dimanche 12 octobre 2025

Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel (Harper Collins, 10/2025)

 



Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel (Harper Collins, 10/2025)

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Le bandeau rouge « Ce nouveau roman est un piège » m’a attirée dans ses filets. Oui, je me suis fait piégée : aussitôt acheté, aussitôt lu. Et comme avec « La chambre des merveilles », Julien Sandrel a su bouleverser mon petit cœur…

« Souvent, avant de m'endormir, à l'heure où l'épaisseur du vide se fait palpable, je prie pour que la nuit arrive avec son lot de réminiscences. Mais il n'y a rien d'autre que cette détresse blanche qui s'infiltre sous ma peau. » Rose s’est réveillée dans un hôpital de Bruxelles après un accident de voiture. La jeune femme s’est réveillée amnésique. Tout ce qu’elle sait d’elle réside dans les inscriptions de sa carte d’identité et un mystérieux numéro de téléphone inscrit au stylo bille sur sa hanche…

« J'ai si peur d'être blessée que je préfère partir avant que ma vulnérabilité fissure l'image que je renvoie : celle d'une femme forte, sûre d'elle, de sa liberté et de sa puissance. » Aïda est de son côté stressée par son nouveau job : puéricultrice dans la Maison des femmes de Toulon. Travailler dans ce lieu est tout un symbole pour elle, qui a été profondément blessée dans sa féminité, et qui peine à trouver son équilibre dans ses relations aux autres.

« Ses mots pèsent lourd, mais je suis bien placée pour savoir que certains récits ont besoin d'être entendus pour alléger celui qui les porte. » Et puis il y a Romain, un jeune homme sombre, qui anime un atelier jardinage bénévolement à la Maison des femmes de Toulon, qu’on devine torturé par un passé lourd de drames…

Au final, un récit captivant, construit à la manière d’un thriller, à coups de révélations et de retournements de situations. La lettre écrite en italiques qui s’incère entre certains chapitres, sans qu’on en connaisse l’expéditeur ni le destinataire ajoute une certaine tension à l’intrigue, et il faudra attendre les dernières pages pour en comprendre la portée sur l’ensemble de l’intrigue. Coup de cœur pour ce très beau roman qui narre le parcours de femmes et d’hommes en détresse qui auront la chance de rencontrer de bonnes personnes. Une onde positive qui fait du bien.

samedi 11 octobre 2025

Frappe- toi le cœur, Albin Michel, (08/2017)

 


Frappe- toi le cœur, Albin Michel, (08/2017)

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Je poursuis mon rattrapage des romans d’Amélie Nothomb non lus ; je l’ai boudée, j’avoue, durant plusieurs années. Cet opus met la lumière sur les sentiments éprouvés dans le cadre des relations mères- filles. Comme toujours avec cette auteure, la demi- mesure n’existe pas et ce que ressentent ses personnages n’a aucune nuance : l’amour côtoie la haine et l’admiration se confronte au mépris.

« La destinée ne s'intéressait qu'à Marie et c'était cette exclusion des tiers qui la faisait suprêmement jubiler. Si l'on avait tenté de lui expliquer que l'envers de la jalousie équivalait à de la jalousie et qu'il n'y avait pas de sentiment plus laid, elle eût haussé les épaules. » Marie est née jolie et joue de sa beauté avec délice… jusqu’à ce qu’elle accouche d’une petite fille, que son entourage va louer : la petite Diane est magnifique en plus d’être un bébé adorable. Marie va alors développer une jalousie maladive à l’égard de son nourrisson.

« Son être entier était perclus du plaisir le plus immense. L'odeur de la déesse se propagea à tous ses sens, Diane baigna dans ce parfum d'une suavité ineffable et elle connut l'ivresse la plus intense de l'univers : l'amour. » La petite Diane est une enfant surdouée (comme souvent chez Amélie Nothomb) et elle perçoit très vite, et de façon accrue, le sentiment de rejet qu’elle déclenche chez sa mère. Les câlins sont en effet rarissimes, exceptionnels.

« L'enfer est pavé de bonnes intentions ; semblablement, les intentions les plus mesquines peuvent être à l'origine de joies sincères. » Diane va grandir éloignée de sa mère, et grandir en développant des relations complexes avec les autres femmes qu’elle va rencontrer ; Elisabeth, devenue meilleure amie, Olivia, son enseignante, et Célia, sa petite sœur.

Au final, un roman qui m’a bien plu. Les personnages sont complexes et l’intrigue est construite de manière élaborée, sans trop partir dans des digressions oniriques. Un très bon moment de lecture avec ce cru 2017 qui fait partie de mes préférés de l’auteure.

jeudi 9 octobre 2025

C’était notre maison, Marcus Kliewer (Charleston, 10/2025)


 


C’était notre maison, Marcus Kliewer (Charleston, 10/2025)

💙💙💙💙

Cap sur une nuit d’angoisse ! Alors qu’Eve et Charlie viennent d’acheter une maison à retaper, voilà qu’une famille sonne à la porte et demande à la visiter. En effet, le père de famille, Thomas, y a passé son enfance et alors qu’ils passent devant la demeure, il lui prend l’envie de la faire découvrir à ses enfants.

« Espérait- il qu'elle leur proposerait d'entrer ? C'était bien la dernière chose dont elle avait envie. Sa compagne, Charlie, serait de retour d'une minute à l'autre - l'emploi du temps de leur soirée était déjà fixé : manger les restes de poulet et jouer au "Scrabble bourré". Une famille d'inconnus parcourant la maison cadrait mal avec ce programme. » En voyant la famille sur le palier de sa maison, Eve est prise d’un malaise ; que va penser Charlie, sa compagne au caractère bien trempé ?

« Alison croyait être le jouet de quelque chose dans la maison, ou de la maison elle- même. D'un phénomène qui modifiait peu à peu sa réalité. » Thomas, en visitant la maison dans laquelle il s’est finalement incrusté, raconte l’histoire de sa mystérieuse sœur, qui semble avoir vécu un passé dramatique…

« Essaye juste de...
Qu'elle essaye de faire quoi ? De s'échapper ? De rester calme ? D'empêcher la résurrection de Cthulhu ?
 » Depuis la visite de la famille Faust, Eve se retrouve confrontée à d’étranges phénomènes tous plus terrifiants les uns que les autres. Que se passe-t-il vraiment ?

