mercredi 19 novembre 2025

Le Boyfriend, Freida McFadden (City éditions, 10/2025)

 


Le Boyfriend, Freida McFadden (City éditions, 10/2025)

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Je suis une lectrice influençable ; j’avoue. Je ne peux pas m’empêcher de lire les romans à la mode. J’ai ainsi craqué, comme beaucoup, sur la saga de « La Femme de ménage », et même si je reconnais que ce n’est pas de la grande littérature, je continue à lire les autres romans de l’auteure…

« L'Homme Mystère est sexy, c'est le moins qu'on puisse dire ! Il a une épaisse chevelure de jais, des yeux noirs comme du charbon et un regard d'une ardeur qui me foudroie une nouvelle fois. Sa mâchoire carrée lui donne un air de totale maîtrise et d'absolue confiance en soi. Son visage est d'une symétrie aussi parfaite que plaisante à regarder. Il porte un t- shirt noir qui met en valeur sa silhouette élancée et renforce l'intensité de ses yeux et de ses cheveux. » Sydney cherche désespérément le grand amour en multipliant les rendez- vous sur les sites de rencontre. Alors qu’elle va de déceptions en mésaventures, elle ne peut s’empêcher de se comparer à ses deux amies, Bonnie et Gretchen, qui viennent, elles, de trouver le prince charmant. Et si l’inconnu qu’elle rencontre ce soir-là pouvait être son âme sœur ?

« Néanmoins, plutôt que de détailler à Daisy la délicatesse des veines et artères de son cou, ce qui ne doit pas beaucoup l'intéresser, je choisis de lui prendre la main.
Elle a l'air ravie de la tournure des événements. Bien plus, j'imagine, que si je lui avais tranché la jugulaire d'un coup de couteau. »
Le récit bascule entre deux temporalités : l’époque contemporaine de Sydney et le passé de Tom, un lycéen attiré par le sang. Lorsque Tom intervient dans la vie de Sydney, tous les doutes sont permis et l’imagination du lecteur se met en branle…

Au final, une lecture addictive par moment malgré le côté « nunuche » affligeant de Sydney. Comme d’habitude, Freida McFadden nous fait croire à plusieurs pistes puis nous offre une fin tout à fait inattendue. Mais j’ai vraiment préféré « La Femme de ménage ».

vendredi 14 novembre 2025

Astérix, tome 41 : Astérix en Lusitanie, Uderzo & Goscinny, Fabcaro & Conrad (Hachette, 10/2025)

 



Astérix, tome 41 : Astérix en Lusitanie, Uderzo & Goscinny, Fabcaro & Conrad (Hachette, 10/2025)

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Qu’il est loin le temps où j’ai lu ma dernière BD d’Astérix ! Mais pourquoi ??? En lisant ce dernier opus, j’ai vraiment, vraiment beaucoup rigolé ! Une expérience qui me donne envie de me replonger dans cette saga si bien actualisée !

« Mais voilà que Mavubès est accusé d'avoir voulu empoisonner César avec son Garum ! C'est une aberraçao ! » Quand Boulquiès débarque en Armorique aux côtés du marchand Epéidemaïs, nos irréductibles Gaulois préférés se portent aussitôt volontaires pour aller l’aider : ils ne supportent pas l’injustice !

« Les gens n'ont qu'à manger du sanglier. Ce n'est jamais hors- saison le sanglier, ça pousse toute l'année. » Obélix découvre, avec bien des déconvenues, le régime lusitanien : de la morue à toutes les sauces ! Notre gourmand- gourmet va être déçu du voyage !

« - En plus, ça me fait un grand front...
- Mais non, c'est très populaire ici... Contente- toi d'avoir l'air lusitanien. »
Obélix, décidemment, va être bien malmené dans ce tome… Déguisé, décoiffé, le voilà qui doit se glisser dans la peau d’un Lusitanien ; accent compris !

Au final, beaucoup d’éclats de rire. J’ai toujours eu un faible pour le personnage d’Obélix et là, il tient clairement l’histoire sur ses larges épaules. J’ai beaucoup aimé les liens avec l’actualité de notre pays dans les préoccupations de nos célèbres Gaulois !

jeudi 13 novembre 2025

Le chien arabe, Benoît Séverac (La Manufacture de Livres, 03/2016)

 



Le chien arabe, Benoît Séverac (La Manufacture de Livres, 03/2016)

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Etrange coïncidence qui me fait terminer ce roman traitant du malaise identitaire chez des individus issus de l’immigration le jour où nous célébrons – tristement – le dixième anniversaire de l’attentat du Bataclan, le 13 novembre 2025. Benoît Séverac a plongé dans le cœur des cités de la banlieue toulousaine pour situer son intrigue et permettre à son lecteur de se frotter aux trafics divers et aux travers de ce qui se déroule dans le secret des caves.

« Là, elle dépose le chien à même le sol. Il est visiblement mal en point. Il ne bouge toujours pas et respire difficilement. Il faudrait qu'elle le montre à un vétérinaire le plus vite possible. » La jeune Samia, quinze ans, espionne son frère, caïd de la drogue au cœur de la cité des Faons où ils vivent. Cette adolescente sensible va prendre de gros risques en soustrayant à celui- ci l’un de ses chiens faisant office de mule. L’animal, blessé, est malmené, et Samia, qui n’écoute que son cœur, va appeler la vétérinaire de garde, Sergine Ollard. Une doctoresse qui ne va pas en rester aux explications simplistes de la gamine.

« Noureddine n'a que haine et mépris pour tout ce qui n'est pas lui. Il parle du respect qu'on lui doit à longueur de journée, mais n'en montre pour personne. » Le frère aîné de Samia est craint dans toute la cité des Izards. Il a construit sa réputation à coups d’actes violents et d’intimidations. La Police le garde à l’œil, mais le voyou est plus malin qu’il ne le montre….

« Hamid a beau essayer, il ne parvient pas, à l'instar de son frère aîné, à mépriser et détester tous ceux qu'ils appellent des mécréants : les Arabes occidentalisés et les Français qu'il faut considérer comme responsables de la situation des Beurs, sans exception. Hamid en connaît qui sont bien. » Hamid et Nejib sont deux frères qui pratiquent un islam radical, en secret, influencé par un imam qui leur fait croire à un paradis empli de délices s’ils se sacrifient.

