Libres dans leur tête, Stéphanie Castillo-Soler
★★★★☆
Cette lecture n’était absolument pas prévue dans mon « programme ».
L’auteure m’a gentiment contactée via les réseaux sociaux pour me demander un
avis sur son premier roman édité, suite à un concours d’écriture. Stéphanie
Castillo- Soler est en effet lauréate d’un concours sur le thème du huis clos,
organisé par la plateforme d’autoédition Librinova. Ma curiosité livresque a
derechef été titillée et je me suis donc lancée dans la lecture de cette
histoire d’amitié sur fond d’univers carcéral.
La plume de cette primo-romancière m’a tout de suite charmée.
Le vocabulaire est bien choisi, la syntaxe se situe hors des sentiers battus,
soignée, agréable à lire. Les deux principaux protagonistes, Romain et Laurent deviennent
rapidement attachants car leur psychologie intime est finement dévoilée. Alors
qu’ils sont incarcérés, on a envie de leur faire confiance, de les aider… Ils
nous sont très vite sympathiques.
L’univers carcéral n’est qu’esquissé, afin que le lecteur
ne se concentre que sur les relations entre nos deux prisonniers. Issus de
niveaux sociaux opposés, les premiers jours ne sont pas propices à une entente
cordiale. Laurent vient de la bourgeoisie reconnue et établie alors que Romain
a cumulé les passages en foyers et familles d’accueil. Laurent était en école supérieure
de commerce tandis que Romain vivait de petits boulots, n’ayant même pas réussi
à obtenir son Brevet des collèges.
Mais tous deux se sont retrouvés là suite à un acte
impulsif, sans aucune préméditation et avec un important sentiment de
culpabilité. Ces deux jeunes naïfs au grand cœur vont avoir la chance de
trouver en Serge, sexagénaire paisible, responsable de la bibliothèque de la
prison, un appui culturel et une protection salutaire face aux caïds à deux
balles qui peuplent l’établissement.
Au fur et à mesure des jours, une relation cordiale et sincère
va naître puis s’amplifier : « La prison est toujours la prison,
mais leur amitié partagée leur permet de voir avec d'autres yeux. La grisaille
leur paraît moins grise, la lumière électrique moins crue, la puanteur moins
prégnante, les surveillants moins bourrus. »
J’ai beaucoup aimé l’évolution de cette relation, le partage de
l’univers culturel de Laurent, accessoirement, de Serge, en destination de Romain.
Par contre, j’avoue avoir eu du mal avec la conception de style « tout le
monde est gentil » au fur et à mesure des pages tournées. Je suis
probablement trop pessimiste pour adhérer à un récit où tout le monde s’aime, s’excuse
de ses erreurs et pardonne aussitôt à celui qui l’a fait souffrir. Ceci dit, je
pense qu’il existe un public pour ce genre de récit ancré dans la réalité et
tendu vers l’optimisme. Je retiendrai tout de même l’essentiel : la capacité
de l’auteure à déclencher illico l’empathie de son lecteur envers ses
personnages et sa plume habile, intelligente et délicate, qui fait mouche à
chaque chapitre.
Auteure à suivre !
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