Au final, un roman qui m’a très vite captivée. Je ressentais l’angoisse grandissante d’Eve au fur et à mesure des pages – et des heures. Les documents insérés entre les chapitres ont semé le doute dans mon esprit, mais aussi quelque peu décrochée du récit au fur et à mesure. Malgré une fin que j’ai trouvée alambiquée, j’ai beaucoup aimé cette lecture qui m’a fait frissonner puis m’a interrogée. 

samedi 4 octobre 2025

Silence, Tome 5, Yoann Vornière (Kana, 07/2025)

 



Silence, Tome 5, Yoann Vornière (Kana, 07/2025)

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Un tome que j’attendais avec impatience ! J’avais hâte de retrouver Lame et de voir ce qui allait arriver à Lune, tout en suivant l’évolution d’Ocelle !

« Comment vaincre un monstre... qu'on ne peut pas toucher ? Il suffit de l'enterrer. » La violence est de mise dans ce tome où les règlements de compte sont légion. Cime est de nouveau impressionnant ; mais détient-il la vérité ?

Au final, j’ai beaucoup aimé ce tome qui nous apporte deux révélations qui laisse présager de nombreux rebondissements par la suite ! Les dessins sont toujours aussi extraordinaires ! Et que dire de cette jaquette brillante exclusive réservée au premier tirage ! Le tome 6, vite !!!


Terres promises, Bénédicte Dupré Latour (Pocket, 08/2025)

 



Terres promises, Bénédicte Dupré Latour (Pocket, 08/2025)

🐎🐎🐎🐎

Cap sur l’Amérique du XIXème siècle, la ruée vers l’or et la Conquête de l’Ouest. Nous y rencontrons une poignée de personnages dont l’histoire, à un moment donné, croisera le parcours de l’un ou de l’autre…

« Eleanor Dwight remontait ses bas reprisés, des bas qui ne connaissaient que la grande salle et le lit, le lit et la grande salle. Elle s'observa dans le petit miroir qu'elle tenait de Wendy Sparrow, sa chère sœur de silence. Elle l'aimait plus encore que son propre sang. Sœur de misère, sœur des mauvais temps. » Le roman s’ouvre avec le personnage d’Eleanor. On découvre sa misérable condition de prostituée au milieu des chercheurs d’or qui dépensent leurs trouvailles aurifères pour quelques instants de douceurs. Les portraits suivants nous permettront de mieux comprendre le parcours de cette pauvre femme.   

« Toi, mes frères, tous ceux qui jouissent d'être des conquérants, vous êtes tous des usurpateurs, des traitres. Mais tu le sais aussi au plus profond : les possessions finissent toujours par nous posséder. Désormais, tu es prisonnier de tes terres. Tu es prisonnier de Mère. Et tu pleures, le visage enfoui dans les robes de Susan. » Ces colonisateurs venus du Vieux continent ont de bien grandes espérances. Mais au milieu d’une nature hostile, les instincts bestiaux réapparaissent. Les premières victimes ? Les femmes. Puis les enfants.

« La vie n'était pas finie, elle ne s'arrêtait pas là, dans ce bourg minuscule, aux ambitions minuscules, où l'on n'avait le choix que du labour ou du bétail. La terre ou la viande, voilà ce qu'offraient les grandes perspectives de ces paysages infiniment plats, où l'horizon se dévidait à perte de vue, comme s'il n'y avait plus rien à découvrir. » Partout sur Terre, le constat est le même : il faut travailler pour pouvoir survivre. Les pépites découvertes ne feront la fortune que de quelques- uns. Les autres se perdront dans l’alcool ou dans des confrontations avec ceux qu’ils qualifient de « sauvages ».

Au final, un roman choral qui donne la parole à divers protagonistes qui sont mis en scène dans le cadre de la Ruée vers l’or. Les hommes sont réduits à leurs instincts les plus bestiaux, et les femmes ne sont plus que des pantins sur lesquels on s’allonge. Une crudité dans les propos, une poésie dans le style et un air de vérité dérangeante qui, cumulés, font qu’on dévore ce roman aux allures de western.

dimanche 28 septembre 2025

Le TDAH raconté aux enfants, Ariane Hébert (Editions de Mortagne, 10/2025)

 



Le TDAH raconté aux enfants, Ariane Hébert (Editions de Mortagne, 10/2025)

💚💚💚💚💚

Un nouveau guide toujours aussi intéressant et instructif. En tant qu’enseignante, j’aime beaucoup les guides de cette collection publiée aux éditions de Mortagne car ils sont particulièrement complets et accessibles, d’autant plus qu’ils traitent ces troubles neurologiques qui touchent de plus en plus d’élèves.

« Je suis naturellement enjoué et de bonne humeur, mais il m'arrive souvent de me fâcher soudainement pour un rien. Ma colère me prend par surprise et je la sens monter à l'intérieur comme la lave bouillante d'un volcan prêt à exploser. » Tout d’abord, le guide fait un état des lieux, sous forme d’une histoire illustrée qui permet à l’enfant de s’identifier au personnage principal. J’ai bien aimé les références eux animaux qui prêtent leurs particularités aux diverses manières d’expression des troubles.

« Utilise un journal d'émotions. Note ce que tu ressens dans un carnet chaque fois qu'une situation te bouleverse. Mettre des mots sur tes émotions peut t'aider à les comprendre et à trouver des moyens de les gérer plus efficacement. » Puis viennent les « Trucs et astuces » qui donnent des conseils concrets, à appliquer selon ses goûts et capacités.

« Le TDAH peut donc agir sur ta capacité à recevoir certaines informations ou ton aptitude à freiner certaines réactions spontanées. Les grands coupables sont tes neurotransmetteurs. » Enfin viennent les explications scientifiques, vulgarisées pour que tout le monde comprenne bien les tenants et les aboutissements du trouble en question.

Au final, un guide vraiment pratique. J’ai pioché quelques astuces que je mettrai en place dans ma classe. Un indispensable pour les parents d’enfants concernés et pour le personnel enseignant ou d’éducation.  

samedi 27 septembre 2025

Tu comprendras quand tu seras plus grande, Virginie Grimaldi (Le Livre de poche, 2017)

 



Tu comprendras quand tu seras plus grande, Virginie Grimaldi (Le Livre de poche, 2017)

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Quand j’ai une petite baisse de moral, je sais que Virginie Grimaldi saura me mettre du baume au cœur. En suivant Julia dans son nouveau job de psychologue en maison de retraite, j’ai pu monter à bord d’un ascenseur émotionnel allant du rire aux larmes.

« La vue est splendide, c'est indéniable. Mais qualifier un mouroir de paradis me semble pour le moins optimiste. Pour la millième fois, je me demande ce que je suis venue faire ici. » Julia a accepté un nouveau poste de psychologue dans une maison de retraite située à Biarritz. L’occasion de se retrouver après une période de deuil et une séparation douloureuse. Mais aussi un moyen de se retrouver sur ses terres d’origine, après avoir passé plusieurs années dans la capitale.

