dimanche 1 septembre 2019

Et pour le pire, Amanda Prowse


Et pour le pire, Amanda Prowse

★★★★★

Je referme ce roman et déjà, j’ai une certitude : il va me hanter longtemps. Je sens bien qu’il ne va pas m’être possible d’oublier le personnage de Kathryn Brooker de sitôt. La plume habile d’Amanda Prowse m’a permis de côtoyer cette femme, héroïne de papier, dont la vie n’a rien d’un conte de fée. Combien de fois ai-je eu une boule dans la gorge ou le ventre contracté à la lecture d’un passage ? Impossible de les compter. Ces moments de lecture, si bien écrits, peuvent se montrer éprouvants car l’auteure sait créer une réelle empathie entre son personnage et le lecteur. J’avoue avoir eu les larmes aux yeux, en même temps que Kathryn lors d’un passage particulièrement éprouvant au niveau de la violence psychologique que lui fait subir son mari, Mark. Je ne dirai pas lequel, par discrétion…

Mais quel monstre que cet homme ! Impossible de me rassurer en me disant qu’il ne s’agissait qu’un personnage de fiction : les actualités nous révèlent trop souvent l’existence de ces pervers narcissiques qui ne savent se réjouir qu’en humiliant leur épouse. Mais là, sachez que nous sommes encore au-delà… Chez les Brooker, l’humiliation passe par des actes de torture.

Kathryn assassinera son mari.

Cet acte étonnera leur entourage ; leurs deux enfants en premier lieu. Car cette épouse modèle a toujours tu son calvaire et joué le rôle de l’épouse et mère épanouie.

Se taire pour ne pas risquer de perturber les enfants…

Le choix de ce texte par l’éditeur Stéphane Marsan est vraiment judicieux en cette période « post- #Metoo » car il narre sous forme fictionnelle le calvaire qu’endurent des milliers (millions ?) de femmes à travers le monde. Car outre Kathryn, d’autres femmes elles aussi malmenées par les hommes ou la vie traversent le roman. C’est parce qu’il est si justement sensible à la cause féminine que Stéphane Marsan a choisi de publier ce texte en cette rentrée littéraire. Sa maison d’édition, créée en mars 2018, publie une dizaine de romans par an ; des récits qui sont donc choisis avec soin. Dans le cas de celui-ci, c’est Claire Kennedy, l’éditrice d’Amanda Prowse qui a proposé ce texte à notre éditeur français, se doutant que l’émotion qu’il engendre saurait séduire le lectorat français. Deux éditeurs qui ont vu juste quant à la pertinence de ce récit qui mérite d’être lu, partagé, débattu autant par des lectrices que par des lecteurs… du monde entier.
Sa construction, basée sur une narration alternée qui revient sur les « racines du Mal » et sur la vie après la prison de Kathryn, qui tente de se reconstruire, permet de comprendre les étapes qui ont mené notre personnage principal là où elle en est au tout dernier chapitre, permet de construire un suspens addictif tout en permettant au lecteur d’aborder la vie des Brooker avant de se faire son propre avis sur la culpabilité de Katryn.

Bref, un roman brillant, utile et vraiment émouvant. 
Une pépite dans toutes ces publications de la rentrée littéraire de septembre 2019. 

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