Le résident, Elsa Vasseur (Robert Laffont, 01/2021)
💙💙💙💙
Connaissez- vous les résidences d’écrivains ? Le concept, très répandu aux Etats- Unis, est en train de se développer en France ; tout comme les ateliers d’écriture d’ailleurs. Le principe ? Permettre à des auteurs de s’isoler, durant plusieurs semaines, loin des contraintes et des bruits de la vie quotidienne afin de leur permettre de consacrer tout leur temps à l’écriture.
Jacques
Cascade, le personnage principal de ce roman, est ainsi un auteur français en
mal d’inspiration. Son éditeur, croyant bien faire, l’a donc envoyé à White
Falls (« cascades blanches » ; clin d’œil moqueur de
l’auteure !), dans une résidence nommée « Oscar Wilde », dans le
but de lui permettre de boucler son dernier roman en cours. Il est prévu qu’il
y passe six semaines en compagnie de cinq autres écrivains. La cohabitation
n’est pas évidente, au premier abord, tant les personnalités des résidents
diffèrent. Cependant, Jacques va se rapprocher de la jeune Cheyenne, auteure
américano iranienne, et réaliser un cheminement mental inattendu…
« Mais
fallait-il vraiment tout se dire par amour ? Jacques était convaincu qu’un
peu de mystère nourrit l’amour, et qu’on ne désire jamais que ce que l’on ne
possède pas tout à fait. » L’épouse de Jacques, Alicia, n’est pas
du même avis. Elle souffre de ne rien connaître du passé de son mari, de ne pas
comprendre ses silences, ses sautes d’humeur. Le séjour de l’auteur est de ce
fait l’occasion pour le couple de faire une pause et d’envisager quelle suite
donner à leur vie de famille.
« Jacques
avait pratiquement renoncé à lire ses contemporains, craignant que les mots des
autres ne l’éclaboussent. » Être en compagnie d’auteurs à temps
complet est difficile pour lui. Et l’inspiration, au lieu de se délier, se
bloque, plongeant étrangement Jacques dans des souvenirs qu’il pensait avoir enfouis
si profondément qu’il n’aurait plus jamais à y revenir… Et finalement, une
question va se poser à lui : incapable d’écrire la moindre ligne, que
va-t-il retirer de ce séjour à White Falls ?
Au final un
roman extrêmement agréable à lire. J’ai souri plus d’une fois, rapprochant
certains passages de l’écriture de Philip Roth, pour son regard sarcastique sur
notre société, si cathartique de nos jours ! Le personnage de Jacques est d’abord
véritablement risible et puis, peu à peu, la plume d’Elsa Vasseur va
habillement le présenter sous un jour beaucoup plus tragique, et certains
passages ne donnent plus envie de sourire du tout. Un premier roman très bien
maîtrisé, à la plume originale et intelligente. L’auteure est sans conteste une
plume à suivre !
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