★★★★★
Lire un roman de Michel Moatti, c’est mettre les deux
pieds dans le plat. Je ne sais même pas si on peut qualifier ses écrits de
romans d’ailleurs – « polar social » ai-je lu quelque part ? –
tant ce qu’il contient de vérité les rapprocherait du genre de l’essai. Car
Michel Moatti sait de quoi il parle : il est sociologue. Il enseigne même
sa spécialité à l’université de Montpellier.
Alors c’est vrai qu’en France, on préfère parler du
salaire de Neymar ou des manifestations des gilets jaunes plutôt que de révéler
les horreurs qui se déroulent dans les caves des barres d’immeubles ou sur les
trottoirs des grandes villes. De ce fait, Moatti délocalise son récit :
nous voilà à Londres. Mais son histoire aurait pu tout aussi bien se dérouler à
Paris, Marseille ou Lille : on exploite des femmes et des gamins partout
où on peut en tirer de l’argent lorsqu’on n’a aucun scrupule. Et les médias l’ont
régulièrement prouvé à coups de scandales mettant en scène des hommes de
pouvoir avides de parties fines avec des jeunes femmes venues d’on ne sait où…
C’est d’ailleurs un fait divers bien réel qui constitue
le point de départ de ce roman : l’assassinat atroce d’une call-girl
reconnue sur une photographie comme étant la compagne d’une soirée de débauche
organisée par Lord Sewel, président adjoint de la Chambre des Lords, très à
cheval sur le comportement remarquable que doivent avoir ceux-ci…
Notre journaliste du « Bumper », Lynn, saute
sur l’occasion pour rédiger un scoop, tentant de tirer les vers du nez de son
compagnon, Andy, enquêteur de police ; ça tombe bien…
Qui est donc cette jeune femme assassinée dans les
toilettes d’un pub miteux ?
Personne ne parle. On apprend vite qu’il s’agit d’une
Polonaise arrivée là on ne sait quand ni comment. La communauté « polak »
est très présente dans cette banlieue de Londres où les lèvres sont verrouillées,
les filles surveillées et les comptes en banque de certains bien garnis…
Lynn et Andy vont devoir enquêter, chacun de leur côté,
pour chercher des réponses à de bien nombreuses questions.
En parallèle, nous suivons Magdalena, une jeune coiffeuse
polonaise qui a payé un passeur pour aller « dans l’Ouest », suivre
un « stage » qui lui permettra d’avoir un bon boulot avec un salaire
décent qui lui permettra d’aller faire les soldes des Galeries Lafayette coudes
à coudes avec les Chinoises pour remporter les dernières Louboutin rouges… La
réalité, vous vous en doutez, sera bien différente.
Au final, il s’agit d’un roman passionnant et
intelligent, avec parfois des moments malaisants tant la violence, tout à fait
plausible, continue de choquer ; et heureusement…
A lire absolument.
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