vendredi 16 septembre 2022

Peindre la pluie en couleur, Aurélie Tramier (Le Livre de Poche, 2020)


 

Peindre la pluie en couleur, Aurélie Tramier (Le Livre de Poche, 2020)

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 Aurélie Tramier a écrit là une bien jolie histoire autour du deuil, de l’amour entre sœurs et de la résilience ; cette faculté de se reconstruire après avoir subi des traumatismes dans le passé. Car oui, c’est bien cela qui empêche Morgane, 35 ans, d’être heureuse : le rejet de la part de sa mère et un événement traumatique qui la conduite à aller se réfugier quelques années à l’autre bout du monde. Alors le quotidien de cette femme ressemble à une journée de pluie sans fin… jusqu’à ce que deux petites touches de couleur viennent iriser sa vie.

 

 « J'ai confiance. Mon Emilie chérie. Quinze ans déjà. Si belle. Si parfaite. Pour toi, j'ai tout donné. Et je prie le ciel pour que tu ne le saches jamais. C'est ce que font les grandes sœurs, non, protéger les petits ? » Morgane a dix- sept ans quand elle prend la décision de partir loin de chez elle, mais aussi, loin de sa sœur adorée. Mais leur complicité perdurera malgré la distance et les années.  

 

« Elle me pétrifiait. Il n'y en avait que pour Emilie, si belle, si parfaite. L'image, l'apparence, ce que les gens allaient penser, voilà ce qui comptait plus que tout. » La préférence d’un enfant de la fratrie aux dépens des autres par l’un des parents est toujours source de souffrance pour ceux- ci, et Morgane en est venue à éviter sa mère, qui clamait trop souvent bien haut sa préférence pour sa cadette et son dédain pour l’aînée. Au point que lorsqu’Emilie décède dans un accident de voiture avec son époux, la grand- mère va remuer ciel et terre pour pouvoir récupérer les enfants d’Emilie, que cette dernière a souhaité confier à Morgane.    

 

« Je pose un baiser sur sa joue et me traîne jusqu'à mon lit, les boyaux retournés, la tête en morceaux, le cœur en friche. Orpheline. Marâtre. Indigne. Coupable. Vouée à l'opprobre. Galeuse. Mais débordant d'un amour violent pour cette petite fille qui dort juste à côté. Et qui n'est pas la mienne.
Je ne savais pas qu'on pouvait aimer comme ça. »
Difficile pour Morgane, qui a toujours vécue seule depuis sa prise d’indépendance, de jouer le rôle de maman d’un garçon de dix ans, Eliott, et d’une fille de six ans, Léa. Désemparés par la disparition subite de leur parents, les difficultés d’adaptation vont dans les deux sens et les habitudes du quotidien vont être sérieusement chamboulées, avant de laisser place à un amour inconditionnel entre les enfants et leur tante.

 

Au final, un roman très touchant sur les relations familiales. On se dit qu’il suffit d’un drame pour que tout vole en éclat, même les secrets les plus enfouis et les rancœurs les plus tenaces. L’alternance du récit entre le point de vue de Morgane et celui du petit Eliott, à travers des lettres qu’il rédige à sa mère, donne encore plus de profondeur au récit. Une histoire triste au final plein de tendresse. 

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