vendredi 19 avril 2024

La Lignée, Aurélie Valognes (Fayard, 02/2024)


 

La Lignée, Aurélie Valognes (Fayard, 02/2024)

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Je ressors très émue de cette lecture particulière. Même si le texte est fictif, il ne ressemble pas à un roman ordinaire, par sa forme épistolaire, et puis par son thème, l’écriture, et plus particulièrement l’écriture au féminin et les bouleversements que cette activité engendre tant dans la sphère familiale que dans le regard de la société, à vingt ans d’écart.

« Lire, ce n'est pas un état d'esprit, c'est un état d'espoir. Une génération qui lit est une génération qui pense, réfléchit, questionne le monde, doute, écoute, veut comprendre, est prête à changer d'avis, respecte les différences, montre de l'empathie et de la sensibilité. » La première lettre est rédigée par Louise, dix ans. Elle s’adresse à son auteure favorite, Madeleine, lui avouant son souhait de devenir elle aussi romancière. L’écrivaine, après avoir connu le succès, vit recluse au bout de la Bretagne, seule avec son chien, son jardin et la mer à ses pieds. Elle va sortir de sa solitude en répondant à chacune des lettres envoyées par Louise, et suivre peu à peu l’émergence de cette nouvelle auteure.  

« Une femme qui lit est une femme dangereuse, une femme qui réfléchit est une femme dangereuse, alors une femme qui écrit... Oui, c'est dangereux. Dangereux parce qu'on ne maîtrise pas la réaction des autres et que cela se répercute dans notre vie. » Le quotidien de Louise va profondément être bouleversé par l’obsession de l’écriture. S’invite alors un regard sur la place des femmes dans le milieu littéraire. Longtemps cachées, « anonymées », elles se retrouvent encore trop souvent assignées aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants. Pour une femme, vouloir écrire à tout prix, c’est encore aujourd’hui au prix de nombreux sacrifices et source de lourds préjugés.

Au final, un récit très bien écrit, cohérent entre les deux univers. Le vécu des deux protagonistes se confronte au regard de leurs vingt années d’écart. Pourquoi est - il encore si compliqué pour une femme d’intégrer l’univers de l’écriture contemporaine ? Outre cette réflexion à deux voix, j’ai été très émue par certains passages. Un coup de cœur pour moi, que je relirai volontiers. 

Le goût des fraises, tome 2, Irono (Kurokawa, 04/2024)



Le goût des fraises, tome 2, Irono (Kurokawa, 04/2024)

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Quel plaisir de retrouver Sara et Minori ! Entre deux récoltes de fraises, leurs sentiments amoureux sont nés et ont doucement évolué mais la différence d’âge entre les deux les retient. S’avoueront-ils enfin leur amour dans ce tome ?

« T'attends quoi au juste ? Il est beau garçon, si tu te dépêches pas, quelqu'un va finir par te passer devant... » Mori, le papy de Sara, hospitalisé dans le tome 1, revient s’occuper de ses serres. Sara peut donc reprendre l’esprit tranquille, le chemin vers la fac. Mais la reprise des études va l’éloigner de son beau Minori, qui, lui, est récoltant de fraises à l’année dans l’entreprise familiale. Mori, qui a vu clair dans son attrait pour Sara, décide de le bousculer un peu…

« Le fait que je risque de te voir encore moins à l'avenir... m'insupporte Sara... » Un jour, Minori prend son courage à deux mains, invite Sara à dîner et lui confie enfin – à moitié – ses sentiments.

Mais voilà que l’auteure décide de nous présenter un autre couple avant de nous révéler si oui ou non, Sara et Minori sont tombés dans les bras l’un de l’autre ! La suite ! Viiiiite !

jeudi 18 avril 2024

The blue flowers and the ceramic flowers, Yuki Kodama (Mangetsu, 02/2024)


 

The blue flowers and the ceramic flowers, Yuki Kodama (Mangetsu, 02/2024)

💙💙💙💙💙

Un second tome qui tient toutes les promesses du précédent ; on y retrouve la délicatesse des traits et la sensibilité des personnages qui œuvrent ensemble dans l’un des ateliers de poterie de la ville de Hasami. Si Aoko, peintre sur céramique, y travaille depuis un petit moment, étant native de la ville, Tatsuki, tourneur, vient d’arriver pour réapprendre les bases de la poterie.

« Tu dis ça... parce que c'est difficile pour toi de sympathiser avec eux... en sachant que tu ne comptes pas rester plus d'un an ? » Aoko est très sociable, et elle ne comprend pas que Tatsuki soit si renfermé, si solitaire. D’autant plus qu’elle a pu voir sur la tablette de celui- ci une photo de lui souriant et heureux.

