mercredi 20 avril 2022

Luna, Serena Giuliano


 

Luna, Serena Giuliano (Robert Laffont, 03/2021 - 2022 pour la version poche)

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« J'ai pris conscience que la vue sur la mer ne servait à rien, si tu n'étais pas là pour l'admirer avec moi. » Cette phrase, c’est un père qui l’adresse à sa fille, une fois sorti de l’hôpital après avoir subi une attaque cardiaque. Une phrase qui paraît excessive, ou maniérée, livrée comme ça, mais qui vous retournera comme une crêpe quand vous la lirez dans les dernières pages de ce roman…

 

« Mon père ne mérite pas que l'on souffre pour lui. Il m'a si souvent répété qu'il ne fallait pas perdre son temps pour ceux qui n'en valent pas la peine. J'aimerais être aussi insensible que lui, mais il faut croire que les chiens font parfois des chats. » Luna se rend à l’hôpital dans lequel son père vient d’être pris en charge alors que cela fait des années qu’ils ont coupé tout lien. Va- -t- elle parvenir à lui pardonner les mauvaises décisions d’antan ?

 

« C'est peut- être à cause du souvenir de mon papa d'avant. Celui avec qui j'allais au bar le dimanche matin manger une sfogliatella - cette pâtisserie napolitaine dont je raffolais déjà gamine. Celui que j'entends encore rire de me voir avaler ça goulûment, comme si j'en découvrais chaque semaine la saveur unique. » Luna a quitté son père, mais aussi la ville de Naples, le jour où sa mère a quitté le domicile conjugal pour refaire sa vie à Milan. Luna a, elle aussi, abandonné à la fois son père mais aussi ses amis et sa cousine adorée, Gina, en suivant sa maman, tout en étant persuadée de bien faire. Mais les années ont passé et l’accident cardiaque de son père la met face à son passé : a- t- elle vraiment fait une croix sur les membres de sa famille qui avaient pourtant tellement compté durant son enfance napolitaine ?

 

« Ces dernières heures, Gina a commencé quasiment toutes ses phrases par : "Et tu te souviens de .... ?" Elle m'a remémoré tout un tas d'anecdotes, restitué de nombreux fragments de mon enfance que j'avais perdus en chemin, d'instants passés qui appartiennent à une autre vie, lorsqu'on était pleinement heureuses, et presque insouciantes.
Ce que l'on vit en ce moment même, je ne l'oublierai pas. Rien ni personne ne devrait séparer deux femmes qui s'aiment. »
Gina, la cousine de Luna, a longtemps fait office de sœur et de meilleure amie. Restée à Naples, elle a construit sa vie malgré les difficultés. Luna va alors se rendre compte de la valeur de ce qu’elle a perdu en s’exilant – aveuglément ? - avec sa mère à Milan…

 

Au final, un roman qui laisse monter les incertitudes au fil des pages. Qui sommes- nous loin de notre famille ? Les raisons qui nous font fuir sont- elles éternellement valables ? Qu’en est- il du pardon ? Que fait- on du droit à l’erreur ? Serena Giuliano prend une plume légèrement sarcastique, sur fond de proverbes napolitains, pour pointer nos décisions qui, sur fond d’éthique, brisent les sentiments sincères d’une histoire familiale. Vrai. Bouleversant.  

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