« C'est moi la psychologue, mais j'ai l'impression que les résidents m'apportent bien plus que le contraire. » A force de demander aux aïeux s’ils vont bien, Julia se reconstruit un état d’esprit plus paisible. Il faut dire que ces papys et mamies sont de véritables philosophes de la vie, voire même de sacrés farceurs (mention spéciale à Gustave !)

« Je n'aime pas les vieux. Si je veux être totalement exacte, ce n'est pas que je ne les aime pas, même si je ne peux pas dire que je les aime, c'est qu'ils me font peur. Ils tutoient la mort, et moi, je préfère la vouvoyer. » En acceptant ce travail, c’est pour Julia l’occasion de se confronter à sa plus grande peur : la peur de perdre ses proches.

Au final, un roman qui se lit tout seul grâce au talent narratif de Virginie Grimaldi. Le personnage de Julia m’a énormément touchée. J’ai ri et j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai même appelé ma maman, moi aussi… 

lundi 22 septembre 2025

Mystère en Belgique : l’Ombre des égouts, Salvatore Minni (Auzou, 08/2024)

 



Mystère en Belgique : l’Ombre des égouts, Salvatore Minni (Auzou, 08/2024)

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Cap sur Bruxelles et son Musée des égouts (si, si, il existe !). Lisa et Luca y sont emmenés en excursion, dans l’optique de mieux connaître l’histoire de leur ville. Mais voilà… la sortie scolaire ne va pas du tout se dérouler comme prévu !

« Pourtant, sur le site de la ville de Bruxelles, tout était fait pour rendre la visite ludique. Un petit rat tout mignon se présentait et racontait l'histoire des égouts. "Prêt pour l'aventure ? Alors, suis- moi. Nous partons à la découverte du Musée des égouts de Bruxelles.", disait-il du bout de son museau. » L’eau de la Senne a été contenue sous des kilomètres de terre et de pierres pour développer la capitale de la Belgique ; un lieu obscur, humide et charriant un nombre incalculable d’immondices : un régal pour les rats ! Mais un cauchemar pour Samantha, la meilleure amie de Lisa !

« A mesure qu'ils s'avançaient dans les couloirs sinueux des égouts, des chuchotements inintelligibles continuaient à flotter dans l'air, comme des murmures provenant d'une autre réalité. » Bien évidemment, avec Lisa et Luca, le lecteur va se retrouver dans une situation étrange et frôlant l’irréel : les couloirs des égouts vont se transformer en labyrinthe et les lampes torches vont s’éteindre. Tout est réuni pour obtenir une ambiance inquiétante à souhait !

Au final, un roman pour la jeunesse qui sait très bien captiver son lecteur, car il peut facilement s’identifier à l’un des personnages du récit (les profs aussi d’ailleurs !). L’écriture est fluide et le rythme est dynamique. Par ailleurs, ce genre d’expédition est plutôt original et propice à toutes les mauvaises expériences, et c’est sûr, que nos jeunes aimeront s’y balader par procuration ! 

La maison vide, Laurent Mauvignier (Editions de Minuit, 08/2025)


 

La maison vide, Laurent Mauvignier (Editions de Minuit, 08/2025)

💙💙💙

Cap sur la rentrée littéraire, et même, sur la liste du Goncourt, avec Laurent Mauvignier, que je n’avais jusque là jamais lu. Un récit d’auto- fiction surprenant, où j’ai appris que ses ancêtres portaient le nom de Proust alors que le style syntaxique de l’auteur ressemble tellement à celui de notre Marcel éponyme !

« Quelqu'un, dans la famille, avec obstination et résolument, a choisi de tuer Marguerite symboliquement, comme si supprimer les gens des photos c'était les tuer mais surtout affirmer qu'on les tue, signer le geste de tuer en l'exhibant plutôt qu'en essayant de cacher les traces de son crime. » Le postulat de départ réside dans un mystère qui entoure les photos de la famille : pourquoi la tête de Marguerite y est- elle systématiquement coupée ?

« Les mots coulent de sa bouche mais assènent que sans un homme, c'est comme si aucune vie de femme ne valait rien ni ne pouvait rien. Sans les hommes, les femmes sont des ombres errantes et leurs voix se perdent dans la brume. Sans un homme pour lui montrer son chemin, la femme n'est qu'un spectre qui erre à la recherche de son foyer. » Les femmes de la famille sont des piliers, même si leur rôle est minoré. Jeanne- Marie, Marie- Ernestine et Marguerite ont toutes subi une voie qu’elles n’ont jamais pu choisir. Une fatalité à l’origine de bien des malheurs…

« Ce qui m'occupe l'esprit, ici, c'est comment ces histoires qui ont été obstinément tues ont pu traverser l'opacité du silence qu'on a voulu dresser entre elles et moi, pour arriver à se déposer dans ces lignes qui me donnent l'impression de les avoir menées à bon port et de pouvoir m'en libérer. » Le narrateur s’efforce de prendre de la distance, même si ses recherches ont vraisemblablement eu pour objectif de le rassurer sur les raisons qui ont poussé son père à se suicider. Mais cela s’avère difficile quand on est en bas de la lignée.

Au final, un roman de « grande littérature », dans lequel la langue et la syntaxe sont exemplaires. On y trouve des épithètes homériques (« le jeune homme trop gros », « la préposée aux confitures et aux chaussettes reprisées ») pour mimer la recherche des preuves tangibles qui permettront à l’auteur de comprendre ses ancêtres les plus proches. J’ai beaucoup aimé cette qualité d’écriture. Mais les digressions m’ont lassée, les paragraphes interminables et sans dialogue m’ont désintéressée de l’intrigue à plusieurs reprises. Un livre intéressant mais qui aurait dû être plus court pour me conquérir.

samedi 13 septembre 2025

Mystère en Belgique : Le Manoir hanté, Salvatore Minni (Auzou, 09/2022)

 



Mystère en Belgique : Le Manoir hanté, Salvatore Minni (Auzou, 09/2022)

👻👻👻👻

Cap sur la capitale de la Belgique pour mener une étrange enquête aux côtés de Lisa et Luc. Agés respectivement de dix et douze ans, ces enfants, frère et sœur, vont découvrir que la nuit, une lumière s’allume dans le manoir qui jouxte leur maison. Or celui- ci est en ruines et abandonné depuis bien longtemps…

« Pourtant, la voix de Lisa résonnait encore dans sa tête. "J'ai vu de la lumière". » Le récit s’ouvre sur l’interrogation de Lisa, qui a vu une fenêtre s’éclairer dans le manoir abandonné voisin. Elle s’en inquiète immédiatement auprès de son grand frère, qui lui, demeure sceptique…

« Elle était convaincue que ce manoir cachait quelque chose. Une part d'elle avait peur aussi. Et s'il s'agissait de fantômes ? Ou d'une sorcière ? Elle avait entendu toutes sortes de légendes autour de ce bâtiment. » Lisa est obsédée par sa découverte. Elle ne peut s’empêcher d’en parler à Samantha, sa meilleure amie, qui a elle aussi entendu de drôles de légendes à propos de la bâtisse impressionnante de style Art nouveau.

