La lumière était si parfaite, Carène Ponte (Fleuve, 04/2021)
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Ce matin, Megg a bien du mal à se lever. Serait- ce un petit coup de vieux alors qu’elle atteint la quarantaine ? Serait- ce un coup de déprime suite au décès brusque de sa mère six mois plus tôt ? Ou alors la fatigue, ayant deux enfants, dont elle s’occupe à temps plein du fait de son statut de mère au foyer ? A moins que ce ne soit le désintérêt de son mari, Stéphane, qui ne pense qu’à sa carrière professionnelle ? Megg a envie de pleurer, comme c’est le cas ces derniers temps, pour un rien, même suite à une pub pour la célèbre enseigne qui remplace les pare- brises fissurés. Que lui arrive-t-il donc ?
« Stéphane, lui, est déjà prêt, habillé en costume
parfaitement coupé, comme chaque jour de la semaine. Il en possède une dizaine
qu'il a tous achetés dans le même magasin. "A quoi bon aller ailleurs,
quand on a trouvé ce qui convient", me répond- il chaque fois que je le
taquine à ce sujet. Ces derniers temps, j'ai le sentiment que cette réplique
est valable pour moi, comme si j'étais moi aussi une chemise sur mesure. »
Vite, une journée chargée l’attend : les
enfants à aller conduire puis rechercher à l’école, au sport, des papiers à
signer, des courses à faire et un dîner d’affaires à préparer. Megg court dans
tous les sens, sans penser une seule fois à elle, à ce dont elle a envie, ou
besoin…
« Tu es à cran, Megg, tu ne peux pas le nier. Entre les
enfants, ton mari et l'entretient de cette immense baraque, quand est- ce que
tu as pris du temps pour toi pour la dernière fois ? Je veux dire, vraiment du
temps pour toi ? » Le lendemain, lorsque
Romy, la voisine et meilleure amie de Megg débarque, elle trouve la
quadragénaire en piteux état. En lui proposant son aide pour aller débarrasser
le grenier de la maison des parents de Megg, et en mettant la main sur une
mystérieuse pellicule photographique, elle ignore qu’elle va entamer une
démarche qui va les emmener dans un road trip jusqu’en Bulgarie !
« Et là, à Venise, dans cette ville que je visite pour
la première fois, alors que nous nous sommes probablement perdues, je me sens
vivante. Pour la première fois depuis bien longtemps, l'énergie pulse dans mes
veines. Mon cœur bat la chamade, il fait si chaud que la sueur ruisselle le
long de mon dos, pourtant je suis bien. » Il aura fallu à Megg quelques milliers de kilomètres pour
pouvoir se retrouver, oser s’affirmer et s’autoriser un avenir qui lui plait. A
un moment où le burn- out la menaçait, il était temps pour elle de reconnaître
que la charge mentale qu’elle portait à elle seule pour toute sa famille était
une charge de plomb sur ses frêles épaules.
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