jeudi 20 février 2020

La deuxième femme, Louise Mey

La deuxième femme, Louise Mey (Editions du Masque, 01/2020)

★★★★☆

C’est la première fois que je lis un roman de Louise Mey et je reconnais que sa popularité est méritée.
Ce thriller psychologique met en scène Sandrine, qui est une jeune femme timide, complexée par son corps, élevée par un père qui la traitait de « grosse vache » et qui avance dans la vie de la manière la plus discrète possible, embarrassée par son corps : « Elle a encore dû grossir, cette pensée lui coule dessus comme un souffle sur un cygne. Elle devrait se recroqueviller toute entière, paniquer, perdre pied à cette idée, mais comment faire tomber quelqu'un qui se débat déjà, à genoux, lentement et avec des gestes patauds, dans des méandres de sable mouvant ? »

Un jour, elle tombe sous le charme d’un « homme qui pleure » à la télévision parce qu’il a perdu sa femme, disparue mystérieusement alors qu'elle faisait son jogging quotidien. Sandrine va tout mettre en œuvre pour le rencontrer, pour se rendre indispensable, elle qui ne rêve que de donner de l’amour. L’homme est sous le charme de Sandrine. Il lui fait même une place chez lui, auprès de Mathias, son fils.

Mais voilà que quelques mois plus tard, la première femme réapparaît. Elle est vivante. Elle va donc revenir auprès de son homme, auprès de son fils. Que va alors devenir Sandrine, la « deuxième femme » ?

De fil en aiguille, c’est une réalité qui n’est pas belle à voir qui va se révéler. Le phénomène #Metoo a débloqué la parole des femmes victimes de violences conjugales dont l’emprise, manipulation psychologique, est une forme. L'homme positionne la femme plus bas que terre : « elle n'est pas cultivée, non, il le lui répète assez, elle vient de la crasse et elle n'a pas à péter plus haut que son cul ». C'est d'une violence inouïe...

Louise Mey utilise une narration particulière : les voix de la narratrice et du personnage de Sandrine s’entremêlent, sans indications concernant les personnages qui parlent, sans la typographie habituelle des dialogues, avec parfois des paroles relatées telles qu’elles le seraient dans le réel, avec des hésitations marquées… Cela permet au lecteur d’avoir l’impression d’entrer dans la tête de Sandrine afin de disséquer ses pensées, de comprendre son cheminement… de ressentir la violence de sa souffrance aussi... mais c’est parfois déstabilisant ! 

Ce qui est sûr, c'est que j'ai désormais très envie de lire les autres romans noirs de cette auteure talentueuse !

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