Vers ma fin, Sophie White (Styx - Fleuve édition, 10/2025)
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Je
n’aurais jamais lu ce roman gothique si Séverine, de la chaîne #Ilestbiencelivre,
n’en avait pas parlé avec tant de véhémence, mais aussi de mystère ; en
quoi ce livre est- il si troublant ? Comment une jeune fille peut- elle
vivre isolément avec une mère qu’elle surnomme « la chose du lit » ?
« Après la liberté du sommeil, me voici de retour dans la prison de
la vie. Ce couinement hideux de bête provient de son lit que l'on soulève. De
l'autre côté du mur, les cordes hésitent et coulissent dans la douleur,
centimètre par centimètre, le long de la poutre, sous le plafond de sa chambre. »
Aoileann vit avec sa mère
et sa grand- mère dans une vieille bâtisse en pierres au bout d’une île située
au large de l’Irlande. Les fenêtres sont murées pour que personne ne voit se qu’il
s’y passe. Et pour cause, la mère d’Aoileann est alitée à longueur de journée
et ce sont sa belle- mère et sa fille qui la lavent, la soignent et la
nourrissent. Mais ce n’est pas tout…
« Je suis folle, je porte malheur, je suis maudite, je suis une
traitresse. Mais je ne sais toujours pas pourquoi. » Aoileann n’a jamais
été scolarisée, ni même sociabilisée avec les enfants de l’île. Elle est donc
perçue comme « anormale » et rejetée par toute la communauté,
particulièrement superstitieuse de ce bout de terre battu par les vents.
« Que s'est- il passé après mon arrivée ?
Est- elle malade ?
Guérira- t- elle un jour ?
Comment était-elle ?
Qui l'a transformée ? » La jeune femme découvre, à dix- neuf ans, par le
biais de la venue de Rachel, une jeune mère célibataire qui vient passer un
mois sur l’île en résidence d’artiste, ce qu’est l’amour maternel. Pourquoi n’y
a-t-elle jamais eu droit ?
Au final, un roman à l’atmosphère étouffante et glauque. L’auteure joue avec l’austérité de l’île, ses falaises mortelles et ses rites ancestraux abominables pour enraciner son histoire dans une noirceur naturelle. J’ai grimacé, j’ai été écœurée, mais j’ai aussi flippé !




