vendredi 14 novembre 2025

Astérix, tome 41 : Astérix en Lusitanie, Uderzo & Goscinny, Fabcaro & Conrad (Hachette, 10/2025)

 



Astérix, tome 41 : Astérix en Lusitanie, Uderzo & Goscinny, Fabcaro & Conrad (Hachette, 10/2025)

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Qu’il est loin le temps où j’ai lu ma dernière BD d’Astérix ! Mais pourquoi ??? En lisant ce dernier opus, j’ai vraiment, vraiment beaucoup rigolé ! Une expérience qui me donne envie de me replonger dans cette saga si bien actualisée !

« Mais voilà que Mavubès est accusé d'avoir voulu empoisonner César avec son Garum ! C'est une aberraçao ! » Quand Boulquiès débarque en Armorique aux côtés du marchand Epéidemaïs, nos irréductibles Gaulois préférés se portent aussitôt volontaires pour aller l’aider : ils ne supportent pas l’injustice !

« Les gens n'ont qu'à manger du sanglier. Ce n'est jamais hors- saison le sanglier, ça pousse toute l'année. » Obélix découvre, avec bien des déconvenues, le régime lusitanien : de la morue à toutes les sauces ! Notre gourmand- gourmet va être déçu du voyage !

« - En plus, ça me fait un grand front...
- Mais non, c'est très populaire ici... Contente- toi d'avoir l'air lusitanien. »
Obélix, décidemment, va être bien malmené dans ce tome… Déguisé, décoiffé, le voilà qui doit se glisser dans la peau d’un Lusitanien ; accent compris !

Au final, beaucoup d’éclats de rire. J’ai toujours eu un faible pour le personnage d’Obélix et là, il tient clairement l’histoire sur ses larges épaules. J’ai beaucoup aimé les liens avec l’actualité de notre pays dans les préoccupations de nos célèbres Gaulois !

jeudi 13 novembre 2025

Le chien arabe, Benoît Séverac (La Manufacture de Livres, 03/2016)

 



Le chien arabe, Benoît Séverac (La Manufacture de Livres, 03/2016)

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Etrange coïncidence qui me fait terminer ce roman traitant du malaise identitaire chez des individus issus de l’immigration le jour où nous célébrons – tristement – le dixième anniversaire de l’attentat du Bataclan, le 13 novembre 2025. Benoît Séverac a plongé dans le cœur des cités de la banlieue toulousaine pour situer son intrigue et permettre à son lecteur de se frotter aux trafics divers et aux travers de ce qui se déroule dans le secret des caves.

« Là, elle dépose le chien à même le sol. Il est visiblement mal en point. Il ne bouge toujours pas et respire difficilement. Il faudrait qu'elle le montre à un vétérinaire le plus vite possible. » La jeune Samia, quinze ans, espionne son frère, caïd de la drogue au cœur de la cité des Faons où ils vivent. Cette adolescente sensible va prendre de gros risques en soustrayant à celui- ci l’un de ses chiens faisant office de mule. L’animal, blessé, est malmené, et Samia, qui n’écoute que son cœur, va appeler la vétérinaire de garde, Sergine Ollard. Une doctoresse qui ne va pas en rester aux explications simplistes de la gamine.

« Noureddine n'a que haine et mépris pour tout ce qui n'est pas lui. Il parle du respect qu'on lui doit à longueur de journée, mais n'en montre pour personne. » Le frère aîné de Samia est craint dans toute la cité des Izards. Il a construit sa réputation à coups d’actes violents et d’intimidations. La Police le garde à l’œil, mais le voyou est plus malin qu’il ne le montre….

« Hamid a beau essayer, il ne parvient pas, à l'instar de son frère aîné, à mépriser et détester tous ceux qu'ils appellent des mécréants : les Arabes occidentalisés et les Français qu'il faut considérer comme responsables de la situation des Beurs, sans exception. Hamid en connaît qui sont bien. » Hamid et Nejib sont deux frères qui pratiquent un islam radical, en secret, influencé par un imam qui leur fait croire à un paradis empli de délices s’ils se sacrifient.

