Pas la fin du monde, Rachel Corenblit (Bayard, 08/2022)
💙💙💙
Pour beaucoup de Toulousains, septembre 2001 a eu un goût de fin du
monde. Le 11, ils ont assisté comme la terre entière à l’attaque des tours
jumelles de New – York, mais quelques jours plus tard, le 21, ils ont subi l’explosion
de l’usine AZF, avec encore en tête, les images d’un attentat meurtrier. Un accident
terrifiant et extrêmement traumatisant. Rachel Corenblit place son intrigue le
matin m’même de l’explosion, avec le point de vue de différents membres d’une
même famille, déchirée par les événements pourtant communs de la vie.
« Juste après, le silence. Un silence en
apesanteur. Sa respiration, une fois, deux fois, presque rauque. Il leva les
mains au niveau de ses yeux pour vérifier s'il n'était pas blessé, tenta de
bouger mais son corps lourd était comme aplati, trop raide. Les nuées ardentes
auraient pu le recouvrir, il serait resté à cet endroit et on l'aurait retrouvé
des siècles après, carbonisé, son empreinte fossilisée, preuve qu'il avait
vécu, qu'il était mort, là. Léon Marin, dix- neuf ans, étudiant en philo, fils
d'un raté et d'une pute, frère d'une conne, petit- fils d'une folle rescapée de
la guerre. » Léon,
dont l’esprit est obnubilé par sa récente rupture avec Julie, qu’il voyait comme
la femme de sa vie, revient à des réflexes de base suite à l’explosion qui a
dévasté une partie de la ville. Respirer, bouger vont être ses premières
nécessités. Puis, étrangement, c’est s’assurer que les membres de sa famille
sont sains et saufs qui va devenir sa priorité ; alors que cela fait des
années qu’il ne les côtoie plus.
« Pas de baisers, pas d'accolades. Ils
restèrent en face l'un de l'autre, immobiles, comme ignorants des us et
coutumes des retrouvailles.
Deux sauvages.
C'est ce qu'elle pensait d'eux : ses petits- enfants avaient
grandi comme des sauvages. » Léon retrouve sa sœur, Frida mais aussi Aida, la
grand- mère paternelle auprès de laquelle leur père a trouvé refuge après son
divorce avec la mère des enfants, Inès. Mais les retrouvailles sont glaciales ;
jusqu’à ce qu’on se rende compte que François, le père dépressif, demeure
introuvable.
« On ne s'en rend pas encore compte mais
l'effondrement des tours aux Etats-- Unis préfigure notre fin. La chute de
notre empire débute le 11 septembre 2001. Toulouse qui brûle en est la suite
logique. Des avions se jettent contre des buildings, des usines explosent. Et
demain, le monde flambera. » Sur la route des enfants des prédicateurs pointeront le doigt
sur un état de fait qui forcément, fera réfléchir le lecteur.
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