Le cerf- volant, Laetitia Colombani (Grasset, 06/2021)
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Laetitia Colombani, pour son troisième roman, a choisi de repartir en Inde, dans l’esprit de La tresse, son premier roman au succès désormais mondial. Elle reprend ainsi la recette qui a fait sa renommée : des filles, des femmes en détresse, soumises à des diktats ancestraux et de fait désuets, mais surtout particulièrement révoltants quand on appartient soi- même au beau sexe. Ici, c’est un cerf- volant qui va servir de lien entre Léna, Française anéantie par un drame personnel, Lalita, petite orpheline de dix ans déjà exploitée, et Preeti, chef d’une brigade de jeunes femmes qui pratiquent les sports de combat dans le but de porter secours aux trop nombreuses filles agressées.
« Léna observe son visage, ses cheveux tressés, sa silhouette menue
dans cet uniforme d'écolière qu'elle arbore tel un étendard, cette tenue qui
n'est pas seulement un morceau de tissu mais une victoire. » Léna est enseignante en France. Venue en Inde pour
essayer de se retrouver après un drame qui l’a anéantie, c’est sa rencontre avec
la petite Lalita qui va lui donner une motivation capable de lui redonner envie
de vivre : fonder une école dans un petit village indien pour éduquer les
filles, afin de leur offrir la possibilité d’avoir un emploi et d’échapper aux
trop nombreux mariages forcés.
« Le long de la célèbre Falkland Road, il n'est pas rare de voir
des fillettes de douze ans en cage : les plus jeunes sont les plus chères et
les plus prisées. » Il ne fait pas bon naître
fille d’une caste inférieure en Inde. Laetitia Colombani appuie son récit sur
des données chiffrées implacables et des informations dûment documentées. Son
personnage, ultra- attachant, de Preeti s’en fait le porte- parole : « Naître
femme et "Dalit" est ainsi la pire des malédictions. Elle- même peut
en témoigner, comme chaque membre de sa brigade. Toutes sont des rescapées,
toutes victimes d'un cruel paradoxe : ces filles qu'on ne doit pas toucher, on
n'hésite pas à les violer. »
« Pas besoin d'avoir le même sang pour être sœur, fille ou mère,
songe Léna. » L’esprit de sororité est
bien le seul élément capable de faire évoluer les choses dans certains pays
comme l’Inde, même en 2021. L’auteure dénonce ces violences faites aux femmes
par le biais d’une jolie histoire, richement documentée et agrémentée d’une plume
fluide et pleine d’émotion. Son trouble se perçoit dans certains passages,
comme si elle s’adressait directement à son lecteur : « tu te rends
compte ? ».
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