« Chacun dans ses propres réflexions. Lisa combattait son envie d'abandonner sa "mission". Luca, lui, culpabilisait de ne pas être plus courageux. » Et puis un soir, Lisa parvient à convaincre Luca de l’accompagner dans la mystérieuse demeure voisine. Mais Luca, qui veut jouer les gros bras de grand frère, n’est pas aussi courageux qu’il en a l’air.

Au final, un roman jeunesse qui se lit facilement et avec intérêt. J’ai lu le prologue et le premier chapitre à mes élèves de 5ème et ils ont été complètement captivés. Une bonne histoire avec de jolies valeurs partagées.

vendredi 12 septembre 2025

Un simple dîner, Cécile Tlili (Le Livre de poche, 08/2025)

 



Un simple dîner, Cécile Tlili (Le Livre de poche, 08/2025)

💙💙💙💙

Cap sur Paris, un soir d’août caniculaire, dans l’appartement d’Etienne et Claudia qui reçoivent leurs amis Johar et Rémi pour le dîner. Leur amitié n’est pas une franche camaraderie puisque seuls Etienne et Rémi ont vécu quelques années de complicité durant leurs années étudiante. Mais ce soir est particulier car il y a des enjeux autour de ce repas, mais au fur et à mesure de la soirée, les choses ne vont pas se passer comme espéré…

« Ne pas affronter les regards curieux ou indifférents, s'éviter la gêne de détecter l'ombre de l'ennui dans les yeux de ses interlocuteurs dès qu'elle prononce quelques mots. Elle a, bien sûr, toujours la possibilité de se taire : se taire, sourire, rire aux plaisanteries des autres. Mais elle sait qu'ils la jugeront plus cruellement encore, Claudia, la potiche, la fille sans intérêt. » L’épouse d’Etienne est d’une timidité maladive, au point de rougir au moindre regard porté sur elle. Alors là, ce soir, se donner en spectacle en tant que maîtresse de maison ne lui convient absolument pas.

« Etienne met toute la séduction de sa gueule d'acteur au service de son numéro de flatterie, ses yeux gris plongés dans les siens, l'épaisseur sensuelle de ses lèvres qui dévoile ses dents d'une blancheur impeccable, comme autant de cadeaux qu'il lui offrirait. Il a toujours été terriblement doué pour cet exercice. » Etienne est un homme séduisant qui sait utiliser ses atouts pour obtenir tout ce qu’il veut. Ce soir encore, il a une idée derrière la tête et il ne pourra supporter le fait d’échouer.

« Elle les imagine, tous ces hommes- là - toujours plus vieux, toujours plus blancs, toujours plus hommes qu'elle - en rang devant elle avec leur costume impeccable, leurs bonnes manières, leur parcours tristement linéaire, et elle rêve du triomphe de la fille d'immigrés sur tous ceux dont la carrière était écrite dès le berceau. » Johar arrive en ayant la tête ailleurs. Après des années à se donner un mal considérable pour se sortir de sa condition de fille d‘immigrés, la voici à un tournant de sa carrière. Ce soir, elle doit prendre une décision.

Au final, un court roman qui commence doucement, sur des amabilités, puis qui prend un tournant décisif lorsqu’un téléphone s’échappe d’une poche. Une ode à la femme de notre époque, faible et forte à la fois, servie par une très belle écriture.

mercredi 10 septembre 2025

Un amour infini, Ghislaine Dunant (Albin Michel, 08/2025)

 


Un amour infini, Ghislaine Dunant (Albin Michel, 08/2025)

🌋🌋

Cap sur Tenerife, en 1964. Louise rencontre Nathan, astrophysicien, ancien professeur de son mari, Pierre. Alors que celui- ci avait organisé le rendez- vous, le voilà appelé sur une urgence liée à son travail ; sa femme et son ancien enseignant dîneront donc sans lui.

« A l'époque, il avait regardé longuement ce portrait, fasciné par la douceur des traits de ce visage, le charme qui se dégageait d'un sourire à peine esquissé et d'une pointe de mélancolie dans le regard, la luminosité de son visage était frappante. » Nathan est surpris par le maintien de ce rendez- vous avec une femme qu’il n’a connu que par courrier, Pierre lui ayant envoyé une photo de sa jeune épouse quelques années plus tôt. Que dire ? Comment meubler le temps du repas lorsqu’on ne se connaît pas ?

« L'être humain n'aurait- il pas en lui une part de la vie de sa planète ? Il doit bien y avoir une continuité entre nous et la Terre qu'on habite, ses forces essentielles. » Nathan est un scientifique passionné par les espaces naturels primaires. Et quand il se rend compte de la sensibilité de Louise face à l’environnement volcanique de l’île, il va lui proposer de la suivre dans ses pérégrinations. Ce que la jeune femme va accepter.

« Avec Nathan, tout est simple. Deux, trois mots, c'est tout, les choses arrivent, les changements se font, elle suit ses initiatives et se sent libre. » Louise, aux côtés de Nathan, découvre un espace de liberté et de compréhension qu’elle n’avait jamais connu auparavant. Mariée deux fois, mère de trois filles, elle s’est longtemps oubliée dans un rôle qui la cantonnait à la gestion du quotidien familial. Cette parenthèse de trois jours signera pour elle le départ d’une nouvelle vie intérieure.

Au final, un roman trop lent à mon goût, mais porté par une écriture sensible et poétique. J’avoue avoir lu en diagonale les nombreux passages descriptifs et m’être contentée de lire ce que j’ai trouvé essentiel, à savoir les paragraphes consacrés aux réactions des personnages.

mardi 9 septembre 2025

L’homme qui lisait des livres, Rachid Benzine (Julliard, 08/2025)


 

L’homme qui lisait des livres, Rachid Benzine (Julliard, 08/2025)

💗💗💗💗

Cap sur les ruines de Gaza, auprès de ce vieil homme passionné par les livres. Pour le coup, c’est vraiment la couverture de ce livre qui m’a attirée et donné l’envie de le lire. Ce vieux monsieur qui est représenté en pleine lecture sur un trottoir qui mène à un antre minuscule envahi par des tas de livres, c’est Nabil, qui va nous raconter sa vie à travers le narrateur, qui exerce le métier de photographe pour un journal français.

