lundi 28 octobre 2019

Libres dans leur tête, Stéphanie Castillo-Soler


Libres dans leur têteStéphanie Castillo-Soler


★★★★☆



Cette lecture n’était absolument pas prévue dans mon « programme ». L’auteure m’a gentiment contactée via les réseaux sociaux pour me demander un avis sur son premier roman édité, suite à un concours d’écriture. Stéphanie Castillo- Soler est en effet lauréate d’un concours sur le thème du huis clos, organisé par la plateforme d’autoédition Librinova. Ma curiosité livresque a derechef été titillée et je me suis donc lancée dans la lecture de cette histoire d’amitié sur fond d’univers carcéral.



La plume de cette primo-romancière m’a tout de suite charmée. Le vocabulaire est bien choisi, la syntaxe se situe hors des sentiers battus, soignée, agréable à lire. Les deux principaux protagonistes, Romain et Laurent deviennent rapidement attachants car leur psychologie intime est finement dévoilée. Alors qu’ils sont incarcérés, on a envie de leur faire confiance, de les aider… Ils nous sont très vite sympathiques.



L’univers carcéral n’est qu’esquissé, afin que le lecteur ne se concentre que sur les relations entre nos deux prisonniers. Issus de niveaux sociaux opposés, les premiers jours ne sont pas propices à une entente cordiale. Laurent vient de la bourgeoisie reconnue et établie alors que Romain a cumulé les passages en foyers et familles d’accueil. Laurent était en école supérieure de commerce tandis que Romain vivait de petits boulots, n’ayant même pas réussi à obtenir son Brevet des collèges.

Mais tous deux se sont retrouvés là suite à un acte impulsif, sans aucune préméditation et avec un important sentiment de culpabilité. Ces deux jeunes naïfs au grand cœur vont avoir la chance de trouver en Serge, sexagénaire paisible, responsable de la bibliothèque de la prison, un appui culturel et une protection salutaire face aux caïds à deux balles qui peuplent l’établissement.
Au fur et à mesure des jours, une relation cordiale et sincère va naître puis s’amplifier : « La prison est toujours la prison, mais leur amitié partagée leur permet de voir avec d'autres yeux. La grisaille leur paraît moins grise, la lumière électrique moins crue, la puanteur moins prégnante, les surveillants moins bourrus. »

J’ai beaucoup aimé l’évolution de cette relation, le partage de l’univers culturel de Laurent, accessoirement, de Serge, en destination de Romain. Par contre, j’avoue avoir eu du mal avec la conception de style « tout le monde est gentil » au fur et à mesure des pages tournées. Je suis probablement trop pessimiste pour adhérer à un récit où tout le monde s’aime, s’excuse de ses erreurs et pardonne aussitôt à celui qui l’a fait souffrir. Ceci dit, je pense qu’il existe un public pour ce genre de récit ancré dans la réalité et tendu vers l’optimisme. Je retiendrai tout de même l’essentiel : la capacité de l’auteure à déclencher illico l’empathie de son lecteur envers ses personnages et sa plume habile, intelligente et délicate, qui fait mouche à chaque chapitre.
Auteure à suivre !



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