samedi 28 janvier 2023

Ceci n’est pas un fait divers, Philippe Besson (Julliard, 01/2023)


 

Ceci n’est pas un fait divers, Philippe Besson (Julliard, 01/2023)

 💝💝💝

Le titre du dernier roman de Philippe Besson m’a d’abord intriguée, puis les critiques élogieuses qui se multiplient autour de cette parution m’ont convaincue de me le procurer. « Ceci n’est pas un fait divers » est tout à fait approprié à l’histoire racontée. Il y est question d’un meurtre, mais avant tout, il s’agit d’un fait de société auquel on donne un nom encore difficilement accepté ; un féminicide, qui va y être relaté. Un fait social, puisque plus d’une centaine de femmes ont encore été tuées l’an dernier, par leur conjoint ou ex- conjoint. Les violences faites aux femmes s’invitent, décidément en cette rentrée littéraire ; un fait de société bien d’actualité. Hélas.

 

 « On croit toujours que la mort de ses parents surviendra tardivement, calmement, et quand on aura eu le temps de s'y préparer. On redoute la maladie. On écarte l'hypothèse de l’accident ; par manque d'imagination, ou par superstition. On n'envisage jamais le meurtre. Jamais l'exécution. » Le roman s’ouvre au moment où le narrateur reçoit un appel de la part de sa petite sœur de treize ans : « Papa vient de tuer maman ». Parti vivre une carrière de danseur d’opéra à l’autre bout de la France, le jeune homme revient en catastrophe au domicile familial… Enfin, ce qu’il en reste.  

 

« Depuis, j'ai appris qu'il faut plonger dans les profondeurs pour comprendre ce qui se passe à la surface. J'ai compris aussi que l'invisible est plus parlant que le visible. Et que les bribes ne deviennent des indices que si on les relie à quelque chose d'autre, ou entre elles. » Le père a assassiné la mère de dix- sept coups de couteau puis s’est enfui, avant d’être aussitôt incarcéré. Comment comprendre l’engrenage des faits qui ont conduit le couple jusqu’à cette dramatique extrémité ?

 

« Et j'avais besoin de comprendre si quelqu'un aurait pu empêcher l'irréparable, ou si nous avions été nombreux à avoir fait preuve d'une négligence blâmable, ou si nous avions tous été bernés de la même manière. » Les fils se nouent et se dénouent. Qui est coupable ? Celui qui a vu mais n’a rien dit ? Celui qui est parti lâchement en ne pensant qu’à lui ?

 

Au final, beaucoup de questions auxquelles on n’aura jamais de réponse. Ce roman, basé sur une histoire vraie, n’en apporte pas davantage. J’ai regretté l’absence de consistance des personnages et le côté victimaire et hypocrite du narrateur. Agit-on vraiment de la sorte lorsqu’on perd en quelques minutes ses parents ? Un récit bien écrit mais qui a manqué de profondeur à mon goût.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.