C’est la rencontre de tous ces personnages, aux personnalités et aux desseins différents, qui va servir la trame rondement bien menée de cette enquête documentée intelligemment et toujours actuelle. Le personnage de Sergine est terriblement attachant. Et les revers qu’elle subit m’ont fait bondir ! Une lecture indispensable pour comprendre l’actualité.

dimanche 9 novembre 2025

Run, Blake Crouch (Gallmeister, 10/ 2025)

 



Run, Blake Crouch (Gallmeister, 10/ 2025)

💖💖💖💖

Je ne connaissais pas cet auteur américain avant que Babelio ne me fasse profiter d’une Masse critique pour le découvrir. Cap sur un univers que l’on peut situer entre « Mad Max » et « La Guerre des mondes » ; deux références cinématographiques volontairement choisies tellement l’écriture de l’auteur m’a permis de visualiser la fuite de Jack et sa famille vers un monde meilleur, et surtout, sûr.

« - Je ne sais pas, mais je ne peux pas l'arrêter, Dee. N'oublie pas que je t'aimais.
Il posa ses mains sur ses épaules nues, elle crut qu'il allait l'embrasser, mais immédiatement après elle fut propulsée à l'autre bout de la pièce. »
Une des premières scènes du roman est surprenante : un homme et une femme ont passé l’après- midi ensemble, dans le dos de leur époux respectif, quand tout à coup, l’amant réagit d’une manière des plus inattendue et violente. Que se passe-t-il ?

« Au début, c'était juste des bribes aux infos, mais ça attirait l'attention. Un meurtre. Un délit de fuite. Les dépêches ont continué à tomber, il y en avait plus chaque jour, des trucs de plus en plus violents, de plus en plus incompréhensibles. Et ça n'arrivait pas qu'ici. Partout dans le pays. » Dee rentre chez elle, auprès de sa famille. Les faits divers ne cessent d’être perpétrés. Seule la radio leur permet de se tenir peu ou prou informés. Quand, un soir, c’est l’adresse de la famille Colclough qui y est annoncée, les parents savent qu’il ne leur reste qu’une chose à faire : fuir, et le plus loin possible.

« Si Jack avait cru à l'enfer, il n'aurait pu imaginer pire que ce chœur de souffrance - des grognements, des geignements, des pleurs, des cris, des personnes mourant bruyamment, d'autres en silence, certaines maudissant leurs meurtriers, d'autres les suppliant de les épargner, ou de les achever, d'autres encore leur demandant simplement pourquoi. » Jack, Dee et leurs deux enfants, Naomi, quinze ans et Cole, sept ans, vont devoir affronter bien des obstacles pour rester ensemble et espérer trouver un endroit sûr où ils ne seront pas abattus par ceux qui semblent être « contaminés » par un désir violent de tuer.

Au final, un récit haletant. On vibre, on frémit pour Jack et sa famille. Il n’y a aucun temps mort et les atrocités se suivent, avec à chaque fois la crainte de voir l’un ou l’autre des membres de la famille subir le pire. L’auteur ne les épargne pas. Il m’a manqué un peu de profondeur dans les actions réalisées par les différents protagonistes de l’histoire pour que ce soit un coup de cœur. Mais je vais très vite lire les autres romans de cet auteur ; celui- ci étant son premier, daté de 2011, et réédité par les éditions Gallmeister en France. 

samedi 8 novembre 2025

La récolte des enfants, Nicolas Verdan (J'ai lu, 03/2025)

 


La récolte des enfants, Nicolas Verdan (J'ai lu, 03/2025)

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J’ai sorti ce roman de ma P.A.L. à l’occasion du challenge du Black november, organisé par Séverine, de la chaîne « Il est bien ce livre ». En effet, la consigne de cette semaine de lecture était de « lire un livre avec le mot « enfant » dans le titre ou avec un enfant sur la couverture ». Je ne m’attendais pas à un tel coup de cœur pour ce roman passé un peu en- dessous des radars littéraires…

« Tenez, prenons le mot turc "devchirmé" qui signifie le "ramassage" ou "la récolte". Dans l'Empire ottoman, jusqu'au début du XIXème siècle, ce mot renvoie à une pratique qui a marqué les populations chrétiennes des Balkans, d'Anatolie, d'Arménie et de Géorgie: le tribut du sang.
Un fonctionnaire ottoman accompagné d'une escorte militaire allait de village en village et ordonnait aux soldats d'emmener les fils aînés et les plus belles filles, les arrachant ainsi à leur famille. »
Evangelos, policier à la retraite, s’engage à rapatrier la voiture de sa fille depuis la Suisse jusqu’en Grèce, où cette dernière a décidé de revenir vivre avec son mari et leur fille. L’occasion pour ce sexagénaire intelligent et cultivé de partager ses réflexions sur l’histoire mouvementée de son pays avec le lecteur. Habituellement, je ne suis pas fan des passages historiques au cœur des romans, mais là, la plume de Nicolas Verdan a su me passionner !

« - Elle est sur Facebook, Instagram et tous ces trucs ?
- Oui, elle poste deux ou trois photos d'elle.
- Des photos ? Quel genre ?
- Elle prend des poses toutes sages dans des lieux de rêve, si tu veux savoir ! En retour, elle reçoit des fringue griffées et des produits de beauté gratuits. »
Le fil conducteur de ce roman réside dans la disparition de Zoï, la petite- fille d’Evangelos. L’adolescente, fan d’une influenceuse sur Instagram, semble avoir disparu suite à une « pseudo » rencontre avec cette dernière…

« Il y a tant de façon de basculer hors de l'enfance, et c'est toujours violent. La perte de l'innocence n'a pas d'âge limite. » Alors qu’Evangelos enquête sur la disparition de Zoï tout en ramenant la Tesla de sa fille en Grèce, les rencontres qu’il va effectuer sur son périple mouvementé vont lui faire prendre conscience de la fragilité de l’enfance. De toutes les enfances.

Au final, un roman qui se dévore grâce à une plume élaborée, cultivée sans jamais se montrer prétentieuse. J’aime toujours apprendre de mes lectures et là, j’ai été servie ! Par ailleurs, le personnage d’Evangelos est terriblement attachant ! J’avais envie de le serrer dans mes bras à la fin de l’histoire ! Un auteur doué que je vais suivre ! 

jeudi 6 novembre 2025

De fièvre et de sang, Cédric Sire (Harper Collins, 01/2024)

 



De fièvre et de sang, Cédric Sire (Harper Collins, 01/2024)

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Halloween, ces monstres, ces esprits torturés… et Cédric Sire ! Qui de mieux que cet auteur pour nous proposer une histoire très bien ficelée flirtant entre roman policier et conte horrifique ? Ici tous les ingrédients de ce fabuleux mélange se côtoient pour nous offrir un récit des plus troublants.

