mercredi 29 juin 2022

Et que quelqu’un vous tende la main, Carène Ponte (Fleuve, 04/2022)

 


Et que quelqu’un vous tende la main, Carène Ponte (Fleuve, 04/2022)

💙💙💙💙💙

 Le titre vous interpelle ? C’est en effet la deuxième phrase du refrain d’un titre bien connu du groupe Sinsemilla, intitulé « Tout le bonheur du monde ». Un joli clin d’œil pour une histoire qui colle parfaitement aux intentions de ladite chanson. Carène Ponte nous offre ici un roman aux portées psychologiques optimistes ; ou du moins, pleines d’espoir. Prêts pour un ascenseur émotionnel ?

 

« Il m'a fallu moins d'une minute pour perdre le contrôle. Pour laisser échapper tout ce que je tenais à bout de bras depuis des semaines. Comme lorsqu'on transporte un objet beaucoup trop lourd et volumineux et qu'on le sent glisser un peu plus à chaque pas.
En moins d'une minute tout a volé en éclats.
Ce matin- là, j'ai perdu pied. »
Le Jardin des Cybèles accueille des femmes qui ont craqué, un jour, devant un quotidien devenu trop lourd à gérer, suite à un deuil, ou à un traumatisme insubmersible. Des femmes brisées par la vie qui ont pris le chemin de cette maison de repos, ultime recours à une tentative suicidaire.

 

« Lorsqu'elle a estimé que je n'avais plus besoin d'elle, que j'étais assez grande pour me préparer avant de partir à l'école, pour en revenir, expédier mes devoirs et me faire à manger, elle a décidé de rattraper le temps perdu. J'avais dix ans, une grand- mère décédée, un père qui avait foutu le camp et une mère qui me demandait de l'appeler "Sabine" plutôt que "Maman". » Valérie souffre de ne pas savoir aimer ses filles, n’ayant pas eu le « mode d’emploi » de la mère aimante et attentive. Elle n’a pas connu l’amour maternel en amont et ne sait pas comment montrer à ses filles ses propres sentiments. Avoir en plus un mari qui ne comprend pas, une maison à gérer, des responsabilités toujours plus lourdes à assumer au niveau professionnel. Valérie craque.

 

« Je propose de porter un toast aux jolies rencontres, ces petits cadeaux de la vie qui nous aident à supporter tout le reste, dit-elle en levant son verre. » Au Jardin des Cybèles, Valérie va rencontrer la jeune Anna, au traumatisme ô combien douloureux (ce que j’ai pleuré…), mais aussi Charline, qui tient le salon de thé et de pâtisseries situé à quelques mètres de la maison de repos. Entre ces trois femmes aux profils et aux traumatismes différents, va naître une formidable amitié, qui va permettre à chacune de panser quelques plaies, mais surtout, de reprendre confiance en elle- même, et plus simplement, dans le destin – leur destin.

 

Au final, un roman qui ma retournée comme une crêpe… Le deuxième que je lis de l’auteure et je pense que je vais continuer à la suivre. Le personnage de Valérie, outre le prénom, a fait raisonner tant de choses en moi… Et puis Anna… Carène Ponte insuffle un tel élan de vie à ses personnages qu’il est difficile de ne pas avoir envie de les connaître, ou mieux, de les prendre dans nos bras. Un roman psychologique sensible, dans lequel tout le monde se reconnaîtra d’une manière ou une autre, forcément.  

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