mardi 25 octobre 2022

Vanda, Marion Brunet (Le Livre de Poche, 02/2020)



 Vanda, Marion Brunet (Le Livre de Poche, 02/2020)

 💔💔💔💔💔

Quel livre ! Mon Dieu quelle histoire !!! Je viens de refermer ce roman et je me sens anéantie… Tant de noirceur, de misère sociale prise en pleine tronche, sur fond d’un amour mère- fils inconditionnel. Marion Brunet se sert du cynisme ambiant et de sa plume incisive (on retrouve bien là le style de « L’été circulaire » qui m’avait mis une grande claque lui aussi) pour broder un récit qui permet l’incarnation de la parfaite « victime » de la société française des années 2020.

 

« Quand elle boit son coca à la paille, il la trouve vulgaire. Ça le gêne qu'elle fasse du bruit en aspirant le fond comme une gamine. Il ne se souvient plus s'il aimait ça avant. Cette nonchalance de petite folie, sa façon de se foutre de certaines choses. » Vanda vit à la marge de la société, dans un cabanon situé sur la plage qui borde la cité phocéenne. Tatouée, bronzée et le style négligé, elle fait fi des regards des « gens bien » et vit sa vie comme elle l’entend, avec son fils, Noé, né six ans plus tôt d’une relation sans réel lendemain avec un étudiant des Beaux-Arts avec qui elle suivait des cours. Ce gars, Simon, était parti très vite, histoire de faire carrière en tant que graphiste à Paris, si bien qu’il ignore totalement sa paternité.

 

« Quand son fils est né, quand elle l'a reçu contre elle pour la première fois, ça a déchiré quelque chose, en dedans. Il était là et il n'avait qu'elle. Il va t'aimer toute sa vie, elle se répétait, et elle ne savait pas si c'était un bonheur ou une putain de malédiction. » De cette relation exclusive entre la mère, désœuvrée et seule, et son fils, va naître un lien fusionnel incroyablement fort. Alors quand Simon revient pour enterrer sa mère et qu’il apprend avoir un fils, il va lui être difficile de s’imposer, de trouver la place qu’il estime mériter, envers et contre tout.

 

« On compte tellement pour rien. C'est même plus du cynisme, c'est au- delà. » C’est l’heure des gilets jaunes et des manifestations violentes entre les grévistes et les policiers. Vanda, poussée par ses collègues, se retrouve en première ligne. Et à partir de là, la dégringolade commence, violement. Vanda doit trouver une échappatoire au plus vite, entre la société qui la rejette comme elle le ferait d’un chien galeux, et cet ancien petit- ami qui réclame ses droits de père, menaçant le seul élément qui lui permette encore de tenir debout : le lien fusionnel entretenu avec son fils depuis toujours.

 

Au final, un roman court mais qui ne peut se lire d’un coup tant les émotions qu’il véhicule sont violentes. J’ai été profondément marquée par l’existence ponctuée de déboires successifs de ce personnage incarné par Vanda ; victime de la société depuis son enfance parce qu’elle ne répond pas aux normes de la bienséance. Un roman coup de poing que je ne suis pas prêt d’oublier. 

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