Mon mari, Maud Ventura (L'Iconoclaste, 08/2021)
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Maud Ventura signe là un premier roman autant déroutant que jouissif sur le quotidien d’un couple à l’apparence des plus banale mais au fonctionnement des plus loufoque ! Le narratrice prend le parti de nous raconter une semaine de sa vie conjugale, n’omettant rien de ses tracas, ô combien perturbants : elle aime son mari, passionnément, à la folie… et pour elle, il est évident que c’est un problème !
« Dans ma vie, le mauvais goût est toujours resté un péril constant, car
j'ai vite compris que l'argent de mon mari ne m'achèterait ni l'élégance ni les
bonnes manières. » Le choix de l’auteure d’utiliser une narration omnisciente
permet au lecteur de ressentir très vite une certaine empathie envers cette
quadragénaire qui doute d’être aimée par son mari autant qu’elle- même en est
éprise. La différence sociale est- elle cependant un prétexte au comportement
de la narratrice ? Certaines de ses pensées font en tout cas, bien sourire…
« J'espère que mon mari n'arrivera pas à se rendormir et que son insomnie
lui laissera tout le temps nécessaire pour réfléchir à sa trahison. C'est
important qu'il s'interroge : comment a-t-il pu réduire sa propre femme au rang
de vulgaire clémentine ? Et pourquoi pas une banane ? » Alors qu’elle a une vie
parfaite, un mari qui semble idéal et deux enfants bien élevés, cette
professeure d’anglais et traductrice de romans à succès est persuadée d’être la
femme la plus malheureuse du monde. Chaque moment passé avec son mari est
analysé, décortiqué, et raconté dans un carnet.
« Quand j'aime, je deviens sévère, triste, intolérante. J'installe une
ombre de gravité autour de mes amours. J'aime et je veux être aimée avec
tellement de sérieux que cet amour devient vite épuisant (pour moi, pour
l'autre). Bref, j'ai l'amour malheureux. » Et quel gâchis, peut- on penser !
Mais en même temps, cet amour fou à en être loufoque, ces rituels ridicules,
ces raisonnements pitoyables que l’on découvre, éberlué, au fil des pages qui
se tournent toutes seules, ne sont-ils là que pour pointer du doigt un
phénomène sociétal poussé ici à son paroxysme?
Cette obsession qui tourne à la folie de ne pouvoir tout contrôler
s'exprime dans une phrase du premier chapitre : « Mon mari n'a plus de prénom,
il est "mon mari", il m'appartient. »
Au final, un très bon moment de lecture ! Maud Ventura possède un style bien particulier qui permet au lecteur d’avancer de surprise en surprise. J’ai bien cru que la narratrice se ferait tôt ou tard avoir à son propre jeu, et je n’ai absolument pas vu cet épilogue arriver !!! D’ailleurs, je ne sais toujours pas qu’en penser : époustouflant ou monstrueux ? Vous, qui l’avez lu ; vous en pensez quoi ?!!
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