mercredi 11 septembre 2019

Et tout sera silence, Michel Moatti

Et tout sera silence, Michel Moatti
★★★★★



Lire un roman de Michel Moatti, c’est mettre les deux pieds dans le plat. Je ne sais même pas si on peut qualifier ses écrits de romans d’ailleurs – « polar social » ai-je lu quelque part ? – tant ce qu’il contient de vérité les rapprocherait du genre de l’essai. Car Michel Moatti sait de quoi il parle : il est sociologue. Il enseigne même sa spécialité à l’université de Montpellier.

Alors c’est vrai qu’en France, on préfère parler du salaire de Neymar ou des manifestations des gilets jaunes plutôt que de révéler les horreurs qui se déroulent dans les caves des barres d’immeubles ou sur les trottoirs des grandes villes. De ce fait, Moatti délocalise son récit : nous voilà à Londres. Mais son histoire aurait pu tout aussi bien se dérouler à Paris, Marseille ou Lille : on exploite des femmes et des gamins partout où on peut en tirer de l’argent lorsqu’on n’a aucun scrupule. Et les médias l’ont régulièrement prouvé à coups de scandales mettant en scène des hommes de pouvoir avides de parties fines avec des jeunes femmes venues d’on ne sait où…



C’est d’ailleurs un fait divers bien réel qui constitue le point de départ de ce roman : l’assassinat atroce d’une call-girl reconnue sur une photographie comme étant la compagne d’une soirée de débauche organisée par Lord Sewel, président adjoint de la Chambre des Lords, très à cheval sur le comportement remarquable que doivent avoir ceux-ci…

Notre journaliste du « Bumper », Lynn, saute sur l’occasion pour rédiger un scoop, tentant de tirer les vers du nez de son compagnon, Andy, enquêteur de police ; ça tombe bien…

Qui est donc cette jeune femme assassinée dans les toilettes d’un pub miteux ?

Personne ne parle. On apprend vite qu’il s’agit d’une Polonaise arrivée là on ne sait quand ni comment. La communauté « polak » est très présente dans cette banlieue de Londres où les lèvres sont verrouillées, les filles surveillées et les comptes en banque de certains bien garnis…

Lynn et Andy vont devoir enquêter, chacun de leur côté, pour chercher des réponses à de bien nombreuses questions.

En parallèle, nous suivons Magdalena, une jeune coiffeuse polonaise qui a payé un passeur pour aller « dans l’Ouest », suivre un « stage » qui lui permettra d’avoir un bon boulot avec un salaire décent qui lui permettra d’aller faire les soldes des Galeries Lafayette coudes à coudes avec les Chinoises pour remporter les dernières Louboutin rouges… La réalité, vous vous en doutez, sera bien différente.


Au final, il s’agit d’un roman passionnant et intelligent, avec parfois des moments malaisants tant la violence, tout à fait plausible, continue de choquer ; et heureusement…
A lire absolument.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.