dimanche 16 janvier 2022

Les oubliées de Cadillac, Michel Lataste (Le Lys Bleu, 03/2021)


 

Les oubliées de Cadillac, Michel Lataste (Le Lys Bleu, 03/2021)

💓💓💓💓

Cadillac, ville périphérique de Bordeaux, connue pour son « cimetière des fous », nommé plus officiellement « cimetière des oubliés », dans lequel sont enterrés les patients d’un asile mais aussi des soldats revenus de la Première Guerre mondiale en y ayant perdu l’esprit. Mais c’est aussi là qu’une prison pour jeunes femmes, de 9 (oui, oui, 9 ans !) à 21 ans était tenue par les « Sœurs de la sagesse ». Les crimes et délit des prisonnières ? L’infanticide lorsqu’elles avaient perdu un enfant durant la grossesse ou le « vagabondage » lorsqu’elles en venaient à la prostitution pour pouvoir se nourrir ; mais aussi, et surtout, un endroit où emmurer des filles abusées par les notables du coin.

« - Embarquez- moi cette garce pour la prison de Cadillac, le directeur est un ami personnel, il saura mater cette criminelle. J'en avise le Garde des Sceaux. Tu n'auras pas besoin de procès, petite ! » Joséphine, âgée de dix- sept ans, est injustement envoyée au « château » de Cadillac, appelé alors « maison de préservation pour jeunes filles ». Alors qu’elle envisageait vivre avec Paul, son amoureux de toujours, voilà qu’elle se retrouve enceinte du patron de ses parents, un notable bordelais propriétaires de vignes. Cette grossesse, née de viols, est une menace pour Maître Lombard, qui n’hésite pas à licencier toute la famille de Joséphine dans la foulée.

« Sa carrière de proxénète était étendue à terre dans son costume beige à rayures bleues, où le sang faisait désordre, même son borsalino en feutre bleu l'abandonnait et roulait dans le caniveau. » Le policier Laborde, mandaté pour accompagner Joséphine au « château de Cadillac » a un drôle de pressentiment sur place. Il regrette très vite d’y avoir laissé la jeune fille et son instinct le pousse à enquêter sur les pratiques de la mystérieuse institution. Et très vite ses supérieurs vont lui mettre des bâtons dans les roues. Que se passe-t-il réellement entre les hautes murailles du château ?

Au final, un roman vraiment captivant, ponctué de renseignements historiques apportés de manière opportune par l’auteur, sans jamais donner de lourdeur au récit. Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire certains passages où sont relatés les sévices que subissent ces pauvres filles, et cette phrase, ajoutée à la fin du livre fait froid dans le dos : « La réalité, bien pire que mon récit ». Et les quelques données historiques ajoutées dans les quelques pages l’attestent bel et bien. Un seul bémol : la présence de nombreuses coquilles alors que le livre est publié par une maison d’édition…  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.