« Le monde paraît suspendu autour de lui. Des doigts longs, maigres, presque tordus touchent le papier, cajolent les mots. Ils portent la patine de ceux qui tournent des pages depuis toujours. » Notre narrateur est un photographe - journaliste envoyé dans les rues meurtries de Gaza. Alors qu’il cherche des éléments susceptibles de correspondre à l’article qu’on lui a commandé, il tombe sur un homme en pleine lecture, entouré de livres aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de ce qui représente sa petite boutique. L’occasion d’entrer en contact avec un autochtone qui a choisi de croire au pouvoir des mots.

« Chaos, humiliation, destruction. Toute leur vie, bien des Palestiniens n'auront connu que ce traitement. Et toute leur vie également, bien des Israéliens ne se seront représenté les Palestiniens que comme des terroristes. Ces images inversées expliquent l'impossible réconciliation. » Nabil va prendre le temps de raconter son itinéraire, entre parents de confessions différentes, exils et reconstructions difficiles sur des terres qui ne seront que provisoires.

« Il sait que chaque personne a besoin de temps, de moments de silence, pour que le livre trouve son chemin. » Nabil, malgré son histoire dramatique et mouvementée, garde une confiance constante dans la littérature, la magie de la poésie et l’universalité des émotions transmises par les mots.

Un récit plein de poésie qui se veut universel par l’utilisation conjointe des pronoms « je », « tu », « il », « nous ». Un conte, dans lequel le monstre est représenté par l’allégorie de la guerre ; ou une fable dont la morale serait de lire, toujours lire, pour comprendre les enjeux du monde et de l’humanité. Peut- être aussi, éviter les conflits. Inspirant. 

vendredi 5 septembre 2025

Norferville, Franck Thilliez (Fleuve éditions, 05/2024)

 


Norferville, Franck Thilliez (Fleuve éditions, 05/2024)

💙💙💙

Cap sur le Grand Nord, terre de tant d’aventures mémorables mais souvent douloureuses. C’est à Norferville, petite ville d’exploitation minière, que Léonie Rock a grandi, mais aussi vécu un traumatisme violent qui a transformé la femme qu’elle est devenue. Alors qu’elle est devenue lieutenant de la sécurité du Québec, la voilà renvoyée dans ses terres, qu’elle avait jadis fuies avec l’espoir de ne jamais y revenir. Là- bas, on compte sur elle, sur ses origines autochtones, pour lever le voile sur le massacre d’une jeune française qui y a été perpétré.

« Dans la plupart des affaires de crimes en série, il existait un fil. Un lien qui permettait de répondre aux questions suivantes : pourquoi l'assassin avait- il sélectionné ces victimes- là en particulier ? Quel détail avait scellé, à un moment donné, le sort de la future proie ? Un lieu ? Un regard ? Une photo sur Internet ? » Thierry Schaffran, criminologue à Lyon, aide la Police grâce à ses capacités d’analyse. Il n’hésite pas à payer de sa peau pour coller au plus près des pervers qui basculent vers le crime.

« Un berceau de violence dans lequel Norferville semblait avoir jailli du fond des Enfers. » Alors que Léonie Rock retrouve les terres qui l’ont blessée à jamais, Thierry, lui, vient sur place pour identifier le corps meurtri et mutilé de sa fille…

« Le tueur voulait qu'on découvre le cadavre. Il revendique son crime, et il défie les autorités. Il vous défie, vous. » Notre duo va très vite se retrouver confronté à une espèce d’omerta. Les forces de l’ordre locales sont l’image parfaite de l’Américain blanc suprématiste et les autochtones veulent conserver leur tranquillité à tout prix. Difficile pour nos deux enquêteurs de poursuivre leurs investigations de manière sereine et efficace dans ce silence étouffant.

Au final, un thriller que j’ai trouvé un peu lent à prendre ses marques… J’ai eu du mal à accrocher au récit pendant le premier tiers parce que les personnages ne m’étaient pas sympathiques. Et puis les actions, et les secrets, qui vont se dérouler à Norferville par la suite, m’ont un peu plus intéressée. Mais ce ne sera pas le meilleur Thilliez pour moi !  

dimanche 31 août 2025

Comme un père, Christian Authier (Les éditions du Rocher, 08/2025)

 



Comme un père, Christian Authier (Les éditions du Rocher, 08/2025)

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Une très belle surprise de cette rentrée littéraire ! C’est grâce à ma libraire que j’ai lu ce roman, un peu perdu dans la masse des nombreuses nouveautés. Une belle découverte, lue en seulement deux jours, tellement le récit m’a captivée !

« De quoi parle-t-on avec lui ? Comment appelle-t-on un tel individu ? Un salopard ? Une ordure ? Un fou ? » Alexandre, la vingtaine, mène une vie routinière entre rédaction d’articles culturels pour un journal et balades dans la ville de Toulouse avec ses amis. Le jeune homme fait partie des privilégiés puisqu’il a hérité un logement et des fonds de sa famille appartenant à la haute bourgeoisie française. Mais malgré tout, Alexandre a grandi comme un orphelin ; son père a disparu de sa vie alors qu’il avait cinq ans, et sa mère est décédée alors qu’il était adolescent. Alors quand son père resurgit comme si de rien était, c’est un grand chambardement dans sa vie.

« Alexandre buvait les paroles de ces anciens combattants du dérisoire, grands gamins qui en vieillissant essayaient de retarder la marche du temps tout en constatant que leurs retours dans le passé ne faisaient que souligner à quel point celui- ci s'éloignait chaque jour un peu plus. » En retrouvant son père, c’est tout un univers que va découvrir Alexandre. Les copains qui ont vécu mille anecdotes dans le cadre d’affaires obscures aux quatre coins du monde vont animer bien des soirées des retrouvailles père- fils !