C’est la rencontre de tous ces personnages, aux personnalités et aux desseins différents, qui va servir la trame rondement bien menée de cette enquête documentée intelligemment et toujours actuelle. Le personnage de Sergine est terriblement attachant. Et les revers qu’elle subit m’ont fait bondir ! Une lecture indispensable pour comprendre l’actualité.

dimanche 9 novembre 2025

Run, Blake Crouch (Gallmeister, 10/ 2025)

 



Run, Blake Crouch (Gallmeister, 10/ 2025)

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Je ne connaissais pas cet auteur américain avant que Babelio ne me fasse profiter d’une Masse critique pour le découvrir. Cap sur un univers que l’on peut situer entre « Mad Max » et « La Guerre des mondes » ; deux références cinématographiques volontairement choisies tellement l’écriture de l’auteur m’a permis de visualiser la fuite de Jack et sa famille vers un monde meilleur, et surtout, sûr.

« - Je ne sais pas, mais je ne peux pas l'arrêter, Dee. N'oublie pas que je t'aimais.
Il posa ses mains sur ses épaules nues, elle crut qu'il allait l'embrasser, mais immédiatement après elle fut propulsée à l'autre bout de la pièce. »
Une des premières scènes du roman est surprenante : un homme et une femme ont passé l’après- midi ensemble, dans le dos de leur époux respectif, quand tout à coup, l’amant réagit d’une manière des plus inattendue et violente. Que se passe-t-il ?

« Au début, c'était juste des bribes aux infos, mais ça attirait l'attention. Un meurtre. Un délit de fuite. Les dépêches ont continué à tomber, il y en avait plus chaque jour, des trucs de plus en plus violents, de plus en plus incompréhensibles. Et ça n'arrivait pas qu'ici. Partout dans le pays. » Dee rentre chez elle, auprès de sa famille. Les faits divers ne cessent d’être perpétrés. Seule la radio leur permet de se tenir peu ou prou informés. Quand, un soir, c’est l’adresse de la famille Colclough qui y est annoncée, les parents savent qu’il ne leur reste qu’une chose à faire : fuir, et le plus loin possible.

« Si Jack avait cru à l'enfer, il n'aurait pu imaginer pire que ce chœur de souffrance - des grognements, des geignements, des pleurs, des cris, des personnes mourant bruyamment, d'autres en silence, certaines maudissant leurs meurtriers, d'autres les suppliant de les épargner, ou de les achever, d'autres encore leur demandant simplement pourquoi. » Jack, Dee et leurs deux enfants, Naomi, quinze ans et Cole, sept ans, vont devoir affronter bien des obstacles pour rester ensemble et espérer trouver un endroit sûr où ils ne seront pas abattus par ceux qui semblent être « contaminés » par un désir violent de tuer.

Au final, un récit haletant. On vibre, on frémit pour Jack et sa famille. Il n’y a aucun temps mort et les atrocités se suivent, avec à chaque fois la crainte de voir l’un ou l’autre des membres de la famille subir le pire. L’auteur ne les épargne pas. Il m’a manqué un peu de profondeur dans les actions réalisées par les différents protagonistes de l’histoire pour que ce soit un coup de cœur. Mais je vais très vite lire les autres romans de cet auteur ; celui- ci étant son premier, daté de 2011, et réédité par les éditions Gallmeister en France. 

samedi 8 novembre 2025

La récolte des enfants, Nicolas Verdan (J'ai lu, 03/2025)

 


La récolte des enfants, Nicolas Verdan (J'ai lu, 03/2025)

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J’ai sorti ce roman de ma P.A.L. à l’occasion du challenge du Black november, organisé par Séverine, de la chaîne « Il est bien ce livre ». En effet, la consigne de cette semaine de lecture était de « lire un livre avec le mot « enfant » dans le titre ou avec un enfant sur la couverture ». Je ne m’attendais pas à un tel coup de cœur pour ce roman passé un peu en- dessous des radars littéraires…