« Tu es encore plus stupide que je le pensais. » Alors qu’elle tente de percer la carapace de son nouveau collègue, Aoko se prend cette réflexion terriblement humiliante…

« Ce motif est parfait parce que c'est toi qui l'as imaginé, Aoko... » Et puis quelques temps plus tard, dans le cadre d’un concours interne à leur atelier, dans lequel on leur demande de faire équipe, Tatsuki sort ces paroles plus que tendres. Que se passe-t-il ?

Au final, un deuxième tome dans lequel on voit nos deux protagonistes évoluer, et qui laisse le lecteur sur sa faim ! Heureusement que le tome 3 vient tout juste de sortir !

mercredi 17 avril 2024

Into the woods, Amélie C. Astier & F.V. Estyer (Auto- édition, 12/2023)

 



Into the woods, Amélie C. Astier & F.V. Estyer (Auto- édition, 12/2023)

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J’ai adoré l’idée de départ de cette nouvelle ; à savoir le fait que les deux autrices, en tant que bêta- lectrice l’une de l’autre, aient décidé d’unir les personnages de leurs derniers romans, "Deadly Funeral" et "The Beauty of the Beast" au cœur d’un récit écrit à quatre mains !

« Si Baron a déjà eu un aperçu de mon côté aventurier et intrépide, il le vit pleinement depuis que nous avons posé le pied sur le sol américain. C'est assez amusant de voir un homme avec tant de manière que Baron s'adonner à des activités à sensations fortes, lui qui est plutôt adepte de l'Opéra et de la peinture en guise de passe- temps. » Baron et Leighton ont quitté l’Ecosse pour pratiquer l’urbex aux Etats- Unis. Le hasard fait que la maison qu’ils envisagent de visiter est la demeure de Damian et Viktor !

« Grâce à lui, je suis parvenu à dompter la partie la plus vile de moi, à ne pas laisser la bête s'échapper et tout ravager. C'est un effort de chaque instant, de maîtriser ma soif de sang. » Il est vrai que Viktor et Leighton sont tombés amoureux de personnages hors norme, entre le descendant d’un tueur en série et un être bestial maudit !

« C'est étrange comme les gens de la même.. espèce se repèrent. Comme si nos instincts retrouvaient chez l'autre les mêmes sentiments qui nous habitent. » Ces quelques heures passées ensemble vont être l’occasion de révélations… et d’expériences inédites.

Au final, une nouvelle qui nous permet de replonger dans les univers des deux auteures le temps d’une rencontre « clin d’œil » !

L’ombre d’Adeline, H.D. Carlton (Roncière, 03/2024)


 

L’ombre d’Adeline, H.D. Carlton (Roncière, 03/2024)

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Lire ce roman a été une étrange expérience. Les personnages sont très complexes, psychologiquement parlant, et il est difficile d’adhérer à leurs réactions et donc de s’y attacher, voire de s’identifier à l’un ou l’autre. L’intrigue, elle, est foisonnante, car elle prend plusieurs axes : la relation d’Adeline avec son « ombre » (son harceleur, en fait), ses recherches sur l’assassinat mystérieux de son arrière- grand- mère, et les missions de Zad dans le milieu de la pédocriminalité. Une lecture dense, mais envoûtante.

« Avec l'orage qui menace en arrière- plan, le manoir Parsons ressemble à une scène sortie tout droit d'un film d'horreur. J'aspire ma lèvre inférieure entre mes dents, incapable de retenir le sourire qui se forme sur mon visage.
J'adore ça. »
Adeline est une jeune auteure à succès qui a décidé d’emménager dans le manoir ayant appartenu à son arrière – grand- mère, Gigi. Les fantômes qui font grincer les murs de la demeure ne lui font pas peur. Au contraire, elle aime être effrayée. C’en est même pathologique.

« Les cris de douleur qui se répercutent sur les murs de ciment deviennent un tantinet agaçants.
Parfois, ça craint d'être le hackeur ET le tueur à gages. Putain, j'aime vraiment blesser des gens, mais ce soir, je n'ai aucune foutue patience pour ce trou du cul pleurnichard.
Et habituellement, j'ai la patience d'un saint.
 » Zad dirige une société secrète qui démantèle les trafics d’êtres humains. Cet homme imposant et balafré peut facilement passer pour un monstre. La torture est son quotidien. Et pourtant, même s’il semble sorti tout droit des Enfers, il agit pour le bien.

Nos deux protagonistes vont se heurter l’un à l’autre. Avec de telles personnalités, difficile de raconter une romance tendre et douce ! Et c’est assez bluffant de constater que l’auteure réussit tout de même à créer une forme d’entente entre les deux ! Et que dire du retournement de situation final ?! Vivement le tome 2 !