mardi 28 mars 2023

Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon (audiolivre, 03/2023)


 

Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon (audiolivre, 03/2023)

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Un texte bouleversant, lu avec émotion par Irène Jacob ; j’en ai été très émue. J’ai retrouvé cette main qui m’avait étreinte lorsque j’avais lu le texte d’Anne Franck à l’adolescence, puis relu à l’âge adulte. Ici Lola Lafon a été invitée à passer une « nuit au musée » dans l’Annexe, la cachette dans laquelle Anne Franck et sa famille, ainsi que quatre autres juifs, se sont cachés pour échapper aux Nazis durant la Seconde guerre mondiale. Ce lieu est devenu la Maison Anne Franck, à Amsterdam. Elle en profite pour questionner la romantisation de la Shoah, mais aussi son rapport à sa propre judéité.  

 

« Toutes ses décisions sont celles d'une autrice, qui pense à de futurs lecteurs. Si elle a commencé à écrire sans intention de se faire lire le 12 juin 1942. A compter du mois de mars 1944, elle dit "je" mais elle commence à penser à "nous". Elle en est persuadée, son texte saura trouver le futur, il viendra nous chercher. Aujourd'hui, il est venu me chercher. Comment l'appeler, ce récit que je ne me décide pas à relire avant ma nuit dans l'annexe. Ce livre est un décompte auquel nous assistons ; nous en redoutons l'issue. Nous savons qu'après le 4 août, date de l'arrestation des Franck, il n'y aura plus de mots. Ce livre, nous en connaissons la fin. L'autrice, elle, l'ignore. » Otto Franck a longtemps été face à un dilemme : respecter la promesse faite à sa fille de ne jamais lire ses écrits, ou au contraire, rendre hommage à son désir de devenir un jour auteure, et publier son journal.

 

« Elle n'est pas une sainte, pas un symbole. Son journal est l'œuvre d'une jeune fille victime d'un génocide perpétré dans l'indifférence absolue de ceux qui savaient. N'utilisez pas le mot "espoir", s'il vous plait. » Lola Lafon va rencontrer, après son expérience dans l’Annexe, une survivante de Bergen- Belsen qui a côtoyé la jeune Anne. Qu’aurait écrit cette dernière si elle avait elle aussi survécu ?

 

Au final, un texte grave qui laisse une sensation de trouble ; comment passer une nuit dans la chambre qui fut celle d’Anne Franck ? Même si le Journal n’a jamais pu être terminé, nous en connaissons tous la fin. Lola Lafon ne parviendra à entrer dans la chambre qu’au petit matin ; se confrontant ainsi à ses propres fantômes, marqués eux aussi par la Shoah. Un texte profond, à lire et à écouter, pour réfléchir, s’émouvoir, mais surtout ne jamais oublier cette adolescente à jamais gravée dans cette posture de jeune auteure en noir et blanc.  

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