Artifices, Claire Berest (Stock, 08/2021)
💙💙
Ce roman à la couverture magnifique, je l’ai ressenti tout d’abord comme une invitation au monde de l’Art performatif. En effet, l’auteure mêle ici une enquête policière concernant Abel Bac, flic qui vient d’être suspendu, et réflexions sur le parcours de Mila, une artiste multimillionnaire dont les œuvres d’art sont particulièrement dérangeantes. Ce sont des indices, placés comme les pièces d’un puzzle, sur le chemin du lecteur qui vont permettre à celui- ci de dénouer les fils d’une intrigue dont les racines sont ancrées d’un un passé douloureux et tragique.
« Que doit- on faire quand on nous prive de la raison
des heures jusqu'alors si parfaitement établie ? Il est un chien perdu. Son
activité organisée depuis quinze ans : horaires précis, métro, dossiers,
interventions, auditions, paperasse, collègues. Structure essentielle anéantie »
Je n’avais encore jamais lu Claire Berest, et j’ai été
surprise par son écriture « râpeuse », son style incisif, ses phrases
nominales saturées d’adjectifs. Il faut avouer que cela colle pourtant bien au
personnage d’Abel Bac, ce flic suspendu sans qu’on ne lui donne la moindre
explication. Ce grand solitaire qui n’accepte que la compagnie de ses
nombreuses orchidées et qui ne vit que pour enquêter jusqu’à pas d’heures.
« C'est curieux comme les artistes pensent que les gens
qui ne s'intéressent pas à l'art sont paumés en plein désert. Ou les écrivains
qui pensent que les gens qui ne lisent pas sont déboussolés. » Une nuit, Elsa, sa voisine du dessus, s’effondre devant sa
porte, totalement ivre. Parce qu’elle se sent redevable envers Abel, qui lui a
permis de rentrer saine et sauve chez elle, la jeune femme fantasque va s’immiscer
dans la vie du flic bourru. Et comme elle est en pleine rédaction d’une thèse
en histoire de l’Art ; cela va être l’occasion pour nos deux voisins d’enquêter
ensemble sur les mystérieux coups d’éclat que connaît soudainement le monde des
musées parisiens…
Au final, comme dit plus haut, il m’a été difficile d’entrer dans la
lecture du récit. La narration est dense, foisonnante, laissant peu de place
aux dialogues, et j’ai eu du mal à m’y retrouver, à poser les bases de l’intrigue
de manière claire. Autant j’ai aimé les passages du récit consacré à Abel,
concrets mais conformes à l’étrangeté du protagoniste, autant les parties
dédiées à Elsa m’ont rapidement agacée. Son côté loufoque n’est pas
suffisamment construit, ni crédible. Et je n’ai pas aimé qu’ici Claire Berest
revienne inlassablement sur Marina Abramovic, comme si le lecteur était un
inculte, incapable de comprendre l’essence de ses performances artistiques. Si
son roman m’a attirée, c’est justement parce que je m’intéresse au monde
artistique ! Il n’y a pas que les Parisiens qui lisent, et se cultivent !!
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