dimanche 20 juin 2021

Sans alcool, Claire Touzard (Flammarion, 01/2021)


 

Sans alcool, Claire Touzard (Flammarion, 01/2021)

💙💙💙

Alors que les terrasses des cafés viennent de rouvrir, que les gens, enfin libérés des obligations liées à la Covid, s’y sont précipités, j’ai trouvé intéressant de lire ce récit de vie, qui questionne la consommation d’alcool en France. Claire Touzard est journaliste, vit à Paris et il y a deux ans, elle a décidé d’arrêter de boire, un premier janvier. Elle raconte ici son parcours, jonché de difficultés et d’épreuves, pour tenir bon vers une sobriété durable et installée.

 

« J'étais ivre et titubante. J'avais atteint ce point. Celui où le cerveau s'arrête de tourner et où les anxiétés sont englouties. J'avais bu deux, cinq, dix verres. Voilà que je le trouvais. Cet oubli, ce moment où vous n'existez plus vraiment, où vous vous décollez de vous- mêmes. J'ai cherché ce point toute ma vie, depuis mes seize ans, frénétiquement. » La narratrice a clairement un problème avec l’alcool. Son milieu professionnel ne l’aide pas : les soirées dans le monde de la presse sont légion. Elle en ressort à chaque fois totalement ivre, et le matin, se retrouve dans l’incapacité de se remémorer les détails de la veille. Mais ce n’est pas grave, le soir- même elle recommence, car comme on le lui a si souvent répété : « on guérit le mal par le mal ».  

 

Claire Touzard porte quelques traumatismes de l’enfance, qu’elle dévoile au fur et à mesure des pages. Serait- ce là l’origine de son alcoolisme ? « J'avais la même relation à l'amour qu'à l'alcool. Cette peur de l'abandon héritée de l'enfance, cette fragilité me rendait accro à l'autre. J'étais peu regardante sur la qualité de l'amour, tant qu'on m'en filait la bonne dose. »

 

« En Bretagne, comme dans beaucoup de régions en France, boire est incontournable. L'alcool est le psy inexistant, le Lacan des âmes torturées du village. » On dit que certaines régions françaises sont plus touchées que d’autres par les ravages de l’alcool. Être née dans une famille où l’on biberonne les enfants au cidre, ne serait- ce pas là aussi une explication à sa consommation excessive d’alcool ? D’ailleurs, lorsque Claire Touzard apprend à son entourage qu’elle a décidé de devenir sobre, sa famille et ses amis ont des réactions étonnantes, comme si elle reniait ses origines, son sang…

 

Au final, un récit de vie très intéressant à lire car il pose les bonnes questions sans jamais jeter l’opprobre sur quiconque. L’auteure a été alcoolique et elle en prend la responsabilité. Elle interroge nos habitudes, cette manie française de déboucher une bouteille à la moindre occasion et à regarder d’un drôle d’œil celui qui reste sobre dans le groupe. Si au début du récit j’ai eu l’impression de lire une snobinarde, j’ai apprécié de découvrir au fil des pages une jeune femme plus humble qu’il n’y paraissait. Quelques zones d’ombres du passé demeurent et j’espère quelles seront dévoilées si jamais il y a, comme évoqué, une suite à ce récit. 

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