« La bête l'observait de ses petits yeux rouges, brillants, qui semblaient rassembler toute la méchanceté du monde, et dans lequel elle reconnut l'étincelle de folie qui avait brûlé dans le regard de Roman Salaville. » Alexandre Vauvert, de Toulouse, et Eva Svärta, de Paris, vont s’allier pour mener une enquête des plus troublantes : les frères Salaville ont massacré une bonne dizaine de jeunes filles. Une fois sur place, en plus des malfrats, il faudra faire face à des loups qui semblent venus tout droit de l’Enfer…

« Mais, toujours, elle se souvenait de la raison qui l'avait poussée à entrer dans la police. Pour exorciser les ténèbres. Ses ténèbres bien à elle.
Elle avait été une jeune fille, elle aussi.
Personne ne lui été venu en aide. »
Eva est une enquêtrice hors norme ; par son apparence – elle est albinos – mais aussi par ses compétences hors normes en tant que profiler. Un passé traumatique lui permet, de plus, d’être empathique avec les victimes.

« - Tu vas devoir verser des larmes. Tu vas devoir supplier. C'est ainsi que le rituel doit se dérouler. C'est la douleur qui les attire. La douleur et les larmes. » En face de nos enquêteurs, bien ancrés dans le réel, vont se trouver des protagonistes et des situations dignes de l’au- delà.

Au final, un roman captivant, tant les personnages sont touchants et parce que les épreuves auxquelles ils sont confrontés, même si elles appartiennent à un univers fantasmagorique, sont visuellement crédibles. Une lecture addictive et marquante ! J’ai hâte de retrouver notre duo d’enquêteurs dans « Le premier sang ».   

jeudi 30 octobre 2025

Les Hommes de Shetland, Malachy Tallack (Buchet- Chastel, 08/2025)


 

Les Hommes de Shetland, Malachy Tallack (Buchet- Chastel, 08/2025)

💙💙💙💙

Cap sur les îles Shetland pour cheminer aux côtés de Jack Paton, sexagénaire solitaire fan de country. Le récit se déroule entre deux temporalités, les années 50 – 60 avec Sonny et Kathleen, les parents de Jack, puis l’époque actuelle où ce dernier mène une vie routinière, jusqu’au jour où un chaton sera déposé sur son perron…

« Il y en eut parmi ces hommes qui sentirent dans ce moment lumineux, et dans les heures qui vinrent ensuite, comme une renaissance, comme si la vague les avait décrassés et rejetés de nouveau dans ce monde. » Le roman s’ouvre sur une terrible tempête que doivent affronter Sonny et ses collègues pêcheurs sur un baleinier. Un événement traumatisant qui le fera changer de métier, mais guidera de près ou de loin sa destinée.

« "Bon sang, c'est quoi c'bazar ?" dit Jack, avant de pousser la porte du pied pour la refermer. Il glissa deux doigts sous l'un des rabats et tira, délicatement, pour jeter un œil à l'intérieur, mais c'était trop sombre pour distinguer quoi que ce soit. Il tira plus fort, la boîte s'ouvrit brusquement, et au moment même où son contenu était révélé, l'élément vivant de ce contenu - un chaton noir, avec une unique patte blanche - bondit à toute allure, fila autour de la terrasse à la recherche d'une échappatoire, puis se tapit sous la table. » Un jour, Jack découvre un chaton sur le pas de sa porte. Il pense d’abord à une blague, puis se rend à l’évidence : il ne peut se séparer de cette petite chatte à laquelle il s’est immédiatement attaché. Un animal qui va changer sa vie à un point inimaginable !

« La maison de Jack était pleine à craquer de chansons. » Notre héros a toujours eu l’âme d’un solitaire, d’un être asocial. Pas d’amis, pas d’amoureuse, pas de famille, mais un amour inconditionnel de la musique country. L’auteur offre d’ailleurs tout un catalogue de références à ceux de ses lecteurs qui seraient intéressés.

Au final, un roman touchant (d’autant plus que j’ai eu l’impression de visualiser mon propre père avec son chat !). La double temporalité du récit permet de comprendre la situation de Jack, un personnage auquel on ne peut que s’attacher. Un baume au cœur.

mercredi 29 octobre 2025

Invisible, Jacques Saussey (Fleuve noir, 09/2025)

 


Invisible, Jacques Saussey (Fleuve noir, 09/2025)

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Coup de cœur pour ce thriller captivant et surprenant ! Ce que j’ai parlé à mon livre à défaut de l’auteur ! Entre Loulou, conducteur routier en longues distances et Alice, jeune gendarme qui veut entrer dans la brigade motorisée, il y en a des prises de décision inconsidérées qui vont entraîner bien des retournements de situation !

« Loulou est invisible.
Un camion parmi tant d'autres.
Une ombre sur la route.
Rien de plus. »
Le lecteur le sait d’entrée : le tueur est surnommé Loulou et il profite de son statut de routier à l’étranger pour assouvir ses plus vils instincts. C’est bien connu, les services de police ont du mal à coordonner leurs services d’un pays à un autre : Loulou, lui, en profite à fond !

« Les meurtriers de femmes sont le plus souvent animés par le même vecteur : la haine. La sexualité est utilisée comme une arme par destination afin d'assouvir cette pulsion primaire. Celle qui est le véritable moteur de ce genre de crimes. Celle qui tue. » Alice Pernelle vient prendre son affectation à la gendarmerie d’Albertville. Pour cette motarde aguerrie, c’est l’occasion de profiter des routes sinueuses de montagne pour se spécialiser dans son métier tout en permettant à son esprit de s’évader. Mais quand un féminicide atroce a lieu à une trentaine de kilomètres de son nouveau lieu de résidence, la voilà prête à collaborer avec une étudiante en criminologie afin d’affiner son enquête. Une amitié risquée.

« Tandis que l'inconnue se hâte vers l'établissement en jetant des regards fiévreux derrière elle, il remonte dans sa cabine, le corps rassasié.
Il n'a plus qu'à attendre la prochaine opportunité.
Celle de s'accoupler à ses rêves en rouge. »
Au fil des pages, le lecteur découvre les étapes sanglantes du « plan » suivi par Loulou. Jusqu’où ira-t-il ?

Au final, un thriller terriblement addictif, et qui va vous faire craindre de tomber en panne sur l’autoroute !

dimanche 26 octobre 2025

Fiascorama, Thomas VDB (Buchet Castel, 09/2025)

 



Fiascorama, Thomas VDB (Buchet Castel, 09/2025)

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C’est son passage dans « La Grande Librairie » qui m’a donné envie de lire ce récit hautement autobiographique et hilarant, signé Thomas VDB. Je connais cet humoriste depuis des années, grâce à ses prestations radiographiques (notamment sur France Inter).

