L'hiver de Solveig, Reine Andrieu (Préludes, 02/2021)
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Quel petit
bijou que ce roman !!! Ce récit choral dont l’intrigue principale se situe
dans la période de l’Occupation allemande m’a passionnée ! J’ai vraiment
apprécié le fait que divers protagonistes racontent l’histoire d’un point de
vue interne, et que le va- et -vient entre 1940, 1946 et 2011 puisse permettre
au lecteur de se mettre dans la peau d’un témoin, comme s’il pouvait enrôler la
fonction d’un éventuel collègue pour Justin, le gendarme chargé de résoudre l’affaire
ici présente. En effet, le point de départ de cette histoire réside dans l’apparition
d’une petite fille complètement amnésique, blessée et dénutrie sur la place de
Bournelin, un village du Bordelais, en 1946.
Le lecteur
est alors projeté en 1940, à Lignon, commune proche de Bordeaux, chez la
famille Lenoir. Armand est médecin, et son épouse, Noémie, est mère au foyer,
comme c’est l’usage à l’époque dans les familles nobles. Ils ont deux enfants,
Solveig et Valentin ; ainsi que deux domestiques à demeure, Germain qui s’occupe
de l’extérieur et Ernestine, qui s’occupe de la maison et des enfants. Le
quotidien de ce petit monde va être fortement ébranlé lorsque les Allemands leur
imposent d’héberger l’un de leurs adjudants, Günter Kohler. « Leur obséquiosité m'horripilait. Ils vous servaient du
"Madame Machin" à toutes les phrases, comme si cela devait les rendre
plus aimables et nous faire oublier que nous étions sous leur férule odieuse. »
Les Lenoir sont outrés, gênés par cette intrusion
dans leur univers franchement patriote.
Et puis, au fil de regards échangés, de gestes attentionnés,
Noémie va éprouver une attirance de plus en plus violente pour l’occupant de sa
demeure. « Je compris que c'en était fini de ma vie d'avant. Je compris
que cet homme qui allait être convalescent sous notre toit incarnerait ma
perte, qu'il serait tout à la fois ma torture et mon enchantement. »
Cette liaison interdite se fait à couvert, mais dans une période trouble où
chacun espionne son voisin, au risque de le dénoncer, quelles conséquences risque-t-elle
d’entraîner ? Le lecteur, lui, se demande, dans la première partie du
roman quel sera le lien avec cette petite fille amnésique retrouvée en 1946. Mais
il va le comprendre assez vite, et personnellement, c’est ce qui fait que ce
roman n’a pas été un coup de cœur…
Sinon, ce récit m’a véritablement embarquée et la plume de
Reine Andrieu est un vrai plaisir de lecture, fluide, savante, sans être
pompeuse. On sent les heures de recherches documentaires pour nourrir le récit mais
aussi un véritable travail de style dans l’écriture. Je ne peux que conseiller
ce voyage littéraire plaisant et touchant !
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