Philae d’îles en ils, Julie- Anne de Sée (Elixyria, 09/2019)
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J’ai été
agréablement surprise par ce roman, catalogué comme un texte érotique alors
qu’il s’agit avant tout d’un témoignage autobiographique. Certes, la narratrice
évolue dans des milieux plutôt tendancieux, utilisant souvent son corps comme
un gagne- pain, mais l’essentiel du récit porte sur son incroyable road- trip,
qui l’a emmenée onze ans durant, sur les pistes les plus dangereuses des pays
orientaux, destination à la mode pour tous les hippies – mais surtout tous les
drogués – avec qui elle va partager les moyens de transports aléatoires, mais
aussi les manques et les addictions…
« En
fait, je ne sais pas vraiment comment je me suis mise à danser et à me dévoiler
sur scène, me déshabiller en public en y prenant vite goût... Peut- être à
cause de l'absence de pudeur due au fait que mes parents étaient naturistes et
que la nudité a toujours été naturelle pour moi ? Ou bien, parce que je ne
percevais pas alors toute la portée érotique de ce tableau auquel je prenais
beaucoup de plaisir, sans trop avoir conscience de mon exhibitionnisme. » Philae a
grandi dans une famille aux mœurs particulières : nudité et partage de
partenaires sexuels sont la norme. Alors quand on lui propose de se mettre en
scène pour des strip- teases et des shows érotiques, elle accepte sans se poser
de questions : son compagnon, Yannick et elle- même ont bien trop besoin
de doses d’héroïne pour se permettre de refuser.
« Philae n'est pas le prénom que mes parents m'ont donné
à la naissance. Cependant, c'est celui que j'ai toujours porté, celui que
j'aime. Il a été mon nom de scène, dont j'étais fière, même lorsqu'il a été
japonisé en Philaway. Il s'est ensoleillé au Brésil. Il est aussi devenu
Philadamnada, Philae la damnée, l'infernale, comme les enfants pas très
sages... » Changer de nom, n’est- ce pas la
meilleure manière de tourner la page de son enfance ? Une période bien trouble
et troublante pour Philae…
« Je ne peux pas encore savoir que bientôt, je
parcourrai la planète en tous sens, de continent en continent, d'îles en ils au
gré de rencontres et d'amours de toutes nationalités, de toutes les couleurs,
en amoureuse du monde et des hommes qui le peuplent. » Quelle expérience que celle menée par Philae ! Si je l’ai
trouvée bien naïve par moment, à s’amouracher du ou de la premier(e) venu(e), j’ai
ensuite vu cet attachement rapide et spontané comme la bouée de secours dont a
besoin celui qui est en train de se noyer. Un moyen de vivre, de survivre.
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