Ce
roman n’est pas un thriller, mais il se lit tout comme ; on sent que tôt
ou tard, un malheur arrivera…
Alors
qu’il s’est engagé à produire un exposé sur le thème de l’autodafé, Livio,
lycéen de 17 ans, présente les fruits de ses recherches sur Magnus Hirschfeld,
médecin allemand, fondateur de l’institut de sexologie de Berlin, qui a
effectué des recherches sur l’homosexualité, tentant de déterminer ce qui
tenait de l’inné et de l’acquis, et luttant avec force contre le paragraphe 175
inscrit au code pénal allemand, stipulant que l’homosexualité était un crime.
Tous
les ouvrages sur le sujet amassés durant des années dans les rayonnages de la
bibliothèque de l’institut seront brûlés en mai 1933 par des soldats nazis, ne
sachant même pas forcément s’y prendre : « Ils tiquèrent devant
les flammes paresseuses, et sans doute de mèche avec la littérature désignée
par eux comme honteuse et ordurière, qui ne produisaient rien d’autre que de la
fumée et de petites quintes de toux qu’ils eurent du mal à contenir. »
Effectivement,
le grand autodafé du 10 mai 1933 sur la place de l’Opéra à Berlin ne sacrifiera
pas uniquement les livres consignant les comptes-rendus médicaux liés aux
recherches sur la sexualité dite « déviante », ce seront des milliers
d’ouvrages d’artistes dits décadents qui seront livrés aux flammes :
Zweig, Brecht, Freud seront les auteurs dont les pages finiront dans un brasier
gigantesque parce qu’ils ne collent pas avec l’idée de l’Allemand « pur race
».
Pourquoi
Livio a-t-il donc choisi ce sujet ? A-t-il eu la moindre conscience du
regard des autres lycéens de sa classe sur lui, suite à cet exposé ? La
professeure d’histoire n’avait pas prévu cette éventualité : qu’un élève
remonte dans l’Histoire pour faire surgir un malaise sociétal contemporain. Les
réactions des élèves de la classe de Livio sont éloquentes : il ne sera
jamais accepté du fait de sa différence, son orientation sexuelle, ainsi révélée,
en ce « Jour de courage ».
Une
lecture qui happe, qui touche, qui fait réfléchir à la constante difficulté de
vivre sa différence face au regard de l’autre, toujours aussi important, avec
pour preuve deux expériences séparées d’un siècle.
Et personnellement, j'aurais souhaité mieux cerner ce personnage visuellement.
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