« De quoi héritait- on de ses parents au- delà éventuellement du physique ? Du caractère, des sentiments, de gestes ? Etaient- ils transmis par les gênes, le mimétisme, l'éducation ? » De manière générale, Alexandre va se poser des questions sur l’héritage naturel des liens familiaux. Quand on a si peu connu ses parents, comment se situer dans son histoire personnelle…

Au final, un récit tellement vrai, sincère, que c’en est émouvant. J’ai vraiment été touchée par les personnages d’Alexandre et de son père, Patrick. L’auteur leur construit une parenthèse de vie basée sur des référentiels différents, dus aux aventures paternelles aussi farfelues que possible. Un roman générationnel attachant et très bien écrit.  

mercredi 27 août 2025

Miss Islande, Audur Ava Olafsdottir (Zulma, 10/2022)

 


Miss Islande, Audur Ava Olafsdottir (Zulma, 10/2022)

💙💙

Cap sur l’Islande, pays où je rêve d’aller, pour suivre un pan de la vie d’Hekla, jeune femme de vingt et un ans, qui quitte la demeure familiale pour mener sa vie de romancière en herbe. Mais nous sommes en 1963, et les femmes qui s’écartent d’un quotidien d’épouse et mère ont bien du mal à trouver leur place, encore plus auprès des poètes locaux…

« Toi, tu étais transformée. Tu avais fait un voyage. Tu t'exprimais différemment. Tu parlais la langue des éruptions, tu employais des mots comme sublime, prodigieux et titanesque. Tu avais découvert le monde, tu regardais le ciel. Tu as pris l'habitude de disparaître. Nous te retrouvions allongée dans les champs, à observer les nuages, ou en hiver, sur une congère, à contempler les étoiles. » Hekla porte le nom d’un volcan ; son père étant passionné par les éruptions volcaniques qui sont légion en Islande. Et de fait, la petite fille se montre très tôt en osmose avec la nature ; une attitude contemplative qui va la mener à l’écriture de poèmes… qu’elle parviendra à publier, mais sous un pseudonyme masculin.

« La plupart des hommes qui aiment les garçons sont pères de famille, ils ne sont homosexuels que le week-end. Ils se marient pour cacher ce penchant contre- nature. Leurs femmes sont au courant. » Le meilleur ami d’Hekla, Jon John, ne trouve pas sa place dans la société islandaise, du fait de son homosexualité. Ses missions de marin le confrontent, de plus, à une homophobie exacerbée de la part de rustres islandais. Ce garçon hypersensible ne trouve du réconfort et de la tendresse qu’auprès d’Hekla.

« Les hommes naissent poètes. Ils ont à peine fait leur communion qu'ils endossent le rôle qui leur est inéluctablement assigné : être des génies. Peu importe qu'ils écrivent ou non. Tandis que les femmes se contentent de devenir pubères et d'avoir des enfants, ce qui les empêche d'écrire. » La meilleure amie d’Hekla, Isey, aime aussi s’épancher sur le papier, mais elle est mariée et mère de bientôt deux enfants. Impossible d’envisager l’écriture d’un roman dans ces conditions….

Au final, un roman que j’ai trouvé original par le constat qu’il fait de la condition de la femme, et plus particulièrement de la femme romancière au XXème siècle. Mais je me suis ennuyée… Et le style « minimaliste » des phrases (sujet -  verbe – complément) ne m’a pas plu. C’est dommage parce que le personnage d’Hekla méritait d’être plus élaboré.

samedi 23 août 2025

Tant mieux, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2025)


 

Tant mieux, Amélie Nothomb (Albin Michel, 08/2025)

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Le Nothomb, cru 2025 vient de sortir. Et si je l’ai boudée dans les années 2010, j’ai renoué avec elle depuis quelques petites années pour le meilleur… et pour le pire. Mais heureusement, cette année, ça a été pour le meilleur ! Amélie Nothomb nous a livré ici un récit prenant, émouvant et de grande qualité stylistique !

« Il se produisit un glissement dans son esprit, l'univers perdit son assise sous elle et elle fut foudroyée par une découverte miraculeuse qui tenait en deux mots : tant mieux. » Adrienne est une enfant de quatre ans qui, si jeune, va devoir passer un été avec sa grand-mère maternelle à Gand. Une aïeule acariâtre, incapable d’aimer ses semblables, au point de les confronter à des situations ignobles, alors qu’elle voue une vénération sans borne à l’espèce féline. Comment trouver sa place dans un tel disfonctionnement émotionnel ?

« Elle n'avait jamais reçu ce dont un enfant a le plus besoin : de la considération. C'est encore plus important que l'amour. Être regardé pour ce que l'on est, c'est cela, être considéré. » Astrid, cette mère remarquable par sa beauté va faire de l’ombre à ses propres filles. Jacqueline et Adrienne se soutiennent en tant que sœurs, mais le manque d’amour, de considération fait naître des questionnements sur l’origine de ce rejet maternel. Faut- il être belle, intelligente, éduquée ? Le flou parental empêche les filles de devenir « femmes ».

« - Ma chérie, tu peux mentir, mais je t'interdis de devenir cinglée. » Le récit se resserre sur des dialogues intra- familiaux, puis sur les confessions de l’auteure, qui passe du « elle » narratif au « je » quand vient l’heure des confessions. Un moment prenant, très émouvant de vérité quant à l’amour d’Amélie pour ses parents.

Au final, un cru excellent. Outre la qualité narrative et lexicale, ce roman exprime des sentiments exacerbés de la part d’une enfant extraordinairement éclairée et mâture, capable d’analyser les rapports humains dans leur complexité, grâce au regard rétroactif de l’auteure adulte. Les bons et les mauvais côtés parentaux sont exprimés avec un jugement certes enfantin, mais tellement criant d’une vérité universelle que l’on ressent, tous, au plus profond de soi. Merci Amélie !

vendredi 22 août 2025

Surface, Olivier Norek (Pocket, 2019)

 


Surface, Olivier Norek (Pocket, 2019)

💙💙💙💙

C’est parce que France 2 diffuse l’adaptation de ce roman policier en six épisodes cette semaine que je me suis décidée à le sortir de ma PAL. Pourtant, je regarde très peu la télévision, mais ici, le tournage de la série a été réalisé dans la ville de Mazamet, que je connais très bien. Ma curiosité a donc été fortement titillée !

« J'ai plusieurs patientes en une même personne. Un flic qui risque de ne jamais retrouver son service. Une femme qui risque de ne penser qu'elle ne séduira plus. Une entité adulte qui doit découvrir le visage d'une étrangère et vivre avec. Et une gamine qui doit être morte de peur. » Noémie Chastain est capitaine de police, chef d’un groupe d’intervention dans le service des Stups. Un matin, la mission tourne mal et la jeune femme se retrouve gravement défigurée. Son quotidien va en être brutalement modifié : elle se voit obligée de quitter le 36 pour un petit commissariat en Aveyron, son petit- ami lui tourne le dos et sa confiance en elle est profondément ébranlée. Seul un psy, Melchior, parvient à la soutenir et la faire avancer dans sa nouvelle vie.

