Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu (Actes sud, 08/2018)
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C’est le film « L’amour ouf » qui
m’a donné envie de sortir ce Prix Goncourt de ma PAL. J’avais envie de
retrouver cette ambiance des années 90, celle de mon adolescence… Même si le
personnage principal est un garçon, j’ai pu facilement m’identifier à lui. En
effet, c’était pour moi aussi la période où l’amitié était si forte, les
premiers flirts si troublants et les relations avec les parents si
houleuses ; d’autant plus que j’habitais une petite ville qui me semblait
terne, inintéressante et loin de tout…
« Chez eux, on était licencié, divorcé,
cocu ou cancéreux. On était normal en somme, et tout ce qui existait en dehors
passait pour relativement inadmissible. Les familles poussaient comme ça, sur
de grandes dalles de colère, des souterrains de peines agglomérées qui, sous
l'effet du Pastis, pouvaient remonter d'un seul coup en plein banquet. » Heillange, petite ville industrielle de l’est en plein déclin. L’ennui,
le désœuvrement et l’alcool y font des ravages. Anthony, quinze ans, cherche
son premier amour, entre autres premières expériences…
« Ils n'étaient pas tellement méchants,
mais durcis déjà, orgueilleux et cogneurs. Après le CM2, on ne les voyait plus.
Sans doute qu'ils allaient s'agglutiner dans les filières spécialisées en
attendant l'âge légal. Ils menaient ensuite des vies marginales, d'allocations
et de menus larcins, familles tuyaux de poêle qui faisaient le coup de poing et
accouchaient de temps en temps d'une force de la nature qui foutait la frousse
à tout le canton. » Des clans séparent les
jeunes : les enfants d’ouvriers, les « grosses têtes » (ou
« Cassos »), les Bourgois et les Arabes ne se mélangent pas. Des
différences qui créent des tensions, qui vont prendre de l’ampleur au fur et à
mesure des années.
« Et Steph soudain découvrait que le
destin n'existait pas. Il fallait en réalité composer son futur comme un jeu de
construction, une brique après l'autre, et faire les bons choix, car on pouvait
très bien se fourvoyer dans une filière qui demandait des efforts considérables
et n'aboutissait à rien. » Nos jeunes héros ont
du mal à trouver leur voie dans un environnement professionnel local sans
avenir. Mais difficile pour eux de s’extraire de leur ville d’origine… et de
leur condition sociale !
Au final, un roman prenant, surtout parce que j’y ai trouvé des références propres à mon parcours, mais aussi parce que Nicolas Mathieu sait parfaitement retranscrire l’ambiance pesante de ces années- là, le désœuvrement ambiant qui coupe toute envie d’essayer de réussir aux adolescents. Une époque qui pourrait se résumer à l’expression « à quoi bon ? » avec une utilisation subtile de l’expression des émotions. Un roman parfait pour les quinquas !
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