jeudi 4 mars 2021

Le résident, Elsa Vasseur (Robert Laffont, 01/2021)

 



Le résident, Elsa Vasseur (Robert Laffont, 01/2021)

💙💙💙💙

Connaissez- vous les résidences d’écrivains ? Le concept, très répandu aux Etats- Unis, est en train de se développer en France ; tout comme les ateliers d’écriture d’ailleurs. Le principe ? Permettre à des auteurs de s’isoler, durant plusieurs semaines, loin des contraintes et des bruits de la vie quotidienne afin de leur permettre de consacrer tout leur temps à l’écriture.

Jacques Cascade, le personnage principal de ce roman, est ainsi un auteur français en mal d’inspiration. Son éditeur, croyant bien faire, l’a donc envoyé à White Falls (« cascades blanches » ; clin d’œil moqueur de l’auteure !), dans une résidence nommée « Oscar Wilde », dans le but de lui permettre de boucler son dernier roman en cours. Il est prévu qu’il y passe six semaines en compagnie de cinq autres écrivains. La cohabitation n’est pas évidente, au premier abord, tant les personnalités des résidents diffèrent. Cependant, Jacques va se rapprocher de la jeune Cheyenne, auteure américano iranienne, et réaliser un cheminement mental inattendu…

 

« Mais fallait-il vraiment tout se dire par amour ? Jacques était convaincu qu’un peu de mystère nourrit l’amour, et qu’on ne désire jamais que ce que l’on ne possède pas tout à fait. » L’épouse de Jacques, Alicia, n’est pas du même avis. Elle souffre de ne rien connaître du passé de son mari, de ne pas comprendre ses silences, ses sautes d’humeur. Le séjour de l’auteur est de ce fait l’occasion pour le couple de faire une pause et d’envisager quelle suite donner à leur vie de famille.

 

« Jacques avait pratiquement renoncé à lire ses contemporains, craignant que les mots des autres ne l’éclaboussent. » Être en compagnie d’auteurs à temps complet est difficile pour lui. Et l’inspiration, au lieu de se délier, se bloque, plongeant étrangement Jacques dans des souvenirs qu’il pensait avoir enfouis si profondément qu’il n’aurait plus jamais à y revenir… Et finalement, une question va se poser à lui : incapable d’écrire la moindre ligne, que va-t-il retirer de ce séjour à White Falls ?

 

Au final un roman extrêmement agréable à lire. J’ai souri plus d’une fois, rapprochant certains passages de l’écriture de Philip Roth, pour son regard sarcastique sur notre société, si cathartique de nos jours ! Le personnage de Jacques est d’abord véritablement risible et puis, peu à peu, la plume d’Elsa Vasseur va habillement le présenter sous un jour beaucoup plus tragique, et certains passages ne donnent plus envie de sourire du tout. Un premier roman très bien maîtrisé, à la plume originale et intelligente. L’auteure est sans conteste une plume à suivre !

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