mercredi 23 avril 2025

Toutes ses fautes, Andrea Mara (Points, 04/2025)

 


Toutes ses fautes, Andrea Mara (Points, 04/2025)

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Cap sur l’Irlande, dans les beaux quartiers de Dublin, où la disparition d’un petit garçon de quatre ans, Milo, remue toute la communauté. En effet, la kidnappeuse semble être l’une des nounous qui s’occupent des bambins pendant que leurs mères exercent un métier à responsabilités.

« Alors que la femme s'apprêtait à referler la porte, Marissa fut soudain envahie par un malaise. Comme le week-end précédent, lorsqu'elle avait perdu Milo des yeux, au terrain de jeux. Il était là, quelque part, bien sûr, mais elle n'avait pas pu se détendre avant de l'avoir retrouvé. Ce qui avait été le cas quelques secondes plus tard. Et aujourd'hui, il était de nouveau introuvable. » Marissa Irvine se présente, confiante, au 14 Tudor Grove, adresse donnée par Jenny, dont le petit Jacob est dans la même classe que Milo. Cette maman a en effet organisé une après- midi « jeux » à laquelle Milo a été invité. Mais arrivée sur place, Marissa découvre dépitée que Milo n’est pas là. Ni Jacob. Ni Jenny.

« Parce que tu es mon mari et que ce que tu penses compte pour moi, même si ce que je pense ne compte plus beaucoup pour toi, conclut-elle tristement en attrapant les clés sur le comptoir et en franchissant la porte d'entrée. » La disparition du petit Milo entraîne bien des règlements de compte dans les familles qui résident aux alentours… Des rancœurs explosent, alourdies par de profonds secrets.

« Mais rien ne pouvait échapper à la personne qui vivait sous votre toit, à la personne à qui vous confiiez votre enfant. La personne qui passait des heures chez vous en votre absence. La personne qui avait accès à chaque pièce, chaque tiroir, chaque courrier, chaque centimètre carré de votre maison. A chaque cheveu sur la tête de votre enfant. » Cette enquête met en lumière la question de la confiance que l’on accorde à une personne extérieure pour s’occuper de notre maison, et plus important, de nos enfants.

Au final, une histoire très intéressante, aux nombreux rebondissements et à l’issue inattendue. La première partie est toutefois un peu trop longue et languissante, mais la suite et la fin, heureusement, nourrissent de nouveau le suspense. 

samedi 19 avril 2025

Villa Gloria, Serena Giuliano (Robert Laffont, 03/2025)


 

Villa Gloria, Serena Giuliano (Robert Laffont, 03/2025)

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Cap sur l’Italie, grâce à mon rendez- vous annuel avec Serena Giuliano. En effet, je lis cette auteure depuis ses débuts et ne rate jamais la sortie de ses romans. Ce dernier cru nous emmène dans les Pouilles, à la villa Gloria, maison d’hôtes tenue par Iris, et sa propre mère, qui a donné son nom à la demeure. Récit d’une semaine type au cœur de ce lieu atypique.

« Nos clients ont toujours des histoires à raconter. OK, certaines sont chiantes à mourir, alors je les remodèle à ma sauce pour les rendre intéressantes. D'autres en revanche, valent leur pesant d'or et n'ont nullement besoin d'être pimpées. Espérons que cette semaine soit un bon cru ! » Gloria accueille les nouveaux venus avec curiosité ; voilà Gregorio le râleur, Valentina et Bianca, sa filleule marquée par le décès de sa mère, Carla, qui a fait vœu de silence, ainsi que Doria et Eduardo, un couple fusionnel et secret.

« Ma mère est officiellement ma collègue, mais, en réalité, c'est comme si je devais partager les tâches quotidiennes avec un adolescent en pleine crise : impossible de compter sérieusement sur elle. » Le couple mère- fille gérant la villa est aussi atypique que complémentaire. On comprend vite que la fille, Iris, est celle qui mène la barque, alors que la mère, Gloria, vit comme une adolescente, proclamant son désir de liberté et son rejet des responsabilités. Pourtant, sa manière de voir la vie va la mettre en difficulté lorsque des éléments du passé vont réapparaître brutalement.

« Souffrir fragilise, le manque abîme. Et on aura beau se persuader du contraire, on passe notre vie à combler ce trou béant pour éviter d'être englouti. » Jour après jour, les souffrances des vacanciers vont faire écho aux soucis personnels de nos deux hôtes…

Au final, une histoire touchante et dramatique, ponctuée de touches d’humour salvatrices. Serena Giuliano a une nouvelle fois ravi mon cœur et mon esprit. Vivement l’année prochaine !

vendredi 18 avril 2025

Qu’un sang impur, Michaël Mention (Belfond, 03/2025)


 

Qu’un sang impur, Michaël Mention (Belfond, 03/2025)

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Quel kiff ! Je viens de refermer ce roman, dévoré en deux jours, et je suis épatée par les émotions qu’il m’a fait traverser ! Nous sommes ici dans une dystopie qui porte pourtant le goût du déjà vu – déjà vécu, à travers une épidémie mystérieuse touchant en priorité l’Europe. Le lecteur se retrouve emprisonné dans un huis clos situé en banlieue parisienne, dans un immeuble où résident quelques rescapés qui vont s’unir pour survivre.