« "Etre sympa", ma croix. Je ne le sais pas encore mais je vais porter toute ma vie, comme une sorte de poids, la réputation d'être sympa. Parce que quand les gens disent que t'es sympa, tu te sens obligé de l'être, histoire de valider ta réputation. » La vie de Thomas est ponctuée de nombreux faux pas, liés à son incapacité à dire « non ». Les amis des amis ont souvent tendance à en profiter, et notre humoriste, soucieux de ne pas vexer les autres, accepte souvent tout et n’importe quoi en guise de projet artistique !

« Dans ma tête, je suis Victor Hugo. Mais si on regarde bien, 5h, c'est quand même très tôt, et comme je sais qu'il va falloir que je commence à préparer les enfants à 7h30, j'ai peur qu'en cas d'inspiration, ça me coupe dans mon élan, de devoir faire le petit- déjeuner et de les habiller. » Si Thomas avoue souffrir du syndrome Tsundoku (terme japonais désignant la manie d’accumuler des livres chez soi), il est aussi victime de la page blanche. Soucieux de faire plaisir à son éditrice, mais aussi à son entourage, la rédaction de ce deuxième livre n’aura pas été un voyage tranquille. Et pourtant, ce que l’on rit !

« On me dit souvent : "t'es super humble", mais c'est que je suis trop paresseux pour ambitionner d'être le meilleur, et trop couard pour ne pas avoir peur d'échouer, alors ça me donne des excuses pour ne pas donner le meilleur de moi- même. » La sincérité de cet artiste m’a beaucoup plu. Ses déboires sont touchants car vraiment humaines. Thomas VDB veut paraître naïf alors qu’on découvre qu’il est avant tout empathique, et ne supporte pas de décevoir ou vexer autrui.

Au final, un récit qui m’a fait rire autant qu’il m’a émue. Si jamais Thomas VDB traînait par là et lisait ma chronique, je voudrais le rassurer sur un point : j’ai lu son livre dans le train traversant les Hauts de France, j’ai ri de nombreuses fois, et tous les passagers ont pu voir le titre qui m’amusait autant ! 

vendredi 24 octobre 2025

….. Et avec votre esprit, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2021)


 

….. Et avec votre esprit, Alexis Laipsker (Pocket, 03/2021)

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J’ai découvert Alexis Laipsker il y a quelques mois et je me suis donné pour mission de lire tous ses romans avant de me jeter sur son dernier thriller. Voici donc son premier roman policier, qui a la particularité de mener deux enquêtes en parallèles avec un point commun : on s’en prend aux scientifiques français !!!

« Curieusement, ce fut moins la douleur que l'étonnement qui frappa le professeur Toussant lorsqu'il reçut le premier coup. Terrassé par cet objet métallique qui lui avait ouvert ses chairs et fracassé son crâne, il s'effondra sur le carrelage froid du laboratoire de la faculté de chimie. Comme un dernier sarcasme du destin, alors qu'il ne lui restait que quelques instants à vivre, sa chute lui sembla durer une éternité. » D’entrée le lecteur se retrouve confronté à un assassinat « en direct ». Le professeur Toussant est sauvagement assassiné dans son laboratoire Strasbourgeois ; son cerveau est même dérobé ! L’horreur !

« Par conséquent, cela implique qu'il y a eu quelque chose avant et qu'il y aura quelque chose d'après. Quelque chose de si capital que cela justifie e meurtre. Tout cela fait partie d'un plan et s'inscrit dans un ensemble plus grand. Beaucoup plus grand. » Au même moment, à Lyon, Simon, policier de la DGSI, mène l’enquête sur la disparition de plusieurs scientifiques. Qui en veut à nos génies ? Que leur arrive-t-il ? Marion, sa nouvelle collègue, va se charger de le mettre sur des pistes intéressantes.

Au final, un récit qui m’a intéressée pour une bonne moitié du livre, puis j’ai compris très vite – trop vite – le dénouement des enquêtes parallèles. Par ailleurs, les personnages de Simon et de Marion m’ont agacée ; leurs répliques dans les moments de drague m’ont semblé trop stéréotypés, trop attendus. C’est dommage car le début, vraiment, était très bien !

samedi 18 octobre 2025

Quand ils viendront, René Manzor (Calmann Lévy noir, 09/2025)

 


Quand ils viendront, René Manzor (Calmann Lévy noir, 09/2025)

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Cap sur les Etats- Unis pour une époustouflante course poursuite entre un garçon courageux de onze ans et de mystérieux ennemis dont il ignore tout ; si ce n’est qu’ils vont s’en prendre à sa vie et à celle de sa mère.

« Peter s'agrippa à des racines et se hissa tant bien que mal sur la terre ferme.
- "L'important... c'est pas de tomber", bredouilla le garçon essoufflé, "mais... de savoir se relever."
- C'est vrai, Pete. Mais la théorie ne te sauvera pas quand ils viendront. »
Morgan, jadis agent spécial à la C.I.A. entraîne son fils, Peter, depuis deux ans, au tir, à l’endurance, et au combat à mains nues. La raison ? Il est persuadé qu’un jour, « ils viendront » et toute la famille sera en danger. Par qui et pourquoi ? Peter l’ignore.

« La mémoire à court terme est un espace dans lequel le cerveau stocke momentanément des informations. Mais cet espace est limité. D'après la science, on ne peut y stocker que sept items, plus ou moins deux, mais pas plus. Un maître des échecs, lui, n'a besoin que de cinq secondes pour mémoriser la position de trente- deux pièces. » En plus d’un entraînement physique, Peter a bénéficié d’une initiation aux échecs lui permettant de développer des compétences de stratégie et de mémorisation surprenantes.

« Ce sont tes jambes et pas ta bouche qui te rapprochent des gens que tu aimes. Si tu veux vraiment échanger avec eux, lève ton derrière et va voir ton grand- père, tes frères, tes amis. Parle avec eux, touche- les et imprègne- toi de leur odeur et de ce qu’ils ressentent, en lisant leur silence. » Alors que Peter et sa mère trouvent refuge dans une communauté amish, le garçon découvre aux côtés de Lovina une façon de vivre loin de toutes les dernières technologies, mais avec des valeurs qui le touchent profondément.

