Wasurenagusa, Aki Shimazaki (Acte sud, 2003)
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Voilà
des années que je n’avais plus lu cette auteure ; quelle erreur ! Ses
histoires à la fois poignantes et pleines de délicatesse me touchent toujours
autant. Dans ce tome 4 de la saga « Le Poids des secrets », nous
sommes aux côtés de Kenji Takahashi, un homme désespéré par l’impatience de ses
parents, qui appartiennent à une famille de haute lignée, qui insistent pour qu'il leur donne un
héritier.
Mon père lui dit : "Tout ça, c'est grâce à Sono, qui est bonne avec
les enfants." Pourtant, ma mère lui dit : "Elle est d'origine
douteuse. Elle ne convient pas à notre famille." Kenji, le narrateur, ressasse
sans cesse les doux souvenirs qu’il a partagés avec sa nurse, Sono. Après avoir
été renvoyée par ses parents, celle- ci s’est exilée en Mandchourie, mais a gardé
le contact avec lui en lui écrivant régulièrement.
« Je ne voudrais pas rester célibataire toute ma vie. Cependant, je
ne suis pas encore prêt à accepter l'idée de me remarier : j'ai un gros
problème. Tôt ou tard, je devrai "le" dire à mes parents. Cela me
pèse beaucoup, plus que le problème lui- même. » Le père de Kenji vient
d’une famille illustre dont le nom s’est transmis sur de nombreuses
générations. Au Japon, cette transmission est une institution ; la famille
y est une valeur sacrée. C’est pourquoi le jeune homme peine à avouer « sa »
vérité à ses parents….
« Si vous plaisez à Mariko et que vous la demandez en mariage, je
veux que vous teniez parole quoi qu'il arrive. Si cela ne vous est pas
possible, veuillez la laisser maintenant. Je ne veux plus qu'elle soit jamais
blessée. » Résigné à ne pas fonder de famille, Kenji tombe pourtant sur le charme de
Mariko, une mère célibataire étant elle- même orpheline. Mais comment faire
accepter cette idée du couple à des parents traditionalistes ?
Au final, Aki Shimazaki met en œuvre ses talents d’écrivain pour parler d’un mal sociétal que l’on ne retrouve pas uniquement au Japon. De nombreuses grandes familles tiennent à ce que leur nom et leurs richesses soient transmises de père en fils. Elle questionne également le statut de l’épouse, et celui de la fille ; qui restent éloignées de la transmission, quand elles ne sont pas accusées à tort d’une stérilité rédhibitoire. Inspirant et tellement beau.
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