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« Il choisit le roman, sans doute parce
que seule la fiction peut convaincre un lecteur de se risquer à entrer dans
pareille histoire. » Cette phrase a attiré mon
regard, fait tourner mes méninges… J’avais repéré ce roman dès sa sortie, mais
je le tenais éloigné, volontairement, de mes mains. Il m’effrayait… J’ai
travaillé quelques années avec des adolescents polyhandicapés ; j’en garde
un souvenir ému et j’avais peur de tomber sur un cumul d’idées préconçues sur
les personnes handicapées. J’étais
effrayée à l’idée de lire le portrait trop clinique d’un homme diminué.
Il aura fallu la venue de l’auteure dans une librairie située
dans la ville où je vis pour que je me décide à lire ce roman contre lequel j’avais
construit une barrière mentale.
Au final, c’est bien moi-même qui suis coupable de
projections d’idées préconçues : ce roman, terriblement humain m’a
emportée par la justesse de son récit.
Hiver 1956, François, jeune homme dynamique va, suite à une
imprudence, se voir amputé des deux bras. Deux choix vont s’offrir à lui :
s’en vouloir et se laisser gagner par la rancœur : « Ce qu'ils
font à ce corps il s'en fout, il pèse le poids d'un noyau de pêche, vingt et un
grammes maximum, ce que pèse l'âme selon les calculs de Duncan MacDougall,
médecin américain. » Ou alors, tout à l’inverse, tenter le pari de
vivre… Survivre…
En 1956, les appareillages ne sont pas les prothèses d’aujourd’hui.
Il faut une sacrée rage de vivre pour pouvoir les utiliser. Mais François
tâtonne sous la plume de Valentine Goby. L’auteure lui laisse le droit de se
plaindre, de râler, de tout casser. François n’est pas un personnage lisse qui
accepte toutes les contraintes. A eux deux, ils font appel aux classiques de la
mythologie, aux « Métamorphoses » d’Ovide qui permettent aux humains
qui souffrent de trouver un havre de paix dans le milieu naturel : « J'écris
sur le pari de vivre, les métamorphoses qu'il engendre, et le réel n'est pas
moins cruel que la fiction dans son obstination à défier notre préférence pour
la vie. »
François trouvera son salut dans l’eau, d’où le titre.
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