Au final, une histoire menée tambour battant servie par une écriture cinématographique qui n’exclut pas les émotions. Je me suis attachée à Peter, ce garçon courageux et intelligent qui, sous ses airs déterminés, cache un cœur tendre et généreux. Les rebondissements sont incroyables et l’ancrage dans les réalités géopolitiques actuelles m’a beaucoup plu.  

mardi 14 octobre 2025

La femme du Serial killer, Alice Hunter (L'Archipel, 08/2025)

 


La femme du Serial killer, Alice Hunter (L'Archipel, 08/2025)

💓💓💓💓

La saga « Femme de ménage » a entraîné dans le sillon de son succès tout un tas de textes construits sur le même scenario : un récit qui sert tous les ingrédients pour que le lecteur s’identifie aux personnages quant à la routine de leur quotidien, puis l’arrivée inopinée d’un drame qui va engendrer des retournements de situation à chaque fin de chapitre !

« Notre vie est quasiment parfaite.
Mais la nature est ainsi faite : on en veut toujours plus. Le petit plus auquel on aspire. Il faut croire que la perfection a toujours une légère longueur d'avance. On n'y parvient jamais tout à fait. On atteint rarement son idéal. »
Beth et Tom Hardcastle ont quitté Londres depuis deux ans pour vivre en pleine campagne afin de faire profiter leur petite Poppy de la nature environnante. Tom fait néanmoins chaque jour l’aller- retour jusqu’à la capitale pour son travail, pendant que Beth donne un second souffle au coffee- shop du patelin. Le bonheur ?

« Ils prétendent que j'ai tué Katie Williams.
Dans ce cas, il serait logique que le spectre qui me hante soit le sien. Qu'il veille à ce que je sois puni. A obtenir réparation.
Mais ce fantôme n'est pas le sien. »
Un soir, ce n’est pas Tom qui frappe à la porte, mais un duo de policiers. Beth apprend avec désarroi que son mari adoré est recherché…

« Il faudra bien que je lui fournisse quelques explications. En veillant à lui en dire le moins possible. A moins de lui servir une fable pour éviter de lui avouer que je lui mens depuis des mois. Tout allait si bien. Sans une anicroche. Nous avions l'un et l'autre ce que nous voulions. Ce dont nous avions besoin. » Les pages se tournent et le lecteur découvre que nos deux protagonistes ont bien des secrets à se cacher l’un à l’autre !

Au final, un thriller domestique qui tient toutes ses promesses. Le récit est fluide et facile à lire. Et le lecteur est le seul témoin de la « vérité » de chacun des personnages et ne peut s’empêcher de s’exclamer : « Non !!! Il / Elle ne va pas faire ça !!!! » à chaque fin de chapitre ! Un très bon divertissement !

dimanche 12 octobre 2025

Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel (Harper Collins, 10/2025)

 



Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel (Harper Collins, 10/2025)

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Le bandeau rouge « Ce nouveau roman est un piège » m’a attirée dans ses filets. Oui, je me suis fait piégée : aussitôt acheté, aussitôt lu. Et comme avec « La chambre des merveilles », Julien Sandrel a su bouleverser mon petit cœur…

« Souvent, avant de m'endormir, à l'heure où l'épaisseur du vide se fait palpable, je prie pour que la nuit arrive avec son lot de réminiscences. Mais il n'y a rien d'autre que cette détresse blanche qui s'infiltre sous ma peau. » Rose s’est réveillée dans un hôpital de Bruxelles après un accident de voiture. La jeune femme s’est réveillée amnésique. Tout ce qu’elle sait d’elle réside dans les inscriptions de sa carte d’identité et un mystérieux numéro de téléphone inscrit au stylo bille sur sa hanche…

« J'ai si peur d'être blessée que je préfère partir avant que ma vulnérabilité fissure l'image que je renvoie : celle d'une femme forte, sûre d'elle, de sa liberté et de sa puissance. » Aïda est de son côté stressée par son nouveau job : puéricultrice dans la Maison des femmes de Toulon. Travailler dans ce lieu est tout un symbole pour elle, qui a été profondément blessée dans sa féminité, et qui peine à trouver son équilibre dans ses relations aux autres.

« Ses mots pèsent lourd, mais je suis bien placée pour savoir que certains récits ont besoin d'être entendus pour alléger celui qui les porte. » Et puis il y a Romain, un jeune homme sombre, qui anime un atelier jardinage bénévolement à la Maison des femmes de Toulon, qu’on devine torturé par un passé lourd de drames…

Au final, un récit captivant, construit à la manière d’un thriller, à coups de révélations et de retournements de situations. La lettre écrite en italiques qui s’incère entre certains chapitres, sans qu’on en connaisse l’expéditeur ni le destinataire ajoute une certaine tension à l’intrigue, et il faudra attendre les dernières pages pour en comprendre la portée sur l’ensemble de l’intrigue. Coup de cœur pour ce très beau roman qui narre le parcours de femmes et d’hommes en détresse qui auront la chance de rencontrer de bonnes personnes. Une onde positive qui fait du bien.

samedi 11 octobre 2025

Frappe- toi le cœur, Albin Michel, (08/2017)

 


Frappe- toi le cœur, Albin Michel, (08/2017)

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Je poursuis mon rattrapage des romans d’Amélie Nothomb non lus ; je l’ai boudée, j’avoue, durant plusieurs années. Cet opus met la lumière sur les sentiments éprouvés dans le cadre des relations mères- filles. Comme toujours avec cette auteure, la demi- mesure n’existe pas et ce que ressentent ses personnages n’a aucune nuance : l’amour côtoie la haine et l’admiration se confronte au mépris.

« La destinée ne s'intéressait qu'à Marie et c'était cette exclusion des tiers qui la faisait suprêmement jubiler. Si l'on avait tenté de lui expliquer que l'envers de la jalousie équivalait à de la jalousie et qu'il n'y avait pas de sentiment plus laid, elle eût haussé les épaules. » Marie est née jolie et joue de sa beauté avec délice… jusqu’à ce qu’elle accouche d’une petite fille, que son entourage va louer : la petite Diane est magnifique en plus d’être un bébé adorable. Marie va alors développer une jalousie maladive à l’égard de son nourrisson.

« Son être entier était perclus du plaisir le plus immense. L'odeur de la déesse se propagea à tous ses sens, Diane baigna dans ce parfum d'une suavité ineffable et elle connut l'ivresse la plus intense de l'univers : l'amour. » La petite Diane est une enfant surdouée (comme souvent chez Amélie Nothomb) et elle perçoit très vite, et de façon accrue, le sentiment de rejet qu’elle déclenche chez sa mère. Les câlins sont en effet rarissimes, exceptionnels.