« Tenez, prenons le mot turc "devchirmé" qui signifie le "ramassage" ou "la récolte". Dans l'Empire ottoman, jusqu'au début du XIXème siècle, ce mot renvoie à une pratique qui a marqué les populations chrétiennes des Balkans, d'Anatolie, d'Arménie et de Géorgie: le tribut du sang.
Un fonctionnaire ottoman accompagné d'une escorte militaire allait de village en village et ordonnait aux soldats d'emmener les fils aînés et les plus belles filles, les arrachant ainsi à leur famille. »
Evangelos, policier à la retraite, s’engage à rapatrier la voiture de sa fille depuis la Suisse jusqu’en Grèce, où cette dernière a décidé de revenir vivre avec son mari et leur fille. L’occasion pour ce sexagénaire intelligent et cultivé de partager ses réflexions sur l’histoire mouvementée de son pays avec le lecteur. Habituellement, je ne suis pas fan des passages historiques au cœur des romans, mais là, la plume de Nicolas Verdan a su me passionner !

« - Elle est sur Facebook, Instagram et tous ces trucs ?
- Oui, elle poste deux ou trois photos d'elle.
- Des photos ? Quel genre ?
- Elle prend des poses toutes sages dans des lieux de rêve, si tu veux savoir ! En retour, elle reçoit des fringue griffées et des produits de beauté gratuits. »
Le fil conducteur de ce roman réside dans la disparition de Zoï, la petite- fille d’Evangelos. L’adolescente, fan d’une influenceuse sur Instagram, semble avoir disparu suite à une « pseudo » rencontre avec cette dernière…

« Il y a tant de façon de basculer hors de l'enfance, et c'est toujours violent. La perte de l'innocence n'a pas d'âge limite. » Alors qu’Evangelos enquête sur la disparition de Zoï tout en ramenant la Tesla de sa fille en Grèce, les rencontres qu’il va effectuer sur son périple mouvementé vont lui faire prendre conscience de la fragilité de l’enfance. De toutes les enfances.

Au final, un roman qui se dévore grâce à une plume élaborée, cultivée sans jamais se montrer prétentieuse. J’aime toujours apprendre de mes lectures et là, j’ai été servie ! Par ailleurs, le personnage d’Evangelos est terriblement attachant ! J’avais envie de le serrer dans mes bras à la fin de l’histoire ! Un auteur doué que je vais suivre ! 

jeudi 6 novembre 2025

De fièvre et de sang, Cédric Sire (Harper Collins, 01/2024)

 



De fièvre et de sang, Cédric Sire (Harper Collins, 01/2024)

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Halloween, ces monstres, ces esprits torturés… et Cédric Sire ! Qui de mieux que cet auteur pour nous proposer une histoire très bien ficelée flirtant entre roman policier et conte horrifique ? Ici tous les ingrédients de ce fabuleux mélange se côtoient pour nous offrir un récit des plus troublants.

« La bête l'observait de ses petits yeux rouges, brillants, qui semblaient rassembler toute la méchanceté du monde, et dans lequel elle reconnut l'étincelle de folie qui avait brûlé dans le regard de Roman Salaville. » Alexandre Vauvert, de Toulouse, et Eva Svärta, de Paris, vont s’allier pour mener une enquête des plus troublantes : les frères Salaville ont massacré une bonne dizaine de jeunes filles. Une fois sur place, en plus des malfrats, il faudra faire face à des loups qui semblent venus tout droit de l’Enfer…

« Mais, toujours, elle se souvenait de la raison qui l'avait poussée à entrer dans la police. Pour exorciser les ténèbres. Ses ténèbres bien à elle.
Elle avait été une jeune fille, elle aussi.
Personne ne lui été venu en aide. »
Eva est une enquêtrice hors norme ; par son apparence – elle est albinos – mais aussi par ses compétences hors normes en tant que profiler. Un passé traumatique lui permet, de plus, d’être empathique avec les victimes.

« - Tu vas devoir verser des larmes. Tu vas devoir supplier. C'est ainsi que le rituel doit se dérouler. C'est la douleur qui les attire. La douleur et les larmes. » En face de nos enquêteurs, bien ancrés dans le réel, vont se trouver des protagonistes et des situations dignes de l’au- delà.

Au final, un roman captivant, tant les personnages sont touchants et parce que les épreuves auxquelles ils sont confrontés, même si elles appartiennent à un univers fantasmagorique, sont visuellement crédibles. Une lecture addictive et marquante ! J’ai hâte de retrouver notre duo d’enquêteurs dans « Le premier sang ».