« Vous n'avez pas l'impression d'être dans un jeu spécialement créé pour vous ? Un profil intact pour un charmant village, l'autre profil blessé, pour un village sous l'eau qui réveille des souvenirs horribles. » Le commissariat de Decazeville tourne au ralenti depuis des années, au point de risquer d’être fermé. Noémie vit un nouveau choc ; elle qui aimait l’action et la vie trépidante de Paris se retrouve très vite à s’ennuyer auprès de ses nouveaux collègues. Quelques semaines après son arrivée, un cadavre va être découvert, et Noémie va pouvoir réendosser son uniforme d’enquêtrice hors pair.

Au final, j’ai beaucoup aimé cette histoire basée sur des secrets gardés au fond d’un village enfoui sous les litres d’eau retenus par un barrage. Le personnage de Noémie est, de plus, très attachant et l’auteur sait utiliser son profil psychologique pour amener l’enquête à poursuivre son évolution vers la reconstruction. Une bonne histoire policière originale.


mardi 19 août 2025

Comment te croire ? Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 03/2024)

 



Comment te croire ? Pétronille Rostagnat (Harper Collins, 03/2024)

Croyez- vous à la réincarnation ? Si ce n’est pas le cas, Pétronille Rostagnat risque de vous faire changer d’avis grâce à cette enquête flirtant avec des croyances ancestrales, rondement menée, et passionnante ; personnellement, je l’ai lue d’une traite !!!

« Sa petite- fille était dotée d'une grande sensibilité, et ce depuis la naissance. Elle semblait percevoir des choses qui la dépassaient, elle ainsi que son entourage. » Jean, flic récemment à la retraite, a passé une partie de sa carrière à tenter de retrouver des personnes disparues mystérieusement. Un cas lui a toujours tenu à cœur, celui d’Alice, une adolescente disparue sept ans plus tôt. Quand sa petite- fille, Célia, six ans, lui parle de la disparue, qui semble la visiter dans ses rêves, le papi perd ses repères.

« Alors, oui, certains ont crié à la manipulation de l'enfant, mais James semblait bien avoir des souvenirs d'une vie antérieure. Selon la pédopsychothérapeute qui l'a suivi, ce seraient souvent des enfants ayant été victimes de morts violentes lors de vies précédentes qui se souviennent. » Parce que les révélations de la fillette vont s’avérer troublantes, Jean va convaincre sa fille, Florence, d’aller voir une psychologue spécialisée dans les cas enfantins de réincarnation, pour comprendre les liens susceptibles de s’être créés entre sa petite- fille et l’âme d’une défunte. Troublant, et pourtant de nombreuses recherches sont réellement menées sur des enfants qui semblent « subir » une réincarnation, tel James Leininger, un garçon américain, que cite l’auteure. Un cas avéré.

« Il y avait un monde entre la conviction d'une petite fille de six ans et la confirmation d'un test ADN. » Malgré tout, dans la police française, on reste pragmatique et seules les preuves élaborées scientifiquement auront de la valeur dans ce cold case. Jean devra se montrer plus audacieux que ses collègues et fouiller là où jamais il n’aurait envisagé de le faire, pour enfin faire toute la vérité sur cette enquête qu’il avait tant à cœur de résoudre.

Au final, un roman policier mené de main de maître, avec des liens vers l’indicible sans que cela ne soit jamais ridicule ou risible. Les personnages sont attachants et l’enquête est passionnante ! 

La fille au pair, Sidonie Bonnec (Albin Michel, 02/2025)

 



La fille au pair, Sidonie Bonnec (Albin Michel, 02/2025)

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J’ai beaucoup aimé ce livre dont l’histoire m’a complètement désarçonnée. Je ne m’attendais pas du tout à une telle thématique ni à ce genre de dénouement. Je comprends tout à fait le succès rencontré par ce roman et j’espère vraiment rencontrer l’auteure au salon du polar de Lisle- sur- Tarn pour discuter avec elle de la part de vérité qui se trouve au sein de ce récit !

«Je demande à Virginie de me mettre en contact avec sa famille anglaise. ça n'a pas l'air de lui faire plaisir, sans doute qu'elle aimerait être la seule star de cette histoire, mais j'insiste, je la supplie. J'ai besoin de travailler, j'ai besoin de fuir. » Emmylou est au lycée quand elle perd sa meilleure amie, Morgane, qui s’est brutalement suicidée. Déprimée de se retrouver seule dans un coin paumé de Bretagne, elle prend la décision de proposer ses services en tant que fille au pair en Angleterre. Outre le fait de fuir le milieu prolétaire de ses parents, elle compte se perfectionner en anglais afin d’améliorer ses chances de réussite au concours d’entrée d’une école de journalisme.

« J'aime l'enfer en fiction, la vie qui dérape et t'engloutit. J'aime, quand en littérature, tout se met à boiter. » Férue de littérature noire et fantastique, Emmylou va peu à peu voir le quotidien de la famille anglaise, les White, qui l’emploie, s’assombrir au fil de secrets bien gardés et de comportements de plus en plus étranges… De quoi passer de la fiction à la réalité ?

« Pourquoi et comment tout s'est inversé ? Je suis tombée où ? Pourquoi ça m'arrive à moi ? Mes trois mois d'enfermement me tapent sur le système, la fatigue grignote mes nerfs et ma lucidité. » La jeune fille est curieuse et intelligente ; elle comprend vite que l’interdiction de sortir de la résidence où se trouve le domicile des White est lié à un désir de vivre cachés. Mais pourquoi ? Quels sombres secrets les habitants de Hidden Grove taisent- ils ? De quoi Lewis, l’aîné souffre-t-il en silence ?

Au final, un récit qui débute sur les rêves d’émancipation d’une adolescente et qui va prendre peu à peu de la densité pour dévoiler un univers machiavélique absolument sidérant par son côté abject. Bluffant ! J’espère que Sidonie Bonnec a d’autres histoires de cette trempe à nous proposer ! Je suis d’ores et déjà preneuse !


vendredi 15 août 2025

Wasurenagusa, Aki Shimazaki (Acte sud, 2003)

 


Wasurenagusa, Aki Shimazaki (Acte sud, 2003)

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Voilà des années que je n’avais plus lu cette auteure ; quelle erreur ! Ses histoires à la fois poignantes et pleines de délicatesse me touchent toujours autant. Dans ce tome 4 de la saga « Le Poids des secrets », nous sommes aux côtés de Kenji Takahashi, un homme désespéré par l’impatience de ses parents, qui appartiennent à une famille de haute lignée, qui insistent pour qu'il leur donne un héritier.

