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Je referme ce roman et déjà, j’ai une
certitude : il va me hanter longtemps. Je sens bien qu’il ne va pas m’être
possible d’oublier le personnage de Kathryn Brooker de sitôt. La plume habile
d’Amanda Prowse m’a permis de côtoyer cette femme, héroïne de papier, dont la
vie n’a rien d’un conte de fée. Combien de fois ai-je eu une boule dans la
gorge ou le ventre contracté à la lecture d’un passage ? Impossible de les
compter. Ces moments de lecture, si bien écrits, peuvent se montrer éprouvants
car l’auteure sait créer une réelle empathie entre son personnage et le
lecteur. J’avoue avoir eu les larmes aux yeux, en même temps que Kathryn lors
d’un passage particulièrement éprouvant au niveau de la violence psychologique
que lui fait subir son mari, Mark. Je ne dirai pas lequel, par discrétion…
Mais quel monstre que cet homme !
Impossible de me rassurer en me disant qu’il ne s’agissait qu’un personnage de
fiction : les actualités nous révèlent trop souvent l’existence de ces
pervers narcissiques qui ne savent se réjouir qu’en humiliant leur épouse. Mais
là, sachez que nous sommes encore au-delà… Chez les Brooker, l’humiliation
passe par des actes de torture.
Kathryn assassinera son mari.
Cet acte étonnera leur entourage ; leurs
deux enfants en premier lieu. Car cette épouse modèle a toujours tu son calvaire
et joué le rôle de l’épouse et mère épanouie.
Se taire pour ne pas risquer de perturber les
enfants…
Le choix de ce texte par l’éditeur Stéphane
Marsan est vraiment judicieux en cette période « post- #Metoo » car
il narre sous forme fictionnelle le calvaire qu’endurent des milliers
(millions ?) de femmes à travers le monde. Car outre Kathryn, d’autres
femmes elles aussi malmenées par les hommes ou la vie traversent le roman.
C’est parce qu’il est si justement sensible à la cause féminine que Stéphane
Marsan a choisi de publier ce texte en cette rentrée littéraire. Sa maison
d’édition, créée en mars 2018, publie une dizaine de romans par an ; des
récits qui sont donc choisis avec soin. Dans le cas de celui-ci, c’est Claire
Kennedy, l’éditrice d’Amanda Prowse qui a proposé ce texte à notre éditeur
français, se doutant que l’émotion qu’il engendre saurait séduire le lectorat
français. Deux éditeurs qui ont vu juste quant à la pertinence de ce récit qui
mérite d’être lu, partagé, débattu autant par des lectrices que par des
lecteurs… du monde entier.
Sa construction, basée sur une narration
alternée qui revient sur les « racines du Mal » et sur la vie après
la prison de Kathryn, qui tente de se reconstruire, permet de comprendre les
étapes qui ont mené notre personnage principal là où elle en est au tout
dernier chapitre, permet de construire un suspens addictif tout en permettant
au lecteur d’aborder la vie des Brooker avant de se faire son propre avis sur
la culpabilité de Katryn.
Bref, un roman brillant, utile et vraiment
émouvant.
Une pépite dans toutes ces publications de la rentrée littéraire de
septembre 2019.
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