui dépensent leurs trouvailles aurifères pour quelques instants de douceurs. Les portraits suivants nous permettront de mieux comprendre le parcours de cette pauvre femme.   

« Toi, mes frères, tous ceux qui jouissent d'être des conquérants, vous êtes tous des usurpateurs, des traitres. Mais tu le sais aussi au plus profond : les possessions finissent toujours par nous posséder. Désormais, tu es prisonnier de tes terres. Tu es prisonnier de Mère. Et tu pleures, le visage enfoui dans les robes de Susan. » Ces colonisateurs venus du Vieux continent ont de bien grandes espérances. Mais au milieu d’une nature hostile, les instincts bestiaux réapparaissent. Les premières victimes ? Les femmes. Puis les enfants.

« La vie n'était pas finie, elle ne s'arrêtait pas là, dans ce bourg minuscule, aux ambitions minuscules, où l'on n'avait le choix que du labour ou du bétail. La terre ou la viande, voilà ce qu'offraient les grandes perspectives de ces paysages infiniment plats, où l'horizon se dévidait à perte de vue, comme s'il n'y avait plus rien à découvrir. » Partout sur Terre, le constat est le même : il faut travailler pour pouvoir survivre. Les pépites découvertes ne feront la fortune que de quelques- uns. Les autres se perdront dans l’alcool ou dans des confrontations avec ceux qu’ils qualifient de « sauvages ».

Au final, un roman choral qui donne la parole à divers protagonistes qui sont mis en scène dans le cadre de la Ruée vers l’or. Les hommes sont réduits à leurs instincts les plus bestiaux, et les femmes ne sont plus que des pantins sur lesquels on s’allonge. Une crudité dans les propos, une poésie dans le style et un air de vérité dérangeante qui, cumulés, font qu’on dévore ce roman aux allures de western.