« Pour l'heure, il se détend en musique, observe la rue, les mollets des passantes dont les chevilles aux contours délicats l'éloignent de ce siècle étrange. Mondialisation. Précarité. Covid. Attentats. Repli communautaire. Jul. Réchauffement climatique. Ukraine et cette guerre qui n'en finit pas. Drôle d'époque où des starlettes du Net vendent l'eau de leur bain 5 000 balles tandis que des agriculteurs crèvent la dalle en bossant 20 heures / 24. » Matt, jeune père de famille, décompresse de sa semaine de travail en sirotant une bière à la terrasse d’un café. Quand tout à coup, les arbres perdent tous leurs feuilles en une seconde. Puis une secousse met tout et tout le monde à terre…

« Des dizaines, des centaines de fuyards qui n'ont plus rien de civilisé. Hommes, femmes, Blancs, Noirs, juifs, musulmans... les clivages qui pourrissaient le monde s’annulent : tous égaux dans le chaos. Les peaux, les peurs se confrontent, fusionnent en un gigantesque bordel. » Mouvements de panique face à des êtres humains devenus des monstres. Une épidémie mystérieuse et la société se divise en deux mondes : infestés et rescapés.

« Au début, la superficie a facilité la cohabitation mais la chaleur, le rationnement et l'abolition de toute intimité ont eu raison du "vivre- ensemble". » Matt et Clem habitent le dernier étage d’un petit immeuble, avec leur fils Téo. Face aux attaques des infestés, ils décident de loger tous les habitants dans leur loft. Mais après l’empathie et l’entraide, l’agacement lié au manque d’intimité va naître…

Au final, une histoire qui plaira aux fans de « The Walking dead » par son côté sensationnaliste. Alors bien sûr, il y a de lourds rappels de la période Covid et ses errements diplomatiques. Il y a aussi probablement trop de passages de digressions socialo- politiques, mais moi, j’ai aimé le suspens lié à l’évolution du virus, et à la chute de masques portés par les protagonistes de l’histoire ! Oui, quel kiff !

jeudi 17 avril 2025

L’empathie racontée aux enfants, Emmanuelle Jasmin (Editions de Mortagne, 05/2024)


 

L’empathie racontée aux enfants, Emmanuelle Jasmin (Editions de Mortagne, 05/2024)

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L’empathie est récemment entrée dans les programmes scolaires de l’école primaire, pour faire face à l’attitude de plus en plus égocentrique de notre société ; laquelle entraîne trop souvent chez nos jeunes indifférence et violence. Emmanuelle Jasmin propose ici des activités concrètes pour mettre en place des ateliers auprès des enfants, que l’on soit enseignant, éducateur ou parent.

« Selon le directeur, la méchanceté des élèves se propage comme de la mauvaise herbe et ça doit cesser. Mais comment l'empêcher de gagner du terrain ? » Le guide ici présent propose des ateliers intéressants à mettre en place ainsi qu’une charte à adapter à chaque situation.

« Au même titre que l'empathie, votre fleur s'épanouira dans un climat dans lequel elle se sent à l'aise. Il lui faut une température clémente, comme quand l'harmonie règne dans la classe, et de la lumière, comme qualités autres font briller vos qualités. » Ici il est proposé aux enfants de prendre en charge une fleur pour prendre en compte la dimension des besoins physiologiques mais aussi émotionnels du vivant qui nous entoure. Une idée efficace et pertinente pour développer les liens entre les enfants quelque soit le lieu de leurs relations.

Au final, un guide vraiment bien construit entre les ateliers proposés, les pages d’auto- observation qui permettent à l’enfant de réfléchir concrètement à son comportement, la partie « Trucs et stratégies » qui propose des pistes pour améliorer nos capacités empathiques, et bien sûr, le dossier adressé aux parents pour accompagner leur enfant dans ce cheminement. Un indispensable.  

Ton dernier souffle, Pétronille Rostagnat (123 poche, 2017)



 Ton dernier souffle, Pétronille Rostagnat (123 poche, 2017)

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C’est ici le deuxième roman de Pétronille Rostagnat ; également la deuxième enquête pour le commandant Alexane Laroche, que j’ai toujours plaisir à retrouver. Alors que celle- ci revient de vacances reposantes en famille, elle est aussitôt appelée à se rendre sur une scène de crime macabre : on vient de découvrir le corps d’une jeune femme enterrée vivante dans le bois de Boulogne.

« Pourquoi suis- je allongée nue sur cette planche, dans l'obscurité la plus totale, sans pouvoir bouger ? » Alors que la brigade criminelle de Paris vient de se saisir de l’enquête et de mener ses premières investigations, une autre femme se retrouve enfermée dans un cercueil fabriqué en bois grossier, enterrée dans un autre bois de la capitale, à peine quatre jours plus tard. Qu’a-t-elle fait pour mériter de mourir de cette manière ignoble ? Alexane et ses hommes sont affolés par la cruauté méthodique de l’assassin et sa capacité à agir sans laisser d’indice.

« S'il lui fallait trouver un point négatif à cette rencontre, elle ne parlerait que de ses mains. En effet, elle avait été étonnée de constater que ses ongles étaient assez sales, comme s'il avait travaillé la terre avant de venir. Pour un homme sortant directement de son travail et habillé en costume, elle avait trouvé ce détail étrange. » Si le lecteur trouve rapidement l’identité du coupable, Pétronille Rostagnat excelle dans la maîtrise du suspense, car on avance dans l’histoire en même temps que les victimes, avec l’envie de crier : « Non ! N’y vas pas ! ». Et cette prévision terrifiante nous accroche jusqu’à la dernière page !

Au final, un très bon deuxième roman qui nous tient en haleine grâce à des personnages charismatiques, un récit ponctué de rebondissements et de retournements de situation, et une écriture déjà addictive