Ceci n’est pas un fait divers, Philippe Besson (Julliard, 01/2023)
💝💝💝
Le titre du dernier roman de Philippe Besson m’a d’abord intriguée, puis les
critiques élogieuses qui se multiplient autour de cette parution m’ont
convaincue de me le procurer. « Ceci n’est pas un fait divers » est
tout à fait approprié à l’histoire racontée. Il y est question d’un meurtre,
mais avant tout, il s’agit d’un fait de société auquel on donne un nom encore difficilement
accepté ; un féminicide, qui va y être relaté. Un fait social, puisque
plus d’une centaine de femmes ont encore été tuées l’an dernier, par leur
conjoint ou ex- conjoint. Les violences faites aux femmes s’invitent,
décidément en cette rentrée littéraire ; un fait de société bien d’actualité.
Hélas.
« On croit toujours que la mort de ses parents surviendra tardivement, calmement, et quand on aura eu le temps de s'y préparer. On redoute la maladie. On écarte l'hypothèse de l’accident ; par manque d'imagination, ou par superstition. On n'envisage jamais le meurtre. Jamais l'exécution. » Le roman s’ouvre au moment où le narrateur reçoit un appel de la part de sa petite sœur de treize ans : « Papa vient de tuer maman ». Parti vivre une carrière de danseur d’opéra à l’autre bout de la France, le jeune homme revient en catastrophe au domicile familial… Enfin, ce qu’il en reste.
« Depuis, j'ai appris qu'il faut plonger dans les profondeurs pour
comprendre ce qui se passe à la surface. J'ai compris aussi que l'invisible est
plus parlant que le visible. Et que les bribes ne deviennent des indices que si
on les relie à quelque chose d'autre, ou entre elles. » Le père a assassiné la mère de dix- sept coups
de couteau puis s’est enfui, avant d’être aussitôt incarcéré. Comment
comprendre l’engrenage des faits qui ont conduit le couple jusqu’à cette dramatique
extrémité ?
« Et j'avais besoin de comprendre si quelqu'un aurait pu
empêcher l'irréparable, ou si nous avions été nombreux à avoir fait preuve
d'une négligence blâmable, ou si nous avions tous été bernés de la même manière. »
Les fils se nouent et se
dénouent. Qui est coupable ? Celui qui a vu mais n’a rien dit ? Celui
qui est parti lâchement en ne pensant qu’à lui ?
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