Méduse, Martine Desjardins (L'Atalante, 08/2023)
💙💙💙
Quand un auteur contemporain revisite un mythe de l’Antiquité à la sauce de notre époque, je suis immédiatement attirée. Et puis cette couverture, rien qu’elle, ne peut que vous donner envie, non ? Rendez- vous avec une Méduse étonnamment monstrueuse.
« Etendue à plat ventre sur le tapis, le
nez enfoui entre les pages de l'encyclopédie, je me faisais une idée de ce
monde qui m'était interdit. San me lasser, j'étudiais les visages dans les
livres d'images et j'examinais les yeux d'autant plus voracement que mes
propres Exécrabilités étaient à l'abri de leurs regards. » Petite fille, surnommée Méduse par ses sœurs moqueuses,
elle passe sa vie dans les livres, cachant ses yeux que personne ne peut, ni ne
veut voir. Comment expliquer cette différence ? L’auteure ne nous donne
pas d’indice.
« De toutes les tares contre nature qui
affectent mes Difformités, c'est sûrement la moindre ; pourtant, je n'ai pu me
résoudre à te la divulguer. Je suis restée sans voix, le bec cloué par le
marteau de mon embarras, le caquet rabaissé au niveau du sous- sol... et la
minute de vérité a passé comme un ange aphone. » Méduse grandit et devient gênante. Son père la
place dans un institut pour enfants difformes. L’adolescente raconte son
expérience sur elle- même et sur les autres à un destinataire mystérieux, qui
ne sera dévoilé qu’à la fin du roman.
« Comme tu vois, le rire du roi du rye
m'était resté au fond du gorgoton - et je ne l'ai toujours pas digéré. »
L’écriture de l’auteure est originale. Jeux de
mots, de sons et champs lexicaux déclinés dans des registres soutenus feront le
régal des littéraires !
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