lundi 28 juin 2021

Voyage au centre d’un cerveau d’autiste, Babouillec (05/2021)



 Voyage au centre d’un cerveau d’autiste, Babouillec (05/2021)

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« Je me sens prisonnière dans un bocal, un aquarium à taille humaine. » Difficile de parler de ce petit livre d’Hélène Nicolas, surnommée Babouillec. Cette trentenaire a été diagnostiquée autiste très déficitaire dès son plus jeune âge. Elle est enfermée dans le silence, incapable d’écrire, de parler, du fait d’une habilité motrice insuffisante. C’est sa mère qui va lui apprendre pas à pas, durant des années, à utiliser les 26 lettres cartonnées qu’elle lui a confectionnées, pour lui permettre d’exprimer ses pensées. Un documentaire a d’ailleurs été réalisé sur cette expérience d’un « apprendre à apprendre » inédit ; « Dernières nouvelles du cosmos ». Il a été nominé aux Césars 2017 du meilleur film documentaire.

 

« Toutes ces années à user tes fonds de culotte sur les bancs de la certitude ne racontent pas toujours la profondeur, ni la taille des espaces aménagés pour comprendre. » Babouillec a tout à fait conscience de sa différence. Elle a suivi l’école maternelle durant deux ans, et elle sait que c’est dans les établissement scolaires que l’on est censé apprendre. Là où elle ne peut pas aller. Mais aucun regret : elle a compris que son cerveau n’était pas modelé comme le voudrait la « norme sociale ».

 

« Le cerveau stimulé depuis la naissance dans le processus de ressemblance apprend.
Il apprend la grandeur de l'autre dans sa loi des limites humaines, la survie sociale. »
La jeune femme est capable de formuler une analyse extrêmement éclairée de ce qu’elle vit au quotidien. Et c’est troublant !

 

« Tout est noir dans l'escarcelle du cerveau reptilien. Pas de croas, croas dans ma mémoire animale. » Babouillec assume sa différence ; la regarde même avec humour. Ce n’est pas parce qu’elle ne peut pas parler à voix haute, ni écrire d’un geste fluide sur une feuille ou sur un ordinateur qu’elle va refreiner ses envies de s’exprimer, de partager ses réflexions sur le monde, sur ce qu’elle ressent dans son corps, dans son âme.

 

« C'est tous feux éteints que sans crier gare, l'esprit se faufile dans les limbes, assoiffé de visiter le paradis dont il ne connait pas l'adresse. » Emplis de poésie, ces courts textes m’ont fait sourire, m’ont fait réfléchir, m’ont perdue aussi parfois, mais je ressors de cette lecture très émue, et troublée. Une auteure à découvrir !

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