mardi 9 mars 2021

L'hiver de Solveig, Reine Andrieu (Préludes, 02/2021)


 

L'hiver de Solveig, Reine Andrieu (Préludes, 02/2021)

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Quel petit bijou que ce roman !!! Ce récit choral dont l’intrigue principale se situe dans la période de l’Occupation allemande m’a passionnée ! J’ai vraiment apprécié le fait que divers protagonistes racontent l’histoire d’un point de vue interne, et que le va- et -vient entre 1940, 1946 et 2011 puisse permettre au lecteur de se mettre dans la peau d’un témoin, comme s’il pouvait enrôler la fonction d’un éventuel collègue pour Justin, le gendarme chargé de résoudre l’affaire ici présente. En effet, le point de départ de cette histoire réside dans l’apparition d’une petite fille complètement amnésique, blessée et dénutrie sur la place de Bournelin, un village du Bordelais, en 1946.

 

Le lecteur est alors projeté en 1940, à Lignon, commune proche de Bordeaux, chez la famille Lenoir. Armand est médecin, et son épouse, Noémie, est mère au foyer, comme c’est l’usage à l’époque dans les familles nobles. Ils ont deux enfants, Solveig et Valentin ; ainsi que deux domestiques à demeure, Germain qui s’occupe de l’extérieur et Ernestine, qui s’occupe de la maison et des enfants. Le quotidien de ce petit monde va être fortement ébranlé lorsque les Allemands leur imposent d’héberger l’un de leurs adjudants, Günter Kohler. « Leur obséquiosité m'horripilait. Ils vous servaient du "Madame Machin" à toutes les phrases, comme si cela devait les rendre plus aimables et nous faire oublier que nous étions sous leur férule odieuse. » Les Lenoir sont outrés, gênés par cette intrusion dans leur univers franchement patriote.

 

Et puis, au fil de regards échangés, de gestes attentionnés, Noémie va éprouver une attirance de plus en plus violente pour l’occupant de sa demeure. « Je compris que c'en était fini de ma vie d'avant. Je compris que cet homme qui allait être convalescent sous notre toit incarnerait ma perte, qu'il serait tout à la fois ma torture et mon enchantement. » Cette liaison interdite se fait à couvert, mais dans une période trouble où chacun espionne son voisin, au risque de le dénoncer, quelles conséquences risque-t-elle d’entraîner ? Le lecteur, lui, se demande, dans la première partie du roman quel sera le lien avec cette petite fille amnésique retrouvée en 1946. Mais il va le comprendre assez vite, et personnellement, c’est ce qui fait que ce roman n’a pas été un coup de cœur…

 

Sinon, ce récit m’a véritablement embarquée et la plume de Reine Andrieu est un vrai plaisir de lecture, fluide, savante, sans être pompeuse. On sent les heures de recherches documentaires pour nourrir le récit mais aussi un véritable travail de style dans l’écriture. Je ne peux que conseiller ce voyage littéraire plaisant et touchant !

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