Mon père lui dit : "Tout ça, c'est grâce à Sono, qui est bonne avec les enfants." Pourtant, ma mère lui dit : "Elle est d'origine douteuse. Elle ne convient pas à notre famille." Kenji, le narrateur, ressasse sans cesse les doux souvenirs qu’il a partagés avec sa nurse, Sono. Après avoir été renvoyée par ses parents, celle- ci s’est exilée en Mandchourie, mais a gardé le contact avec lui en lui écrivant régulièrement.

« Je ne voudrais pas rester célibataire toute ma vie. Cependant, je ne suis pas encore prêt à accepter l'idée de me remarier : j'ai un gros problème. Tôt ou tard, je devrai "le" dire à mes parents. Cela me pèse beaucoup, plus que le problème lui- même. » Le père de Kenji vient d’une famille illustre dont le nom s’est transmis sur de nombreuses générations. Au Japon, cette transmission est une institution ; la famille y est une valeur sacrée. C’est pourquoi le jeune homme peine à avouer « sa » vérité à ses parents….

« Si vous plaisez à Mariko et que vous la demandez en mariage, je veux que vous teniez parole quoi qu'il arrive. Si cela ne vous est pas possible, veuillez la laisser maintenant. Je ne veux plus qu'elle soit jamais blessée. » Résigné à ne pas fonder de famille, Kenji tombe pourtant sur le charme de Mariko, une mère célibataire étant elle- même orpheline. Mais comment faire accepter cette idée du couple à des parents traditionalistes ?

Au final, Aki Shimazaki met en œuvre ses talents d’écrivain pour parler d’un mal sociétal que l’on ne retrouve pas uniquement au Japon. De nombreuses grandes familles tiennent à ce que leur nom et leurs richesses soient transmises de père en fils. Elle questionne également le statut de l’épouse, et celui de la fille ; qui restent éloignées de la transmission, quand elles ne sont pas accusées à tort d’une stérilité rédhibitoire. Inspirant et tellement beau.  

jeudi 14 août 2025

D’entre les morts, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2025)

 


D’entre les morts, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2025)

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Quel plaisir de retrouver les paroles de mon « chanteur » préféré, Papa Het, en exergue de ce roman ! Les paroles de « Wherever I may Roam » donnent le « la » de ce troisième tome des enquêtes du duo Venturi – Montalvert…

« Une détonation sèche.
La balle vint la frapper en pleine poitrine. Fauchée, la frêle jeune femme s'effondra. »
Dès les premières pages, voilà que ma psy de fiction préférée se retrouve terrassée. Quelle angoisse ! Alexis Laipsker a su me saisir en quelques lignes ; parce que non, ce n’était pas possible de me laisser en plan avec cette mort « sur ma conscience » !

« La terre brune, tapissée d'épines et de pommes de pin fit place à un sol craquelé et recouvert de cendres. Elle eut l'impression d'entrer en enfer. Elle ignorait encore que chacun de ses pas la rapprochait effectivement de l'enfer, le vrai. Celui des hommes. » Alors que des incendies font rage dans les forêts d’Occitanie, des jeunes femmes sont brutalement enlevées puis assassinées. Les enquêteurs peinent à trouver le lien qui les lie et qui serait susceptible de les mettre sur les pistes d’un tueur toujours prêt à recommencer.

« L'impensable se matérialisait.
De ce tas abominable, elle commençait à distinguer des formes. Elle s'essuya le front du revers de la main.
Des jambes, des bras. En partie calcinés.
Puis, crescendo, vint le bourdonnement atroce d'une multitude de mouches. Elles étaient si nombreuses que la scène paraissait floue. »
L’assassin nourrit une obsession particulière pour un profil de femme. Les scènes de crime qu’il laisse derrière lui sont abominables de cruauté. Venturi et Montalvert sauront- ils l’arrêter à temps ?

Au final, une histoire glauque mais captivante. Alexis Laipsker sait tenir son lecteur en haleine en lui servant uniquement les scènes d’action, à l’aide d’une écriture cinématographique parfaitement rodée. J’ai aimé encore une fois me laisser mener par le bout du nez, jusqu’à la révélation finale, bluffante !

lundi 4 août 2025

Les crédits, Damien Peynaud (Noir sur blanc, 08/2025)


 

Les crédits, Damien Peynaud (Noir sur blanc, 08/2025)

💛💛

Ce livre fait partie de la rentrée littéraire d’août 2025 et j’ai pu le lire en avant- première grâce à une Masse critique organisée par le site Babelio. L’auteur avertit le lecteur dans la 4eme de couverture ; ce n’est « ni une autofiction ni un témoignage ni un récit ». Pourtant, j’ai eu l’impression que le nœud de ce récit prenait bien son départ dans la propre vie de Damien Peynaud, entre une famille qui use des crédits à la consommation et un intérêt manifeste pour le cinéma (en lien avec la carrière de l’auteur).

« Les objets sont entrés par la porte de notre appartement, comme chez Berthier. Ils ont pris place. Je ne les ai pas tous vus entrer, mais j'ai vécu leur présence parmi nous. » C’est à l’occasion d’une soirée chez ses parents que le narrateur et son frère vont archiver des photos familiales. Par ces images, il va pouvoir constater que son père a été un acheteur compulsif et que ce comportement a été la cause de nombreuses souscriptions de crédits à la consommation, jusqu’à un étrangement financier mettant la famille en position de surendettement.

« Il n'y a pas d'avant. Je suis né, j'ai grandi avec le crédit et les crédits. Il n'est pas arrivé à moi par surprise. Il s'est lentement dévoilé, son sens m'a peu à peu pénétré. Ma mémoire a démarré avec le mot. » Le narrateur tente de rapprocher la situation de ses parents, employés tous deux, et donc, bénéficiant d’un salaire, de celle de Gérard Jugnot et de celle de Louis de Funès. Là, j’avoue que j’ai complètement décroché du récit…

Au final, une lecture intéressante dans le premier tiers, mais qui devient ennuyante par la suite. Je ne suis pas cinéphile et le rapport qu’entretiennent les acteurs et les réalisateurs avec l’argent m’indiffèrent au plus haut point. Par contre, ayant eu une famille qui a eu tendance à l’excès de souscriptions de crédits à la consommation, j’avais espéré lire une histoire dans laquelle j’aurais pu me retrouver, et comprendre – peut- être- cette nécessité d’avoir toujours plus que le voisin. Dommage.