samedi 14 octobre 2023

Dernière chanson avant l’oubli, Mathieu Tazo (Editions Daphnis et Chloé, 09/2023)


 

Dernière chanson avant l’oubli, Mathieu Tazo (Editions Daphnis et Chloé, 09/2023)

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“Try with a little help with my friends”, chantée par Joe Cocker me trotte dans la tête depuis que j’ai commencé la lecture de ce road- trip à la fois touchant et original. Les personnages, ces âmes en peine, sont terriblement attendrissants, chacun engoncé dans les complexités de sa propre solitude.

 

« Les gens crèvent de leur solitude en silence, chacun dans son coin. Un tiers des 8,5 millions de New- Yorkais vit seul. La masse humaine raréfie les échanges individuels. On court tous dans des directions différentes. On ne fait plus un bout de chemin ensemble. On est seul dans son appartement, seul dans sa voiture, et même dans le métro au milieu de centaines de personnes. » La solitude, c’est ce qui m’a le plus interpellée dans ce roman pourtant foisonnant de personnages ; celle du narrateur, acteur raté qui gagne sa vie en jouant le rôle ici d’un fils, là d’un partenaire, ou encore là d’un père. Un solitaire qui comble le vide d’autres familles, obligé lui- même de s’inventer un frère pour avoir quelqu’un avec qui converser dans le vide.

 

« En traversant un pont, on s'extasie de cette sensation de beauté que la distance permet d'apprécier. En vérité, on est juste heureux de pouvoir respirer et repousser les frontières de la vue. »  Juste avant ce pont, la voiture de Lazare va se remplir : Jade, qui pense être entrée dans la voiture de son Uber, personne ne pouvant l’emmener au chevet de son père. Et puis Gloria, souffrant d’Alzheimer et qui voit en Lazare son fils défunt, et enfin Swann, pour qui notre acteur joue le rôle de père…

 

Au final, un road- trip fantaisiste qui entraîne le lecteur dans un combi en direction du cinquantième anniversaire du festival de Woodstock, en compagnie de personnages qui montent et descendent durant le voyage. Certains garderont une place plus longtemps que d’autres et seront l’occasion de réfléchir à l’évolution de notre société, entre hippies de 69 et contemporains ; certains avides de liberté et d’autres, d’argent et de pouvoir. Un roman plaisant, loufoque souvent, intelligent indéniablement, et dont la forme, en récits enchâssés, fait fortement penser aux contes des « Mille et une nuits » ! Dépaysant !   

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