« L'enfer est pavé de bonnes intentions ; semblablement, les intentions les plus mesquines peuvent être à l'origine de joies sincères. » Diane va grandir éloignée de sa mère, et grandir en développant des relations complexes avec les autres femmes qu’elle va rencontrer ; Elisabeth, devenue meilleure amie, Olivia, son enseignante, et Célia, sa petite sœur.

Au final, un roman qui m’a bien plu. Les personnages sont complexes et l’intrigue est construite de manière élaborée, sans trop partir dans des digressions oniriques. Un très bon moment de lecture avec ce cru 2017 qui fait partie de mes préférés de l’auteure.

jeudi 9 octobre 2025

C’était notre maison, Marcus Kliewer (Charleston, 10/2025)


 


C’était notre maison, Marcus Kliewer (Charleston, 10/2025)

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Cap sur une nuit d’angoisse ! Alors qu’Eve et Charlie viennent d’acheter une maison à retaper, voilà qu’une famille sonne à la porte et demande à la visiter. En effet, le père de famille, Thomas, y a passé son enfance et alors qu’ils passent devant la demeure, il lui prend l’envie de la faire découvrir à ses enfants.

« Espérait- il qu'elle leur proposerait d'entrer ? C'était bien la dernière chose dont elle avait envie. Sa compagne, Charlie, serait de retour d'une minute à l'autre - l'emploi du temps de leur soirée était déjà fixé : manger les restes de poulet et jouer au "Scrabble bourré". Une famille d'inconnus parcourant la maison cadrait mal avec ce programme. » En voyant la famille sur le palier de sa maison, Eve est prise d’un malaise ; que va penser Charlie, sa compagne au caractère bien trempé ?

« Alison croyait être le jouet de quelque chose dans la maison, ou de la maison elle- même. D'un phénomène qui modifiait peu à peu sa réalité. » Thomas, en visitant la maison dans laquelle il s’est finalement incrusté, raconte l’histoire de sa mystérieuse sœur, qui semble avoir vécu un passé dramatique…

« Essaye juste de...
Qu'elle essaye de faire quoi ? De s'échapper ? De rester calme ? D'empêcher la résurrection de Cthulhu ?
 » Depuis la visite de la famille Faust, Eve se retrouve confrontée à d’étranges phénomènes tous plus terrifiants les uns que les autres. Que se passe-t-il vraiment ?

Au final, un roman qui m’a très vite captivée. Je ressentais l’angoisse grandissante d’Eve au fur et à mesure des pages – et des heures. Les documents insérés entre les chapitres ont semé le doute dans mon esprit, mais aussi quelque peu décrochée du récit au fur et à mesure. Malgré une fin que j’ai trouvée alambiquée, j’ai beaucoup aimé cette lecture qui m’a fait frissonner puis m’a interrogée. 

samedi 4 octobre 2025

Silence, Tome 5, Yoann Vornière (Kana, 07/2025)

 



Silence, Tome 5, Yoann Vornière (Kana, 07/2025)

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Un tome que j’attendais avec impatience ! J’avais hâte de retrouver Lame et de voir ce qui allait arriver à Lune, tout en suivant l’évolution d’Ocelle !

« Comment vaincre un monstre... qu'on ne peut pas toucher ? Il suffit de l'enterrer. » La violence est de mise dans ce tome où les règlements de compte sont légion. Cime est de nouveau impressionnant ; mais détient-il la vérité ?

Au final, j’ai beaucoup aimé ce tome qui nous apporte deux révélations qui laisse présager de nombreux rebondissements par la suite ! Les dessins sont toujours aussi extraordinaires ! Et que dire de cette jaquette brillante exclusive réservée au premier tirage ! Le tome 6, vite !!!


Terres promises, Bénédicte Dupré Latour (Pocket, 08/2025)

 



Terres promises, Bénédicte Dupré Latour (Pocket, 08/2025)

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Cap sur l’Amérique du XIXème siècle, la ruée vers l’or et la Conquête de l’Ouest. Nous y rencontrons une poignée de personnages dont l’histoire, à un moment donné, croisera le parcours de l’un ou de l’autre…

« Eleanor Dwight remontait ses bas reprisés, des bas qui ne connaissaient que la grande salle et le lit, le lit et la grande salle. Elle s'observa dans le petit miroir qu'elle tenait de Wendy Sparrow, sa chère sœur de silence. Elle l'aimait plus encore que son propre sang. Sœur de misère, sœur des mauvais temps. » Le roman s’ouvre avec le personnage d’Eleanor. On découvre sa misérable condition de prostituée au milieu des chercheurs d’or qui dépensent leurs trouvailles aurifères pour quelques instants de douceurs. Les portraits suivants nous permettront de mieux comprendre le parcours de cette pauvre femme.   

« Toi, mes frères, tous ceux qui jouissent d'être des conquérants, vous êtes tous des usurpateurs, des traitres. Mais tu le sais aussi au plus profond : les possessions finissent toujours par nous posséder. Désormais, tu es prisonnier de tes terres. Tu es prisonnier de Mère. Et tu pleures, le visage enfoui dans les robes de Susan. » Ces colonisateurs venus du Vieux continent ont de bien grandes espérances. Mais au milieu d’une nature hostile, les instincts bestiaux réapparaissent. Les premières victimes ? Les femmes. Puis les enfants.

« La vie n'était pas finie, elle ne s'arrêtait pas là, dans ce bourg minuscule, aux ambitions minuscules, où l'on n'avait le choix que du labour ou du bétail. La terre ou la viande, voilà ce qu'offraient les grandes perspectives de ces paysages infiniment plats, où l'horizon se dévidait à perte de vue, comme s'il n'y avait plus rien à découvrir. » Partout sur Terre, le constat est le même : il faut travailler pour pouvoir survivre. Les pépites découvertes ne feront la fortune que de quelques- uns. Les autres se perdront dans l’alcool ou dans des confrontations avec ceux qu’ils qualifient de « sauvages ».

Au final, un roman choral qui donne la parole à divers protagonistes qui sont mis en scène dans le cadre de la Ruée vers l’or. Les hommes sont réduits à leurs instincts les plus bestiaux, et les femmes ne sont plus que des pantins sur lesquels on s’allonge. Une crudité dans les propos, une poésie dans le style et un air de vérité dérangeante qui, cumulés, font qu’on dévore ce roman aux allures de western.

dimanche 28 septembre 2025

Le TDAH raconté aux enfants, Ariane Hébert (Editions de Mortagne, 10/2025)

 



Le TDAH raconté aux enfants, Ariane Hébert (Editions de Mortagne, 10/2025)

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Un nouveau guide toujours aussi intéressant et instructif. En tant qu’enseignante, j’aime beaucoup les guides de cette collection publiée aux éditions de Mortagne car ils sont particulièrement complets et accessibles, d’autant plus qu’ils traitent ces troubles neurologiques qui touchent de plus en plus d’élèves.

« Je suis naturellement enjoué et de bonne humeur, mais il m'arrive souvent de me fâcher soudainement pour un rien. Ma colère me prend par surprise et je la sens monter à l'intérieur comme la lave bouillante d'un volcan prêt à exploser. » Tout d’abord, le guide fait un état des lieux, sous forme d’une histoire illustrée qui permet à l’enfant de s’identifier au personnage principal. J’ai bien aimé les références eux animaux qui prêtent leurs particularités aux diverses manières d’expression des troubles.

« Utilise un journal d'émotions. Note ce que tu ressens dans un carnet chaque fois qu'une situation te bouleverse. Mettre des mots sur tes émotions peut t'aider à les comprendre et à trouver des moyens de les gérer plus efficacement. » Puis viennent les « Trucs et astuces » qui donnent des conseils concrets, à appliquer selon ses goûts et capacités.

« Le TDAH peut donc agir sur ta capacité à recevoir certaines informations ou ton aptitude à freiner certaines réactions spontanées. Les grands coupables sont tes neurotransmetteurs. » Enfin viennent les explications scientifiques, vulgarisées pour que tout le monde comprenne bien les tenants et les aboutissements du trouble en question.

Au final, un guide vraiment pratique. J’ai pioché quelques astuces que je mettrai en place dans ma classe. Un indispensable pour les parents d’enfants concernés et pour le personnel enseignant ou d’éducation.  

samedi 27 septembre 2025

Tu comprendras quand tu seras plus grande, Virginie Grimaldi (Le Livre de poche, 2017)

 



Tu comprendras quand tu seras plus grande, Virginie Grimaldi (Le Livre de poche, 2017)

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Quand j’ai une petite baisse de moral, je sais que Virginie Grimaldi saura me mettre du baume au cœur. En suivant Julia dans son nouveau job de psychologue en maison de retraite, j’ai pu monter à bord d’un ascenseur émotionnel allant du rire aux larmes.

« La vue est splendide, c'est indéniable. Mais qualifier un mouroir de paradis me semble pour le moins optimiste. Pour la millième fois, je me demande ce que je suis venue faire ici. » Julia a accepté un nouveau poste de psychologue dans une maison de retraite située à Biarritz. L’occasion de se retrouver après une période de deuil et une séparation douloureuse. Mais aussi un moyen de se retrouver sur ses terres d’origine, après avoir passé plusieurs années dans la capitale.

« C'est moi la psychologue, mais j'ai l'impression que les résidents m'apportent bien plus que le contraire. » A force de demander aux aïeux s’ils vont bien, Julia se reconstruit un état d’esprit plus paisible. Il faut dire que ces papys et mamies sont de véritables philosophes de la vie, voire même de sacrés farceurs (mention spéciale à Gustave !)

« Je n'aime pas les vieux. Si je veux être totalement exacte, ce n'est pas que je ne les aime pas, même si je ne peux pas dire que je les aime, c'est qu'ils me font peur. Ils tutoient la mort, et moi, je préfère la vouvoyer. » En acceptant ce travail, c’est pour Julia l’occasion de se confronter à sa plus grande peur : la peur de perdre ses proches.

Au final, un roman qui se lit tout seul grâce au talent narratif de Virginie Grimaldi. Le personnage de Julia m’a énormément touchée. J’ai ri et j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai même appelé ma maman, moi aussi… 

lundi 22 septembre 2025

Mystère en Belgique : l’Ombre des égouts, Salvatore Minni (Auzou, 08/2024)

 



Mystère en Belgique : l’Ombre des égouts, Salvatore Minni (Auzou, 08/2024)

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Cap sur Bruxelles et son Musée des égouts (si, si, il existe !). Lisa et Luca y sont emmenés en excursion, dans l’optique de mieux connaître l’histoire de leur ville. Mais voilà… la sortie scolaire ne va pas du tout se dérouler comme prévu !

« Pourtant, sur le site de la ville de Bruxelles, tout était fait pour rendre la visite ludique. Un petit rat tout mignon se présentait et racontait l'histoire des égouts. "Prêt pour l'aventure ? Alors, suis- moi. Nous partons à la découverte du Musée des égouts de Bruxelles.", disait-il du bout de son museau. » L’eau de la Senne a été contenue sous des kilomètres de terre et de pierres pour développer la capitale de la Belgique ; un lieu obscur, humide et charriant un nombre incalculable d’immondices : un régal pour les rats ! Mais un cauchemar pour Samantha, la meilleure amie de Lisa !

« A mesure qu'ils s'avançaient dans les couloirs sinueux des égouts, des chuchotements inintelligibles continuaient à flotter dans l'air, comme des murmures provenant d'une autre réalité. » Bien évidemment, avec Lisa et Luca, le lecteur va se retrouver dans une situation étrange et frôlant l’irréel : les couloirs des égouts vont se transformer en labyrinthe et les lampes torches vont s’éteindre. Tout est réuni pour obtenir une ambiance inquiétante à souhait !

Au final, un roman pour la jeunesse qui sait très bien captiver son lecteur, car il peut facilement s’identifier à l’un des personnages du récit (les profs aussi d’ailleurs !). L’écriture est fluide et le rythme est dynamique. Par ailleurs, ce genre d’expédition est plutôt original et propice à toutes les mauvaises expériences, et c’est sûr, que nos jeunes aimeront s’y balader par procuration ! 

La maison vide, Laurent Mauvignier (Editions de Minuit, 08/2025)


 

La maison vide, Laurent Mauvignier (Editions de Minuit, 08/2025)

💙💙💙

Cap sur la rentrée littéraire, et même, sur la liste du Goncourt, avec Laurent Mauvignier, que je n’avais jusque là jamais lu. Un récit d’auto- fiction surprenant, où j’ai appris que ses ancêtres portaient le nom de Proust alors que le style syntaxique de l’auteur ressemble tellement à celui de notre Marcel éponyme !

« Quelqu'un, dans la famille, avec obstination et résolument, a choisi de tuer Marguerite symboliquement, comme si supprimer les gens des photos c'était les tuer mais surtout affirmer qu'on les tue, signer le geste de tuer en l'exhibant plutôt qu'en essayant de cacher les traces de son crime. » Le postulat de départ réside dans un mystère qui entoure les photos de la famille : pourquoi la tête de Marguerite y est- elle systématiquement coupée ?

« Les mots coulent de sa bouche mais assènent que sans un homme, c'est comme si aucune vie de femme ne valait rien ni ne pouvait rien. Sans les hommes, les femmes sont des ombres errantes et leurs voix se perdent dans la brume. Sans un homme pour lui montrer son chemin, la femme n'est qu'un spectre qui erre à la recherche de son foyer. » Les femmes de la famille sont des piliers, même si leur rôle est minoré. Jeanne- Marie, Marie- Ernestine et Marguerite ont toutes subi une voie qu’elles n’ont jamais pu choisir. Une fatalité à l’origine de bien des malheurs…

« Ce qui m'occupe l'esprit, ici, c'est comment ces histoires qui ont été obstinément tues ont pu traverser l'opacité du silence qu'on a voulu dresser entre elles et moi, pour arriver à se déposer dans ces lignes qui me donnent l'impression de les avoir menées à bon port et de pouvoir m'en libérer. » Le narrateur s’efforce de prendre de la distance, même si ses recherches ont vraisemblablement eu pour objectif de le rassurer sur les raisons qui ont poussé son père à se suicider. Mais cela s’avère difficile quand on est en bas de la lignée.

Au final, un roman de « grande littérature », dans lequel la langue et la syntaxe sont exemplaires. On y trouve des épithètes homériques (« le jeune homme trop gros », « la préposée aux confitures et aux chaussettes reprisées ») pour mimer la recherche des preuves tangibles qui permettront à l’auteur de comprendre ses ancêtres les plus proches. J’ai beaucoup aimé cette qualité d’écriture. Mais les digressions m’ont lassée, les paragraphes interminables et sans dialogue m’ont désintéressée de l’intrigue à plusieurs reprises. Un livre intéressant mais qui aurait dû être plus court pour me conquérir.

samedi 13 septembre 2025

Mystère en Belgique : Le Manoir hanté, Salvatore Minni (Auzou, 09/2022)

 



Mystère en Belgique : Le Manoir hanté, Salvatore Minni (Auzou, 09/2022)

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Cap sur la capitale de la Belgique pour mener une étrange enquête aux côtés de Lisa et Luc. Agés respectivement de dix et douze ans, ces enfants, frère et sœur, vont découvrir que la nuit, une lumière s’allume dans le manoir qui jouxte leur maison. Or celui- ci est en ruines et abandonné depuis bien longtemps…

« Pourtant, la voix de Lisa résonnait encore dans sa tête. "J'ai vu de la lumière". » Le récit s’ouvre sur l’interrogation de Lisa, qui a vu une fenêtre s’éclairer dans le manoir abandonné voisin. Elle s’en inquiète immédiatement auprès de son grand frère, qui lui, demeure sceptique…

« Elle était convaincue que ce manoir cachait quelque chose. Une part d'elle avait peur aussi. Et s'il s'agissait de fantômes ? Ou d'une sorcière ? Elle avait entendu toutes sortes de légendes autour de ce bâtiment. » Lisa est obsédée par sa découverte. Elle ne peut s’empêcher d’en parler à Samantha, sa meilleure amie, qui a elle aussi entendu de drôles de légendes à propos de la bâtisse impressionnante de style Art nouveau.

« Chacun dans ses propres réflexions. Lisa combattait son envie d'abandonner sa "mission". Luca, lui, culpabilisait de ne pas être plus courageux. » Et puis un soir, Lisa parvient à convaincre Luca de l’accompagner dans la mystérieuse demeure voisine. Mais Luca, qui veut jouer les gros bras de grand frère, n’est pas aussi courageux qu’il en a l’air.

Au final, un roman jeunesse qui se lit facilement et avec intérêt. J’ai lu le prologue et le premier chapitre à mes élèves de 5ème et ils ont été complètement captivés. Une bonne histoire avec de jolies valeurs partagées.

vendredi 12 septembre 2025

Un simple dîner, Cécile Tlili (Le Livre de poche, 08/2025)

 



Un simple dîner, Cécile Tlili (Le Livre de poche, 08/2025)

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Cap sur Paris, un soir d’août caniculaire, dans l’appartement d’Etienne et Claudia qui reçoivent leurs amis Johar et Rémi pour le dîner. Leur amitié n’est pas une franche camaraderie puisque seuls Etienne et Rémi ont vécu quelques années de complicité durant leurs années étudiante. Mais ce soir est particulier car il y a des enjeux autour de ce repas, mais au fur et à mesure de la soirée, les choses ne vont pas se passer comme espéré…

« Ne pas affronter les regards curieux ou indifférents, s'éviter la gêne de détecter l'ombre de l'ennui dans les yeux de ses interlocuteurs dès qu'elle prononce quelques mots. Elle a, bien sûr, toujours la possibilité de se taire : se taire, sourire, rire aux plaisanteries des autres. Mais elle sait qu'ils la jugeront plus cruellement encore, Claudia, la potiche, la fille sans intérêt. » L’épouse d’Etienne est d’une timidité maladive, au point de rougir au moindre regard porté sur elle. Alors là, ce soir, se donner en spectacle en tant que maîtresse de maison ne lui convient absolument pas.

« Etienne met toute la séduction de sa gueule d'acteur au service de son numéro de flatterie, ses yeux gris plongés dans les siens, l'épaisseur sensuelle de ses lèvres qui dévoile ses dents d'une blancheur impeccable, comme autant de cadeaux qu'il lui offrirait. Il a toujours été terriblement doué pour cet exercice. » Etienne est un homme séduisant qui sait utiliser ses atouts pour obtenir tout ce qu’il veut. Ce soir encore, il a une idée derrière la tête et il ne pourra supporter le fait d’échouer.

« Elle les imagine, tous ces hommes- là - toujours plus vieux, toujours plus blancs, toujours plus hommes qu'elle - en rang devant elle avec leur costume impeccable, leurs bonnes manières, leur parcours tristement linéaire, et elle rêve du triomphe de la fille d'immigrés sur tous ceux dont la carrière était écrite dès le berceau. » Johar arrive en ayant la tête ailleurs. Après des années à se donner un mal considérable pour se sortir de sa condition de fille d‘immigrés, la voici à un tournant de sa carrière. Ce soir, elle doit prendre une décision.

Au final, un court roman qui commence doucement, sur des amabilités, puis qui prend un tournant décisif lorsqu’un téléphone s’échappe d’une poche. Une ode à la femme de notre époque, faible et forte à la fois, servie par une très belle écriture.